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Liberté N° 1825 du 14/11/2014

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Mise en œuvre des réformes constitutionnelles: L’opposition tend une perche à Faure Gnassingbé pour lui éviter une fin à la…Blaise Compaoré
Publié le lundi 17 novembre 2014  |  Liberté


© AfreePress par DR
Sit-in organise par les militants de la Coalition Arc-En-Ciel et du Collectif Sauvons le Togo (CST) sur l’esplanade du palais des congrès


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Togo - La page des réformes constitutionnelles et institutionnelles nécessaires à la transparence et à l’apaisement du scrutin présidentiel de 2015 a été déclarée fermée par le pouvoir, par l’entremise de ses porte-voix. Mais du côté de l’opposition, on ne semble pas l’entendre de cette oreille et on ressuscite le débat. Une manifestation de rue est prévue le 21 novembre prochain, de même qu’une proposition de loi de réformes qui est dans l’air. Une pression de plus mise sur Faure Gnassingbé qui devra prendre la bonne option, en ayant un regard sur les événements au Burkina Faso.

Une marche populaire pour exiger les réformes

Elle est loin, l’époque des manifestations de rue de l’opposition ; et la dernière remonte bien loin dans le temps. Mais l’opposition devra renouer avec ce moyen de revendication devenu la mode avec le pouvoir en place sourd comme deux varans. Cette fois-ci, ce sera pour exiger les réformes constitutionnelles et institutionnelles de l’Accord politique global (Apg).

Le Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015), l’alliance électorale scellée par le Collectif « Sauvons le Togo » et la Coalition Arc-en-ciel avait placé la réclamation de ces réformes recommandées par l’Apg depuis le 20 août 2006 et réitérées par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (Cvjr) comme sa priorité. Et il joint l’acte à la parole, en appelant à une marche populaire le vendredi 21 novembre prochain.

Dans un communiqué daté du 6 novembre dernier, ses partis membres, à savoir l’Alliance nationale pour le changement (Anc), la Convention démocratique des peuples africains (Cdpa), le Mouvement des républicains centristes (Mrc), le Nouvel engagement togolais (Net), le Parti démocratique panafricain (Pdp), le Pacte socialiste pour le renouveau (Psr), Santé du peuple et l’Union des démocrates socialistes du Togo (Uds-Togo) « invitent les populations de Lomé et ses environs à prendre massivement part à la grande marche pacifique qu’ils organisent à travers les rues de la capitale, le vendredi 21 novembre 2014 à partir de 8h, pour exiger l’adoption et la mise en œuvre consensuelles des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales avant toute élection au Togo ». Cette manifestation se déroulera selon l’itinéraire suivant : Gakpoto-Bèssimé-Dekon-Fontaine lumineuse -Place Anani Santos-Monument aux Morts –Casef-Palais des Congrès, et sera suivie d’un meeting sur l’esplanade du Palais des congrès de Lomé.

Une proposition de loi de réformes dans l’air

Le jeudi 6 novembre dernier, le même jour où le CAP 2015 appelait les populations à la marche, le Comité d’action pour le renouveau (Car) et l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (Addi), les deux renégats du conclave de l’opposition tenaient une conférence de presse assez folklorique. Sortie au cours de laquelle ils ont informé l’opinion de leur intention de soumettre une proposition de loi de réformes constitutionnelles et institutionnelles. Tout en sachant que le nombre de députés qu’ils rassemblent (à peine 8) ne saurait leur suffire pour faire prospérer cette initiative, ils ont fait un clin d’œil au CAP 2015 et à l’Anc, leur souffre-douleur. Plus qu’un simple clin d’œil, la proposition du duo Car-Addi est présentée comme un piège posé à Jean-Pierre Fabre et les siens. Cette sortie a donné du grain à moudre à l’autre opposant qui a perdu sa boussole et retourne dans la bouse qu’il avait quittée, et qui en a profité pour (re)signaler sa petite existence à l’opinion – suivez nos regards. Passons.

On pouvait craindre que les dirigeants de l’Anc laissent parler leur égo. Mais prenant de la hauteur, le néo-candidat du CAP 2015 et ses camarades comptent répondre favorablement à l’appel, si l’on en croit les déclarations de Pascal Adoko de la Cdpa et d’Eric Dupuy de l’Anc au cours de l’émission « 12-13 » de dimanche dernier sur la Radio Nana FM. Comme rapporté dans la parution d’hier, cette alliance électorale va ouvrir des discussions avec le duo Car-Addi sur la proposition de loi. « Nous pensons que c’est juste un exercice de commission qu’ils ont fait, c’est une base de travail, nous allons nous l’approprier en accord avec eux et on trouvera le texte qui satisfait tout le groupe et on va l’introduire à l’Assemblée nationale », a promis M. Adoko. Des rencontres seraient prévues pour cette semaine.

Une pression de plus mise sur Faure Gnassingbé

Ce n’est pas la première fois que des actions sont menées pour exiger la mise en œuvre des réformes. Les appels à l’endroit du pouvoir se sont multipliés depuis plusieurs mois voire années. Opposition, diplomates, société civile, églises se sont relayés pour exhorter le gouvernement à exécuter ces réformes. Malheureusement l’un après l’autre, ces appels sont tombés dans des oreilles de sourd. Bien plus, par l’entremise de ses griots dont le détestable ministre Gilbert Bawara et l’inénarrable président de la Cour constitutionnelle Aboudou Assouma, le pouvoir a même annoncé la fermeture de la page des réformes. Mais ces deux actions annoncées, la marche et la proposition de loi devraient constituer une grande source de pression sur Faure Gnassingbé. Dans un contexte particulier engendré par la chute de Blaise Compaoré, une triste fin imputable à sa boulimie du pouvoir.

En effet, notre bien-aimé Facilitateur serait encore au pouvoir, et ce jusqu’à novembre 2015 s’il avait simplement écouté son peuple. Lequel lui a signifié son opposition à son projet suicidaire de tripatouillage de la Constitution et de rallonge de 15 ans de plus au pouvoir, après 27 ans passés. Mais obnubilé par l’envie de rempiler, il n’a même pas prêté une seule oreille à son peuple. Et les conséquences ont suivi. Dans son exil ivoirien, il doit actuellement regretter ce choix fatal. Les observateurs l’ont relevé, l’insurrection du peuple togolais et la chute de Blaise Compaoré sont un message envoyé aux dirigeants du continent adeptes des règnes élastiques. Et parmi eux, Faure Gnassingbé figure en très bonne place.

Après 38 bonnes années passées au pouvoir par son père, lui qui lui a succédé dans des circonstances sanglantes, manœuvre pour rempiler, après avoir égrainé dix (10) ans au trône. Pour une République, cela fait désordre, et Faure Gnassingbé même le sait sans doute. Il devra tirer les leçons de la chute de son parrain et éviter de subir son sort. Au-delà de perdre le pouvoir, Blaise Compaoré est devenu un justiciable ordinaire et devra répondre des crimes commis par ses soins ou sous ses ordres dont l’assassinat de Thomas Sankara, l’idole du peuple burkinabé et celui du journaliste Norbert Zongo, entre autres. C’est là même que le plus dur commence pour lui. Lui qui était tout-puissant, sera trainé devant les tribunaux et dans la boue.

Faure Gnassingbé a suffisamment le temps de s’éviter une aussi triste fin, et l’opposition lui tend la perche. Son frère et ami Boni Yayi a pris la bonne résolution de retirer son projet de modification de la Constitution au Bénin, renonçant ainsi à son ambition de prolongation au pouvoir. Il lui suffit de mettre en œuvre les réformes, un engagement pris devant Dieu, le peuple et la communauté internationale le 20 août 2006 ; puis de quitter le pouvoir en mars 2015. Un projet de loi introduit par le gouvernement a été curieusement rejeté le 30 juin dernier ; mais ce n’est pas la fin du monde. Il a encore la possibilité de se reprendre, et l’opposition lui en donne là l’occasion, avec la proposition de loi dans l’air. C’est le peuple qui veut voir autre chose, qui descendra dans la rue le 21 novembre prochain, pour exiger les réformes. Va-t-il déployer les forces de répression aux trousses des manifestants ? Qu’à cela ne tienne la réponse qu’il réservera à ces deux actions lèverait le voile sur ses véritables intentions. « (…) L’on espère vivement que le Président du Togo qui a le privilège d’être jeune et d’avoir fait des études dans des pays à démocratie avancée, saura entendre raison et prendre la bonne option, celle du salut pour lui-même et pour l’ensemble des togolais », a écrit le confrère togoinfos.com. Et c’est le wait and see.

Tino Kossi

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