La construction d’un orphelinat par Global Islamic Mission Australia à Glopé-Houndokè à Zooti dans la préfecture de Vo suscite colères, révoltes et indignation de la part des populations de Soko-Tométy, un village voisin du site, et pour cause, la réalisation du projet va obstruer la route de Soko-Tométy qui débauche sur la route Aného-Amégnran. Du coup, les populations de ce village sont remontées et révoltées depuis le début des travaux de la construction de l’orphelinat, il y a de cela quelques semaines.
Construite en 1999, la route Soko-Tométy débouchant sur la route Aného-Amégnran fait l’objet de discorde depuis plusieurs jours voire semaines entre les populations, l’entrepreneur et Ayondo Messan, celui qui a vendu le terrain sur lequel on construit l’orphelinat. Pour manifester leur courroux et leur désapprobation face à ce qu’ils considèrent comme la fermeture de leur route, les habitants de Soko-Tométy, débarqués sur le site le 03 novembre dernier, ont ramassé les briques déposées sur leur voie. Du coup, certaines briques sont cassées.
Face à la gravité de la situation, le préfet de Vo, Kokou Léguédé, en visite sur le site pour ramener les uns et les autres à la raison, a été déjà hué sur le site, et selon nos informations, a dû faire appel après, à la gendarmerie d’Amégnran pour éviter les dégâts. Sur convocation du Commandant de la Brigade de gendarmerie d’Amégnran, le 06 novembre 2014, certains responsables de la localité étaient obligés de prendre un engagement de renoncer à la « grève » pour éviter de se voir jeter en prison. Bizarrement, cet engagement n’a pas calmé la détermination de ces derniers. Puisque le 12 novembre dernier, les habitants étaient partis encore fermer les fouilles construites par les maçons qui sont sur le chantier. Les manifestants ont estimé que les fouilles sont construites sur leur route.
Aujourd’hui, les populations de Soko-Tométy n’accusent pas Ayondo Messan d’avoir vendu le terrain, mais elles l’accusent de l’obstruction de leur route par le projet. « Nous ne sommes pas contre la réalisation du projet, mais nous ne sommes pas d’accord qu’on ferme notre route, parce qu’on veut construire un orphelinat», a déclaré un habitant de Soko-Tométy. «Aujourd’hui, je ne vois aucun parent accepter envoyer son enfant dans cet orphelinat», a-t-il prévenu. «Nous ne sommes pas contre le développement, mais, cela ne peut pas constituer un blocus pour les autres», a souligné un autre.
Selon nos investigations, la route en question a fait l’objet de dispute entre les populations et Ayondo Messan en 1999, dès sa construction, ce qui a conduit les deux parties devant le Tribunal de Vogan qui, à l’époque, a donné raison aux populations, comme quoi, «la route de développement passe par le développement de la route».
Mais selon certaines sources, le terrain dispose des pièces administratives et que sur le plan visé, la route qui fait l’objet de discorde, n’est prévue nulle part. «Nous avons reçu le permis de construction. Donc, s’il y a une route qui passe ici, on ne peut pas nous donner ce permis», a déclaré une source qui a requis l’anonymat. «Nous, dans la réalisation du projet, nous n’allons pas fermer la route. Mais, nous allons seulement la dévier, et ça va toujours passer sur le même terrain acheté par les responsables du projet», a ajouté la même source.
Toutes nos tentatives pour joindre Ayondo Messan, celui-là même qui a vendu le terrain aux responsables de Global Islamic Mission Australia, ont été vaines. Selon nos investigations, Ayondo Messan est un Expert Topographe.
En somme, cet orphelinat, même si c’est un projet d’utilité publique qui va apporter un plus au développement de la localité et de l’épanouissement des enfants, notamment des orphelins, est partie sur une mauvaise base. Puisque le travail d’information et de sensibilisation des populations de Soko-Tométy et de ses environs afin d’éviter ces genres de situation a été escamoté. Pour réaliser ces genres de projets, on doit tenir compte des facteurs sociologiques, culturels et autres. Il suffit de se référer à certains faits historiques et sociaux, notamment dans «Un hôpital des morts» du Docteur Sénam Amadoto, «La grève des Battus» d’Aminata Sow Fall ou encore «Opération marigot» de Koffi Gomez pour s’en rendre compte que ces facteurs précités ont des impacts négatifs sur les résultats escomptés des projets. Tout projet doit avoir l’adhésion de ceux à qui il est destiné au risque d’être voué à l’échec.
Aujourd’hui, les cadres de la préfecture de Vo et les autorités devraient intervenir dans ce dossier pour trouver une solution favorable. Sinon, ceux qui estiment que la route en question n’est pas «une route officielle», parce qu’elle n’est pas reconnue pas l’Etat se trompent lourdement. Dans les milieux ruraux, ce sont des routes officieuses qui deviennent toujours des routes officielles. Vivement que la raison prime sur les muscles.
L’orphelinat en question, d’après nos investigations, sera composé d’écoles, d’internat, de mosquées, de forage,…
Ayi A., Lomé