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La CEDEAO humilie Faure Gnassingbé dans la crise burkinabè
Publié le mercredi 12 novembre 2014  |  togo.infos


© AFP par DR
Sommet extraordinaire de la CEDEAO à Accra : Les dirigeants ouest africains se penchent sur l’épidémie de la fièvre Ebola et sur la situation au Burkina Faso


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« Le président togolais Faure Gnassingbé, accompagné de son homologue sénégalais Mack Sall, effectue mardi une visite de quelques heures à Ouagadougou afin de tenter d’aider au règlement de la crise burkinabé. Une mission de médiation effectuée au nom de la Cedeao ».

C’est en ces termes que le site officiel du Togo a annoncé mardi à ses lecteurs, la présumée médiation que le fils-héritier du feu général aurait entreprise aux côtés du peuple burkinabè, dans la foulée de la fuite de Blaise Compaoré, violemment pourchassé par la rue.

Que devons-nous comprendre de cette prétendue médiation dans laquelle le fils-héritier du Togo a choisi ou s’est fait choisir pour fourrer son nez au moment où, de toute part au Togo, l’on le pourchasse lui aussi pour qu’il évite au peuple togolais ce qui est arrivé au Burkina Faso ?

Faut-il vraiment rire de cette fallacieuse médiation ou en pleurer ?

Imaginez un mécanicien de véhicule dont les mains sont chargées de cambouis qui prend le risque de toucher à un linge que l’on vient à peine de laver. Qu’adviendra-t-il ?

Tout le linge risque de s’emmitoufler dans une saleté imparable. Qui a donc demandé au Président du Togo de s’aventurer dans cette délicate médiation qui risque d’exposer au grand jour les manquements et carences dont son régime souffre au Togo ?

Si c’est la CEDEAO qui l’a commis pour une telle mission en remplacement du Président ghanéen, c’est sans doute un vrai piège qui lui a été tendu et dans lequel il est lamentablement tombé.

Aucun Chef d’Etat sérieux, membre de la CEDEAO ne saurait engager avec sincérité, le Prince du Togo dans une crise dont les causes sont plus qu’accentuées dans le pays de celui-ci.

Comment Faure Gnassingbé se sent-il aux côtés d’un Macky Sall qui a été dûment élu pour un mandat de 7 ans mais qui, délibérément et élégamment, a choisi d’écourter ce mandat en 5 ans renouvelable une seule fois ?

Et pourtant Macky Sall n’est pas fils-héritier, il n’est pas né au palais, il n’a pas côtoyé le pouvoir depuis son enfance. Il n’a aucun parent qui a pratiqué le pouvoir pendant une quarantaine d’années comme c’est le cas pour notre cher Prince.

Mais il a élégamment choisi de se mettre au-dessus de la mêlée et de ne guère s’oublier outre mesure dans le fauteuil présidentiel, dans sa gloire et ses privilèges matériels.

Mais alors, que l’on nous dise que la CEDEAO a dépêché une telle icône, chantre de la démocratie et de l’Alternance politique avec notre Prince qui ne jure que par le pouvoir et sa conservation absolue pour une même mission dans une crise liée justement à la boulimie du pouvoir dont a fait preuve Blaise Compaoré, il y a nécessairement matière à débattre.

Qu’est-ce que Faure Gnassingbé peut honnêtement dire de potable aux protagonistes de la crise burkinabè dès lors que lui-même a en bandoulière cette carence de la boulimie du pouvoir qui a violemment "courroussé" les burkinabè contre leur Président qu’ils ont fini par chasser ?

De céder le pouvoir aux civiles et de promouvoir la démocratie ?

Ainsi donc le fils du père conçoit la possibilité pour un Chef d’Etat de céder le pouvoir à une tierce personne dans l’intérêt du peuple ?

Mais on est où là ??? Franchement soyons un peu sérieux et analysons objectivement les choses.

C’est évident que le Président du Togo est victime d’un plan d’humiliation savamment monté par ses pairs de la sous-région pour le ridiculiser et l’exposer davantage aux yeux de la Communauté Internationale.

Sinon rien ne justifie cette grosse croix que l’on vient de lui mettre au cou en l’engageant dans une telle médiation où il ne pourra placer aucun mot qui ne puisse le rattraper. C’est triste.

La preuve, la grande preuve c’est bien Macky Sall que l’on a entendu parler sur RFI ce matin où il a expliqué que l’armée a fait des amendements sur la charte déposée par les partis politiques et la société civile car dit-il, il s’agit d’alléger les organes de la transition et d’organiser LES ELECTIONS LIBRES, TRANSPARENTES ET DEMOCRATIQUES qui vont doter le Burkina Faso d’une démocratie consolidée.

Faure Gnassingbé peut parler en ces termes aux médias internationaux ? Les journalistes n’auraient pas manqué l’occasion de lui poser la question sur ce qu’il pense des causes qui ont induit le Burkina Faso dans cette situation de crise.

Il n’aurait guère échappé à la question de savoir ce qu’il entend réellement faire pour éviter cette situation au peuple togolais.

En vérité, le Président du Togo aurait de bons conseillers que ceux-ci lui auraient honnêtement dit de ne pas s’engager dans cette aventure périlleuse.

Et curieusement, cette médiation a lieu, le jour même où RFI a consacré son débat « Appels sur l’actualité » au cas du Togo où le régime a été proprement laminé pour ses coups-bas et sa résistance puérile face à l’impératif des réformes politiques qui doivent permettre de poser les socles d’une démocratie affranchie dans notre pays.

Quelle ironie du sort !!! Quel paradoxe !!! Quel contraste !!!

Mais alors, il nous reste à voir les fruits de la présumée médiation de Faure Gnassingbé au Burkina Faso.

L’on aurait envoyé le Président du Togo à Yamoussokro pour consoler Fo Blaise qu’il y aurait du rythme et de la rime à une telle initiative.

Mais que la CEDEAO demande à Faure Gnassingbé de donner conseil aux protagonistes de la crise actuelle au Burkina Faso est forcément incongrue, dissonant et naturellement indigne pour la Communauté sous régionale elle-même.

Plutôt que de nous divertir de la sorte, les chefs d’Etats membres de la CEDEAO feraient vraiment mieux de donner un conseil de sagesse au Prince en lui demandant gentiment d’opérer les réformes politiques qui, actuellement le suivent partout où il va, exactement comme le fait le chien derrière son maître.

Il est nécessairement inadmissible que les Chefs d’Etats de la CEDEAO se montrent encore complaisants devant le fils du père qui règne en maître au Togo et dont le cas reste le seul à régler dans toute cette sous-région en ce qui concerne la limitation de mandats présidentiels et le mode de scrutin à deux tours.

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