Togo - "Le pouvoir étant lui-même l’instigateur du risque de provocation, prendra certainement toutes les mesures pour que ce scenario ne survienne pas vendredi prochain"
Icilome.com : Ce vendredi, parallèlement à votre marche au Cap 2015, Unir également compte déverser ses militants dans la rue. Ne craignez-vous pas un affrontement entre militants de Cap 2015 et ceux d’Unir ?
Bassabi Kagbara : Je crois qu’il faut faire une lecture objective et conséquente de la situation. Cap 2015 a été le premier à annoncer sa marche et ce depuis deux semaines. Et raisonnablement le parti au pouvoir devrait programmer sa marche ne serait-ce que sur le lendemain, pour éviter toute déconvenue. Mais je me dis qu’en choisissant sciemment de programmer sa marche le même jour que celle de l’opposition , le pouvoir voudrait là prouver qu’il est capable de garantir la liberté d’expression dans la divergence, sans que cela ne dégénère en affrontement. Le pouvoir étant lui-même l’instigateur du risque de provocation, prendra certainement toutes les mesures pour que ce scenario ne survienne pas vendredi prochain.
Icilome.com : Juste au moment où l’alliance Car-Addi s’apprêtait à ouvrir des négociations avec Cap 2015, votre allier Anc dit qu’elle va concevoir de son coté un projet de loi à confronter avec cette première mouture soumise. Avec une telle attitude, vous croyez que les militants de Car et d’Addi seront présents à la marche de vendredi ?
Bassabi Kagbara : Pourquoi pas ? Nous avons déjà envisagé la fusion d’un projet commun. Au-delà des stratégies et divergences minimes, nous défendons la même cause. Et jusqu’à la preuve du contraire, l’alliance Car-Addi, ne s’est pas encore déclaré contre la marche de vendredi. Je crois qu’il ne sert à rien de susciter des débats qui ne font pas avancer la dynamique unitaire de l’opposition, mais plutôt le contraire.
Icilome.com: Vous croyez que la marche amènera le parti au pouvoir à exécuter des reformes qu’il a bloquées jusqu’ici
Bassabi Kagbara : Si le pouvoir devrait être insensible à la pression de la rue, il ne trouverait pas nécessaire d’appeler ses militants dans la rue le même jour que l’opposition. Cela veut tout dire. De par l’expérience, de par les exemples que nous avons connus tout récemment dans la sous région, la pression de la rue a toujours servi de catalyseur à l’obtention des victoires politiques. C’est de cette façon qu’il faut voir les choses. Il reste à ce que la mobilisation du 21 Novembre, rassemble suffisamment au-delà des intérêts et calculs de tout genre et qu’elle soit vraiment l’expression populaire et pacifique de l’opposition qui réclame ces reformes.
Icilome.com : Vous étiez de ceux qui avaient critiquez hier la proclamation de Me Apevon comme candidat de la coalition arc-en-ciel à la candidature unique de l’opposition, mais cette fois vous ne dites rien contre la désignation de Jean-Pierre Fabre ?
Bassabi Kagbara : Nous ne sommes pas dans les mêmes cas de figure. Dans le cadre de l’élection à arc-en-ciel nous avons dénoncé la procédure et les conditions qui ont conduit au choix et non le choix lui-même. Autrement dit, c’est la manière dont le candidat été choisie que nous avons attaqué et non le candidat lui-même. Que cela soit clair comme tel. Et nous n’étions d’ailleurs pas les seuls à dénoncer cette procédure. Dans le cas actuel du candidat désigné pour Cap 2015, nous nous serions prononcé depuis si nous avions quelque chose à reprocher sur la procédure. Il faut par conséquent retenir qu’au Pdp nous tenons aux principes et nous sommes intraitables là-dessus. Quand aux considérations et supputations de quelque nature que ce soit, cela ne nous intéresse aucunement.
Icilome.com : Sur le terrain social, la situation des togolais employés par des chinois sur le site de construction de la nouvelle aérogare de Lomé défraie la chronique depuis quelques jours. La dernière sortie est celle du parti des travailleurs qui demande le départ pur et simple de ces employeurs chinois qui ne font qu’exploiter les jeunes togolais. Qu’en dites- vous ?
Bassabi Kagbara : Ce que vivent aujourd’hui nos jeunes frères de la part de ces opérateurs chinois est d’abord de la responsabilité de l’Etat. C’est à l’Etat de mettre en place des mécanismes qui garantissent la protection et le traitement décent de ces ouvriers togolais dès la signature du contrat d’attribution du marché aux chinois. C’est l’Etat qui autorise l’avilissement de ces jeunes ouvriers togolais, sinon pourquoi ni le ministre du travail, ni aucune autorité compétente n’a véhément réagi jusqu’ici. Il revient désormais au parlement d’être plus regardant dans les textes qui lient le Togo à ces prestataires afin d’y mettre toutes les garanties d’un emploi décent à nos jeunes qui ne cherchent qu’à vivre honnêtement de leur force.
Icilome.com : Quel commentaire faites-vous de la façon dont le processus vers la transition se déroule actuellement au Burkina ?
Bassabi Kagbara : Ce qui se passe actuellement au Burkina suscite en moi respect et admiration tant à l’endroit des acteurs politique et la société civile burkinabè qu’à l’endroit de l’armée burkinabè pour leur sens du patriotisme et de responsabilité, mais surtout leur sens élevé de la concession et du consensus pour sauver l’essentiel au-delà des intérêts personnels et partisans. C’est une très bonne marque, un message fort qu’ils sont entrain d’envoyer aux autres pays africains. Et je prie que ce vent d’union, d’entente et d’humilité souffle également sur le Togo dans les jours à venir pour notre salut à tous, surtout celui de nos fils et filles à qui nous allons léguer la nation togolaise.
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