Si Faure Gnassingbé avait une prière à faire ces dernières semaines, c’était de voir le Burkina Faso basculer dans la violence et l’instabilité politique. Pourquoi ?
Pour en faire un fonds de commerce et en même temps justifier sa réticence à faire les réformes au Togo. Le Prince aurait de loin souhaité qu’après la fuite de Blaise Compaoré, le Burkina Faso ne retrouve plus de quiétude.
Il aurait alors l’occasion de montrer à la Communauté Internationale, combien il est dangereux de chasser un Président de la République du pouvoir ou de le forcer à quitter le fauteuil si tel n’est pas sa propre volonté.
Mais hélas. Les leaders politiques, les officiers de l’armée ainsi que la société civile du pays des hommes intègres, ont fait preuve d’une maturité politique sans faille.
Ils ont adopté et signé une charte pour conduire la transition dans la sérénité et la quiétude jusqu’à l’organisation prochaine d’une élection en bonne et due forme.
Hier dimanche, ils ont unanimement désigné le diplomate Michel Kafando pour diriger cette transition pour une période de 12 mois. Qui dit Mieux ?
Du coup, dans la sous-région ouest africaine notamment francophone, le Togo reste le seul cas atypique dont la situation d’alternance n’est pas encore réglée.
Le fait pour les Chefs d’Etats de la Sous-région ouest africaine de précipiter Faure Gnassingbé à Ouaga pour une prétendue médiation n’était rien d’autre qu’un piège pour faire comprendre au Prince qu’il a l’impérieux devoir de s’activer, dès maintenant, pour faire les réformes politiques dans son pays.
Voilà pourquoi, il était presque perdu. Une fois à Ouaga, il s’est vu contraint par simple conscience d’être bouche bée et de se cacher sous l’ombre de Macky Sall pour éviter les questions pièges des journalistes.
Qu’est-ce que le fils-héritier du feu général pourrait dire là-bas, qui puisse être utile au peuple burkinabè ?
Honnêtement rien. Puisque tout ce qu’il serait amené à raconter allait forcément le rattraper dans son contexte au Togo et personne d’ailleurs ne saurait le prendre au sérieux dès lors que tout le monde connait les carences dont son régime souffre depuis des années.
Embarrassé et totalement confus, Faure Gnassingbé a finalement choisi de marcher derrière Macky Sall tel un garde du corps alors que les deux sont des Chefs d’Etats supposés dépêchés à Ouagadougou pour une même mission.
Franchement ces images que la télévision nationale a montrées de la mission de Faure Gnassingbé à Ouagadougou étaient parfaitement choquantes et en même tristes.
Pourquoi le Prince se laisse aussi ridiculiser et même humilié à cause du simple jus du pouvoir ? L’on a vraiment du mal à comprendre.
Tout compte fait, le cauchemar laissé par l’Harmattan du Sahel qui a emporté Fo Blaise est manifeste et réel dans l’esprit du Prince. Ce cauchemar est encore tonifié par les nouvelles de stabilisation politique que la classe politique burkinabè est en train de matérialiser dans ce pays.
Quel raisonnement Faure Gnassingbé pourrait-il tenir pour se sortir d’affaire devant l’impératif des réformes qui le suivent partout où il passe ?
La force brute ? Son application est aujourd’hui désuète et éculée.
Que Faure Gnassingbé ne s’avise pas qu’à cause de ses profits à lui, les militaires sur qui il compte tant, retourneront leurs armes contre le peuple togolais.
Les causes qui ont amené le peuple burkinabè à pourchasser leur Président sont toutes réunies ou même corsées au Togo, à savoir la longévité au pouvoir et l’accaparement des biens de l’Etat par la minorité dirigeante.
Le Prince le sait très bien et ne saurait le nier aujourd’hui après l’avoir lui-même reconnu dans plusieurs de ses discours.
Pourquoi alors met-il autant de temps pour comprendre que la pilule des troisièmes mandats ne peut plus passer en Afrique de l’Ouest francophone ?
La contre-marche puérile que UNIR entend organiser le 21 novembre pour rivaliser celle des partis politiques de l’opposition ne constitue en rien la solution. Au contraire, elle illustre parfaitement combien le pouvoir du Togo est réellement aux abois.
La voie du salut est là toute tracée pour le Prince. Personne ne lui en voudra s’il se résout dès maintenant à respecter ses engagements et à opérer les réformes politiques avant les élections prochaines.
Autrement, il risque de rentrer en perdition. Inutile de surfer aléatoirement sur la résignation ou la peur du peuple. C’est l’erreur que Fo Blaise et Mamadou Tandja ont eu à commettre et qui les ont plongés dans le précipice.
C’est donc après coup qu’ils ont compris que ce n’est pas parce que les gens se montrent permanemment soumis et les militaires au garde-boue à chacun de leurs passages que ceux-ci ont perdu le bon sens et la raison. Le jour vient où d’un trait, tout chamboule et où devant l’exaspération du peuple, personne ne pourra encore se plier aux délirants désidératas du Chef.
Faure préfère goûter par lui-même cette amère expérience ou veut-il s’inspirer de ce qui s’est passé ailleurs pour anticiper ? Il est le seul à y répondre.
Mais déjà nous lui conseillons de rentrer dans son temple intérieur et d’opérer la catharsis juste et honnête. La solution jaillira d’elle-même.