dirigeants qui voudraient se maintenir au pouvoir à tout prix, devant les chefs d’Etat et de gouvernement réunis au XVe sommet de la Francophonie à Dakar.
Ce sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie s’est ouvert en présence d’une trentaine de dirigeants qui devront dénouer le casse-tête de la succession du Sénégalais Abdou Diouf après plus d’une décennie à la tête de l’OIF, sur fond de péril du virus Ebola.
Il se déroule aussi dans un contexte marqué par des attentats en Afrique, a rappelé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Au lendemain d’une nouvelle attaque attribuée au groupe islamiste Boko Haram au Nigeria, qui a fait plus de 120 morts, M. Hollande a appelé les dirigeants africains à "s’unir contre la barbarie".
"La Francophonie est soucieuse des règles en démocratie, de la liberté du vote, du respect des lois constitutionnelles et de l’aspiration des peuples, de tous les peuples à des élections libres", a assuré M. Hollande dans un discours, mentionnant la "leçon" de la transition tunisienne et "la belle démonstration" du peuple burkinabè.
"Cette transition doit servir de leçon là où les règles constitutionnelles sont malmenées et où l’alternance est empêchée", a répété samedi le président français.
Avant son départ pour Dakar, il avait déjà mis en garde les dirigeants voulant se maintenir au pouvoir contre vents et marées, comme le Burkinabè Blaise Compaoré, qui avait annoncé un projet de révision constitutionnelle pour pouvoir briguer un nouveau mandat après un règne de 27 ans.
Abdou Diouf a révélé la semaine dernière que Blaise Compaoré avait ses faveurs et celles de la France pour lui succéder à la tête de l’OIF, avant que le dirigeant burkinabè ne soit chassé par la rue fin octobre.
Une source dans l’entourage de François Hollande a confirmé que le président français avait suggéré début octobre à M. Compaoré de postuler à la tête d’une organisation internationale, sans toutefois recevoir d’écho positif du Burkinabé.
Ces révélations pèsent sur le choix du prochain secrétaire général, un poste pour lequel cinq candidats sont en lice: quatre Africains, dont l’un au passé de putschiste, et une Canadienne d’origine haïtienne. Le vainqueur doit être annoncé dimanche après des discussions à huis clos.
- Redoubler d’efforts contre Ebola -
Dirigée pendant 12 ans par l’ex-président sénégalais, l’OIF, jusqu’alors connue pour ses missions de coopération dans le développement et de soutien à la langue française, a gagné en poids politique, grâce à la diplomatie d’influence dans les crises africaines pratiquée par M. Diouf auprès de ses anciens pairs.
La candidature de l’ex-gouverneure générale du Canada Michaelle Jean, saluée par la France, est très critiquée par certains pays africains au nom d’une règle non écrite qui veut que le secrétaire général soit issu d’un pays du Sud.
Les quatre autres candidatures n’ont pas suscité l’enthousiasme. Postulent l’ex-Premier ministre mauricien Jean-Claude de Lestrac, l’ambassadeur et écrivain congolais Henri Lopes dont l’âge (77 ans) risque d’être un handicap, l’ex-président burundais Pierre Buyoya dont le passé putschiste risque de rappeler Blaise Compaoré, et l’Equato-Guinéen Agustin Nze Nfumu.
Une candidature de dernière minute est même possible lors des discussions à huis clos dimanche.
Le président du Sénégal Macky Sall a inauguré ce sommet consacré aux jeunes et aux femmes en exprimant la "solidarité agissante" des pays ayant le français en partage - 274 millions de locuteurs à travers le monde - avec les pays d’Afrique de l’Ouest confrontés à l’épidémie d’Ebola.
"J’appelle tous les membres de notre organisation à se joindre aux efforts en cours dans ces pays frères", a-t-il lancé.
Signe de cette préoccupation, les participants étaient priés de prendre leur température à l’entrée du centre pour vérifier l’absence de fièvre, l’un des symptômes d’Ebola.
L’Afrique de l’Ouest est en proie à la pire épidémie de cette fièvre hémorragique depuis la découverte du virus il y a 38 ans, avec près de 5.700 morts en presque un an.
Une quinzaine de chefs d’Etat, dont celui de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila, hôte du précédent sommet en 2012, se sont succédé à la tribune pour louer une organisation à une période charnière face au changement climatique et à la crise économique ... sans prononcer un mot sur la succession de M. Diouf.