Gnassinbgé Eyadéma "Je ne touche pas à la Constitution. Si je touche à la Constitution, on va dire ah! C'est pour se prolonger comme la plupart des chefs d'état. Non; Je ne veux même pas n'est-ce-pas, si je finis mon mandat, je ne veux même pas rester un jour de plus… Parole de militaire"
Boisbouvier : "C'est-à-dire qu'en 2003 il y aura un nouveau président au Togo?"
Gnassinbgé Eyadéma : "Bien sûr, qui sera librement choisi, conformément à la Constitution, par le peuple."
Les propos sont de Gnassingbé Eyadéma, père de l'actuel président du Togo, lors de l'interview accordée par le dictateur au journaliste Christophe Boisbouvier de Radio France Internationale (RFI) le 23 juillet 1999. Ils avaient été recueillis lors de la visite que le Président Jacques Chirac avait rendue à son "ami personnel" du Togo pour "témoigner du soutien technique et politique de la France, à l'action de paix conduite par le Togo, en particulier à l'accord conclu en Sierra Leone".
Et pourtant, le 31 décembre 2002, l'assemblée nationale togolaise modifia la constitution adoptée par référendum en 1992, pour permettre à Eyadéma, puis à sa progéniture d'amorcer l'ère de la présidence à vis. Le toilettage dit de la Saint Sylvestre renforçait également les pouvoirs du Président de la République au détriment de ceux du Premier Ministre et instituait un Sénat qui n'a pas été mis en place à ce jour, faute d'élection locale.
Qui avait parlé de non rétroactivité de la loi à cette époque ? Personne. Et pourtant, Michel Debbasch, le mercenaire en col blanc, conseiller juridique de père en fils était déjà aux affaires, et son élève était président de l'assemblée nationale. Si ce principe de non rétroactivité de la loi était un principe aussi intangible que prétendu dans certains milieux juridiques aujourd'hui au Togo, Gnassingbé Eyadéma aurait quitté le pouvoir à la fin de son mandat, conformément à la constitution de 1992 et à sa parole de militaire. C'est son successeur "librement choisi" qui aurait été le bénéficiaire, sauf abrogation du toilettage de la Saint Sylvestre de la non limitation du mandat présidentiel.
Mais voilà, les députés de la chambre monocolore d'alors avaient décidé, sur ordre du président de la République et de son Premier Ministre d'alors qui n'était autre que Mr Agbeyomé Kodjo, que la loi de révision constitutionnelle serait d'application immédiate et elle l'a été. Eh bien, le peuple togolais demande aujourd'hui que les députés de la dynastie Gnassingbé empruntent la même chemin retour vers la constitution adoptée par référendum en 1992, c'est-à-dire la voie de l'application immédiate. Ni plus, ni moins. Et point n'est besoin d'attendre le 12ème anniversaire de la Saint Sylvestre de l'aller.