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Le «conclave» a le ventre en l’air !
Publié le jeudi 13 novembre 2014  |  CDPA-BT


© aLome.com par Parfait
Jean KISSI représente le CAR ả la table des négociations.


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Les partis du courant majoritaire de l’opposition n’aiment pas la contradiction. Tout partis d’opposition qui refuse d’emboucher la trompette de la compétition entre partis d’opposition pour le pouvoir est considéré comme n’existant pas, ou comme un empêcheur de danser en rond. On l’évite. Et on met tout en œuvre pour l’étouffer. La CDPA-BT refuse de se laisser dévier de sa ligne politique par le chant des cygnes.

Notre « conclave » s’est terminé comme prévu. La fumée a fini par sortir dans un climat d’accusations réciproques ponctuées d’éclats de voix et de claquements de portes et fenêtres. Les dissensions se sont approfondies entre les deux « regroupements ! », comme au sein de chacun d’eux. La fumée sortie est plus grise que blanche… !


Tout s’est passé dans ce « conclave » comme en juillet 1993 à Cotonou, ou en 2005 au sein de la « Coalition des six », ou encore en 2010 avec le FRAC. A chaque fois, une fraction du courant majoritaire de l’opposition a fait passer, contre l’avis de l’autre fraction, son « candidat unique de l’opposition » pour le candidat unique de l’opposition. Et ils l’ont fait à chaque fois au nom du peuple, sans aucun mandat préalable de ce peuple. Le résultat a toujours été désastreux on le sait, malheureusement pour l’opposition toute entière.

La désignation de Fabre comme « candidat unique de l’opposition » a été faite par 8 partis d’opposition. Le « conclave » était sensé réunir les deux « regroupements », le CST et la Coalition Arc-en-ciel. Ces deux regroupements ont révélé très vite ce qu’ils sont en réalité : deux attelages autour de deux partis rivaux, le CAR dans la Coalition Arc-en-ciel et l’ANC dans le CST.


Qu’on le veuille ou non, ces deux partis sont les deux figures marquantes du « conclave ». Le CAR a fini par claquer la porte. ADDI, qui fut le bras droit de l’ANC dans le CST, a fait de même avec des propos pas très tendres pour son mentor. Ce bras droit de l’ANC a finalement pris la même position que celle du CAR ; au point qu’il se dessine un troisième « regroupement » qui ne s’est pas encore trouvé un nom. Dans tous les cas les deux viennent d’annoncer dans une conférence de presse qu’ils allaient déposer à l’assemblée un projet de loi sur les réformes avant les élections.


Sur les 7 partis qui ont procédé avec l’ANC au choix de Fabre comme « candidat unique de l’opposition », 5 viennent de la Coalition arc-en-ciel et 2 du CST. Ce fait devrait faire réfléchir sur la consistance politique de ces « regroupements » à caractère exclusivement électoral suscités par la logique de la compétition entre partis d’opposition pour le pouvoir. La Coalition Arc-en-ciel s’était hâtivement constituée autour du CAR sous l’impulsion des dirigeants de ce parti comme vient de le confirmer Dodji Apevon sur une radio, pour contrebalancer l’influence du CST, plus précisément celle de l’ANC. Enfin, quand on examine avec soin les 7 partis qui ont procédé avec l’ANC à la nomination de Fabre comme « candidat unique de l’opposition », on peut objectivement se poser des questions sur la crédibilité de ce choix.


Finalement, le « conclave » a le ventre en l’air. Ce qu’on a voulu faire secrètement derrière les portes s’est retrouvé sur la place publique avec des invectives et tout le reste. Une preuve que vouloir choisir le candidat unique de l’opposition dans un « conclave » n’est pas une très bonne idée lorsqu’on parle en termes de démocratie et de transparence. Au discours musclé disant que les cardinaux, qui se réunissent en conclave pour choisir le pape ne révèlent pas les critères de leurs choix et ne demandent rien d’autre aux fidèles que d’applaudir la fumée blanche sans chercher à savoir, quelqu’un a répondu que « nous ne sommes pas des fidèles ».
Il a raison.

La CDPA-BT avait dit à l’annonce du « conclave » que nous ne sommes pas au Vatican et que les chefs des deux « regroupements » ne sont pas des cardinaux. Le principe de la transparence dans l’action publique est un des principes au fondement de la démocratie pour laquelle nous luttons depuis des années. Le discours musclé ne saurait se substituer à la vérité et à la justesse de la vision politique.


Sans doute un parti politique a-t-il pour raison d’être de prendre le pouvoir d’Etat pour l’exercer en vue d’une organisation de la société en fonction de ses choix philosophiques, idéologiques, éthiques. Des gens se sont fondés sur cette vérité pour proclamer sous l’emprise d’ambitions personnelles que les partis d’opposition doivent se mettre immédiatement à se battre entre eux pour conquérir le pouvoir les uns contre les autres.


Les partis du courant dominant de l’opposition se sont placés dans cette logique jusqu’à présent, au mépris de l’adage populaire du « Wetekle d’abord… » énoncé sans cesse par la masse des opposants. Au-delà du fait que vouloir choisir un candidat unique de l’opposition dans un « conclave » est totalement antidémocratique, la fin calamiteuse prévisible de ce «conclave » est le résultat de cette compétition absurde entre partis d’opposition pour le pouvoir. C’est un fait évident que le « conclave » a été constamment dominé par les rivalités entre le CAR et l’ANC. L’expérience a pourtant montré depuis 1993 qu’aucun de ces partis ne peut prendre le pouvoir au régime en place, tout seul, en se battant contre les autres partis d’opposition.


A la CDPA-BT, nous sommes convaincus d’un fait que nous n’avons pas cessé de relever depuis des années : tant que les partis du courant dominant de l’opposition continueront de rivaliser entre eux pour la conquête personnelle ou partisane du pouvoir dans la logique de la compétition entre partis d’opposition pour atteindre chacun son objectif, l’opposition ne parviendra jamais à mettre fin au régime autocratique pour pouvoir réaliser le changement politique. Parce que la compétition entre partis d’opposition pour le pouvoir divise l’opposition face au régime.


Il est clair que tous les partis d’opposition n’accepteront jamais de se mettre ensemble pour créer les conditions du changement démocratique avant de commencer à se battre chacun pour sa vision politique de la société et pour le programme politique qu’il s’est donné pour réaliser cette vision. Mais…..


Dans tous les cas, dans le contexte politique spécifique où se déroule la lutte d’opposition, le problème réel n’est ni les réformes ni la candidature unique. D’abord, il est clair que le régime n’entend pas faire les réformes, pas plus avant qu’après 2015. Lui demander de les faire comme on le demande depuis 2006, c’est ne rien dire ni ne rien faire. On ne demande pas à un homme de scier lui-même la branche sur laquelle il est assis ; même pas à l’idiot du village. La candidature unique n’est pas une panacée. On nous a dit que si tous les togolais s’alignaient derrière un candidat unique, l’opposition peut gagner en 2015 même si le régime s’entêtait à ne pas faire les réformes constitutionnelles et institutionnelles.


Le discours n’est pas nouveau. On l’a servi pour la première fois aux partis d’opposition réunis en juillet 1993 à Cotonou : les conditions dans lesquelles nous avons négocié à Ouaga ne sont pas favorables à l’opposition ; mais avec un candidat unique, nous battrons Eyadema ! Et ils sont partis tous seuls choisir un candidat unique pour l’opposition.


Après deux semaines de campagne électorale, le coq avait démissionné pour laisser tout le champ politique à Eyadema. Ceux-là même qui avaient fini au niveau de la Coalition des six par exhiber Bob Akitani comme candidat unique de l’opposition s’étaient bien gardés de le soutenir au moment crucial de la lutte. Ils voyaient en lui non pas le candidat de l’opposition mais le candidat de l’UFC. Sous l’instigation de François Boko, et de Kofi Yamgnane, le FRAC avait tenté de faire voir dans J-P Fabre le candidat unique de l’opposition en 2010.
Aujourd’hui comme hier, le problème de fond de l’opposition togolaise n’est pas celui des réformes ou celui de la candidature unique. Le problème de fond est celui de l’état du rapport des forces Opposition/Régime. Il est en défaveur de l’opposition, et la situation s’est fortement aggravée depuis 2012. Comment l’opposition peut-elle arriver à renverser le rapport des forces en sa faveur. C’est plus que jamais la question majeure. La réponse appropriée ne passe pas par le principe de la compétition entre partis d’opposition pour le pouvoir pendant que le régime est encore là avec tous ses attributs.


Les partis du courant majoritaire de l’opposition n’aiment pas la contradiction. Tout parti d’opposition qui refuse d’emboucher la trompette de la compétition entre partis d’opposition pour le pouvoir est considéré comme n’existant pas, ou comme un empêcheur de danser en rond. On l’évite. Et on met tout en œuvre pour l’étouffer. La CDPA-BT refuse de se laisser dévier de sa ligne politique par le chant des cygnes.


La CDPA-BT continuera à faire à tout le monde sa proposition destinée à sortir la lutte d’opposition de l’enlisement. La proposition est formulée dans un document publié depuis 2006 sous le titre : Le MFAO. Elle est simple :
1- Que les partis d’opposition qui ne s’inscrivent pas dans la logique de la compétition entre partis d’opposition pour le pouvoir alors que le régime de dictature est encore là avec tous ses attributs acceptent de se mettre ensemble pour nouer une alliance politique durable et se donner une politique d’opposition pour le court et le moyen terme.
2- Les partis alliés travailleront pour faire émerger de la masse des opposants un mouvement d’envergure nationale regroupant, sans distinction d’appartenance partisane, les partis politiques alliés, les organisations syndicales d’opposition, les individus regroupés ou non dans des organisations associatives….

3- Émanation de la masse des opposants, ce vaste mouvement aura le poids nécessaire pour renverser le rapport des forces en faveur de l’opposition afin de pouvoir mettre en place les institutions de base du Togo démocratique de demain.
Les partis politiques pourront ainsi engager les compétitions électorales dans la transparence, chacun avec son projet et dans un contexte démocratique.

Nous devons construire notre Togo démocratique dans la liberté et dans la transparence.

Lomé, le 11 novembre 2014
Pour la CDPA-BT
Le Premier Secrétaire
E. GU-KONU

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