Togo - Selon l’enquête MICS réalisée en 2010, seuls 12% de la population rurale togolaise utilise des latrines. Le taux national des personnes utilisant la latrine est de 39%, ce qui est encore loin de l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) relatif à l’hygiène et l’assainissement qui est de 55%.
Plus de 60% de la population togolaise ne possèdent d’ouvrages d’assainissement, ce qui constitue une source de pollution de l’environnement et de contamination des populations.
Pour pallier effectivement à ce problème à Agbélouvé (environ 60 km au nord de Lomé), 48 latrines ont été construites dans le village d’Adokpoé. Pour commémorer la journée mondiale des toilettes, édition 2014, la Croix-Rouge allemande a sensibilisé les populations de cette localité mercredi, a constaté un reporter de l’Agence Afreepress.
Un don est toujours salutaire surtout à l’endroit des bénéficiaires
D’un montant global de 1, 7 milliard de francs CFA financé par l’Union européenne et la Croix-Rouge allemande, ces 48 latrines permettront aux populations de ce canton de ne plus faire leurs besoins à l’air libre évitant ainsi le choléra, la diarrhée, la fièvre typhoïde.
Les bénéficiaires ont tour à tour remercié les bienfaiteurs de ce joyeux qui selon eux, vient à point nommé soulager un réel problème.
« L’installation de ces latrines est pour nous un soulagement total car cela nous permet de ne plus tomber malades régulièrement comme avant. Grâce à ces latrines, nos enfants n’auront plus à quitter leur établissement pour les champs ou tout autre endroit pour leurs besoins. Nous disons un grand merci à la Croix-Rouge allemande », a déclaré Massanh Loyi représentante de la population d’Adokpoé.
« Fier » de ce joyau dans son canton, le chef du canton d’Agbélouvé Togbui Davi Allagah V a pour sa part réitéré son engagement de veiller à ce que ces latrines soient bien protégées et utilisées à bon escient.
« Quand on donne quelque chose à quelqu’un, cela se doit d’être bien protégé et tel que je connais ma population, j’ai la conviction qu’elle le fera pour montrer à la Croix-Rouge qu’elle ne s’est pas trompée de lieu, ce qui lui donnera l’envie de le refaire encore dans d’autres milieux», a-t-il indiqué.
La question d’assainissement prise en compte au Togo par le CCABT
Placée sous le thème : « nous ne pouvons plus attendre, j’utilise une latrine : je ne mange plus mon kaka », l’objectif de cette journée est de sensibiliser à l’échelle nationale les citoyens sur l’importance des questions d’assainissement et sur les projets de développement individuels.
Conscients de situation et dans le but d’accompagner l’Etat togolais, les partenaires techniques et financiers intervenant dans le sous-secteur de l’assainissement de base se sont regroupés au sein du Conseil de concertation pour l’assainissement de base au Togo (CCABT).
L’objectif, est de faire bénéficier ce sous-secteur laissé pour compte à plus de financement pour l’atteinte des objectifs.
Pour le chef de file du CCABT, Datchidi Espoir, en arrêtant de déféquer à l’air libre, les populations seront plus en bonne santé et auront économisé assez d’argent pour eux-mêmes. D’où l’importance de continuer la sensibilisation et de développer des approches innovantes pour amener la population à identifier sa situation sanitaire.
«Nous sommes convaincus que nous pouvons atteindre les résultats probants si nous, acteurs de développement, nous nous disons nous ne pouvons plus attendre et que cette journée des toilettes déclenche en nous le désir et la détermination pour des synergies d’actions afin d’amener tous les Togolais à disposer chacun d’une latrine », a-t-il indiqué.
Les latrines sont très indispensables à tout le monde mais très nécessaires pour les filles et les femmes
L’un des défis de santé publique à relever pour réduire le taux de prévalence des maladies hygiéniques au Togo, c’est l’installation des infrastructures sanitaires pour tous. En cela, le thème mondial de cette année qui est « Egalité et Dignité » se donne pour but de réduire les risques de violences sexuelles auxquelles les femmes et les filles sont confrontées.
Par ailleurs, les toilettes ne sont pas adaptées aux populations ayant des besoins spécifiques, notamment les personnes âgées et les handicapés. « Les femmes et les filles ont besoin d’installations spécifiques pouvant les aider à prendre soins de leur menstruation », a relevé le chef de file du CCABT.
Pour le représentant du ministère de la Santé, Sahadou Djélé, il faut souligner qu’au Togo, peu sont des établissements qui disposent des dispositifs d’hygiène pouvant permettre aux élèves et étudiants de réduire considérablement le taux de prévalence des maladies hydriques. « Pour ce faire, des actions immédiates méritent d’être menées pour porter le taux d’accès à l’assainissement à 55% en 2015 », a-t-il souligné.
Dire à la population togolaise de ne plus déféquer à l’air libre pour ne plus tomber malade
La construction de ces 48 latrines s’inscrit dans le projet piloté de la Croix-Rouge allemande financé par l’Union Européenne entre avril 2011 et mars 2014. Ce projet vise à construire 2210 latrines et 90 forages dans 60 villages dans les préfectures du Zio et de l’Avé.
« Nous avons fait le constat selon lequel il y a beaucoup de populations en Afrique qui ne possèdent pas de latines et des toilettes. C’est ce qui nous a poussé avec l’aide de certains partenaires à réaliser ces latrines à ces populations », a déclaré Joachim Schrôder, délégué de la Croix-Rouge Allemande.
Selon le coordonnateur du CCABT Achiles Lokossou, on doit prendre une décision pou que le Togo soit un pays sans défécation à l’air libre et pour ça chacun doit se dire « je dois faire ma latrine, je dois l’utiliser pour être épargné des maladies et être en bonne santé ».