Faure Gnassingbé a beau gesticuler pour se donner des allures de démocrate, son subconscient et ses actes trahissent toujours sa nature consubstantielle de dictateur et d’accaparateur de tous les pouvoirs sans que lui-même ne s’en rende compte.
En déclarant mardi à Accra qu’il entendait respecter scrupuleusement l’actuelle Constitution en vigueur au Togo, le fils-héritier du feu général voulait manifestement se donner l’image d’un légaliste aux yeux de la Communauté Internationale.
Mais hélas, il vient simplement de mettre les pieds dans les plats. Il vient naïvement de trahir son penchant dictatorial et son immaturité politique qui déconcertent et laissent tristes tous ses compatriotes qui portent un rêve pour le Togo.
Voilà donc un Monsieur qui se dit respectueux des Institutions de la République, qui au quotidien, se proclame légaliste et qui, sans pertinence aucune, choisit de couper lâchement de l’herbe sous les pieds de l’Assemblée Nationale, une Institution aussi capitale que noble dans une République.
En effet, la déclaration de Faure Gnassingbé est intervenue au moment où il nous a été dit que la proposition de Loi introduite par l’opposition politique était à l’étude par les présidents des Commissions à l’Assemblée Nationale.
Dans un cours normal, elle devrait ensuite être confiée à la Commission des Lois de cette Assemblée afin que celle-ci puisse l’étudier à fonds avant de formuler des recommandations en vue de son amendement éventuel et de son vote au cours d’une plénière.
C’est cela le fonctionnement normal d’une Institution indépendante qu’est l’Assemblée Nationale.
Comment alors un Président de la République qui se dit démocrate et donc respectueux des institutions de la République, peut-il conclure à une fin de non-recevoir de cette proposition de Loi en lieu et place des élus du peuple au point de déclarer béatement qu’il ne s’en tient uniquement qu’aux dispositions actuelles de la Constitution Togolaise alors même que l’objet de la proposition de Loi à l’étude est justement de modifier cette Constitution ?
C’est lui qui a introduit la proposition de Loi à l’Assemblée Nationale pour que l’on puisse s’imaginer qu’il pourrait la retirer pour mettre un terme au processus de son étude ? C’est incroyable.
Au moment où la Loi lui faisait obligation d’introduit un tel projet à l’Assemblée, il s’était habilement esquivé laissant malhonnêtement le soin au gouvernement de le faire pour ensuite instruire lâchement les députés de la majorité de rejeter le projet en question.
Aujourd’hui, il s’invite gauchement dans un processus qui ne le concerne en rien. Faure Gnassingbé est-il au dessus de la Loi au point de vouloir aussi gaillardement surplomber toutes les institutions de la République ?
Au delà de tout, avait-il vraiment besoin de s’exposer aussi naïvement avec une déclaration plutôt irréfléchie et parfaitement maladroite ?
Il perdrait quoi à attendre que l’Assemblée rejette à nouveau par elle-même cette proposition surtout qu’il a bien l’art de tirer les ficelles dans l’ombre pour faire appliquer sa volonté dans ce parlement ?
Certainement qu’il n’a plus confiance en ces députés de sa majorité et donc il a choisi, incongrument, d’ancitiper sur la réponse que cette Assemblée allait donner à la proposition introduite par l’opposition parlementaire.
Mais il l’a fait tellement gauchement que l’on est tout simplement scandalisé par son manque effarant de doigté et de justesse.
L’on avait en effet pensé que même s’il était naïf et profane au moment où il arrachait le fauteuil de son père défunt en 2005, les neuf ans et plus qu’il vient de boucler à la tête du Togo lui auraient permis de capitaliser un minimum de savoir-faire qui le mettrait à l’abri de certaines maladresses et certaines incongruités qui jettent de l’opprobre sur le Togo et ses institutions.
Mais hélas. Nous notons avec désarroi que, préoccupé par son seul et unique souci de jouir pleinement des privilèges du pouvoir, l’homme est resté à l’étape primaire et embryonnaire dans la gestion des affaires de l’Etat.
Il a tellement rage de jouir des privilèges du pouvoir qu’il a choisi, sans retenue, d’assujettir de façon flagrante l’Assemblée Nationale et de la soumettre littéralement et définitivement à son dictat malsain.
« Je ne veux pas de réformes et je demande aux députés de la majorité de ne pas perdre leur temps à étudier la proposition de Loi introduite par l’opposition parlementaire ». Voilà en clair ce qu’a voulu dire Faure Gnassingbé à travers sa tonitruante déclaration d’Accra.
Mais justement, en vertu de quel pouvoir, un Chef d’Etat si puissant soit-il, peut-il s’arroger le droit de donner des instructions à des élus du peuple ?
Au lieu de perdre le temps à ergoter autant avant de s’afficher aux yeux du monde comme un vulgaire dictateur des temps anciens, le Prince aurait mieux fait de dissoudre l’Assemblée Nationale et l’ensemble des autres Institutions de la République pour ensuite diriger le Togo par ordonnances spéciales.
Voyez jusqu’où la gourmandise et le goût immodéré du pouvoir induisent toute âme légère qui s’oublie dans la matière et l’égo au point de la rendre ridicule aux yeux du monde.
En principe, dans un Etat normal, personne au Togo ne devrait prendre au sérieux ces scandaleux propos tenus par le Prince-héritier dès lors que ceux-ci s’écartent magistralement des principes orthodoxes d’une République où les institutions doivent fonctionner librement.
Mais combien l’on a honte d’entendre quelques abrutis de députés comme Christophe Tchao, président du groupe parlementaire de la majorité, ânonner sur les radios pour défendre cette indéfendable position antirépublicaine du Président de la République !
Le plus grave est encore de les entendre dire qu’ils sont indépendants, qu’ils agissent en toute liberté et en toute indépendance etc. Quelle gaminerie !!!
Où est donc l’indépendance de cette Assemblée Nationale qui, sous prétexte que le Président de la République a dit une connerie dans son unique intérêt, arrête d’étudier souverainement une proposition de Loi ?
Franchement le Togo et les togolais ont vraiment du pain sur la planche avec ces dirigeants despotes qui divaguent et pataugent dans le désordre et l’anarchie sans un minimum de lucidité et d’élégance.
Tellement Faure Gnassingbé et ses affidés se sont englués dans la gang, dans la force brute, dans la chair, qu’il sera difficile d’exhumer en eux une part de l’esprit qui permettrait de les raisonner et de faire d’eux des hommes lucides pouvant disposer d’un brin de bon sens.
Face à de tels dangers pour une République, le peuple se doit de s’assumer pleinement, de leur arracher sa souveraineté par une action forte et méthodique.
C’est ici que les esprits éclairés, les intellectuels, les meneurs des partis politiques et organisations de la société civile se doivent de mouiller pleinement le maillot pour mettre un terme à ces permanentes insultes que le Prince et ses amis profiteurs jettent au peuple togolais.