Le 13 janvier 1963, Eyadema Gnassingbé a inauguré les coups d’Etat en Afrique en abattant froidement le père de l’indépendance togolaise, Sylvanus Olympio alors que ce dernier s’apprêtait à doter le Togo d’une monnaie nationale qui allait garantir son indépendance économique.
C’est sur les ruines de ce dernier que Gnassingbé père va régner sur le Togo pendant 38 ans.
Mais déjà en 2002, en parfaite complicité avec son fils, Faure Gnassingbé, le feu général fera le deuxième coup contre le peuple togolais en tripatouillant la Constitution pour sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels en même temps qu’il offrait à son fils l’opportunité de lui succéder en cas de force majeure par une nouvelle disposition qui ramène l’âge de la candidature à la présidence de la République à 35 ans au lieu de 45 comme le stipulait la Constitution acquise en 1992 par référendum. Deuxième mauvais exemple.
Puis, trois ans après, la nature arrache le vieux dictateur.
Tout le monde s’attendait à ce que les togolais retrouvent du souffle quand, subitement, le fils décide d’opérer un troisième coup contre le Togo et les togolais, inaugurant ainsi la liste des successions dynastiques au pouvoir en Afrique.
Sous les feux des pressions internationales, il lâche prise pour apprêter un quatrième coup, celui du transport des urnes par des militaires.
L’image en question a fait tout le tour du monde où un soldat en tenue a rapiné une urne à Bè en vue d’empêcher la proclamation des vrais résultats issus du vote.
Aujourd’hui, Faure Gnassingbé est en train de s’activer pour donner un cinquième mauvais exemple à l’Afrique.
Au moment où l’environnement international est plus qu’hostile à des troisièmes mandats et plus, le fils du feu général a une envie vorace de résister au monde entier pour s’octroyer un mandat de plus en marchant littéralement sur les réformes qu’il avait pourtant pris l’engament, à maintes reprises, d’opérer dans l’intérêt bien compris des togolais.
Pour ce faire, il décide de prendre un raccourci curieux qui consiste à sacrifier des vies humaines en vue d’obtenir le mandat en question.
C’est ainsi que samedi, à Dapaong, une marche puérile organisée par Noël Depoukn et certains gloutons du régime en place a été soldée par un drame.
Un bus transportant les populations affamées a écrasé magistralement trois innocentes femmes. Deux mourront sur le champ alors que la troisième totalement paralysée gémit actuellement à l’hôpital de Dapaong.
Voilà comment après la boucherie de 2005 qui a engendré entre 400 et 500 morts, la boulimie du pouvoir lâchement développée par Faure Gnassingbé est en train d’entraîner de nouvelles pertes en vies humaines.
Il faut juste relever que la région des savanes est vraiment en train de payer un lourd tribut du fait des errements de ce régime sanguinaire.
Déjà en avril 2013, deux innocents élèves avaient aussi perdu la vie au plein centre-ville de Dapaong suite à des tirs tendus sauvagement opérés par les forces de l’ordre. Jusqu’à ce jour les coupables n’ont guère été inquiétés.
Aujourd’hui, ce sont deux innocentes femmes qui perdent gratuitement la vie par la faute de Faure Gnassingbé et de ses sbires qui ne jurent que par la gourmandise et l’intérêt personnel. La troisième est entre la vie et la mort à l’hôpital de Dapaong.
Quel est ce pouvoir qui est autant blasé au point de rentrer dans une banalisation systématique de la vie humaine que tout être censé considère comme sacrée ?
Pourtant, l’épreuve paraît particulièrement difficile à surmonter tant le Prince reçoit les coups de partout, même dans son environnement immédiat.
Aura-t-il les moyens de tromper encore la vigilance d’un Hollande ou d’un Obama dont il a récemment utilisé l’ambassadeur en poste au Togo pour duper les opposants afin que ceux-ci légitiment les législatives de 2013 ?
Ausera-t-il encore une fois, enfariner François Hollande qui lui a clairement dit à Dakar la voie du peuple qu’il se doit de suivre ?
Tout compte fait, tant qu’il se taira pour laisser ses affidés tuer gratuitement les togolais sous prétexte des marches de soutien, il doit pouvoir se dire que tôt ou tard, il devra en payer le prix.
C’est inconcevable qu’en ce vingt-une siècle un pouvoir puisse persister autant dans le mal juste par souci de profit.
Si Faure Gnassingbé et ses amis profiteurs de la République ont autant de mal à tirer les leçons de ce qui est arrivé et continue d’arriver à tous les dictateurs au monde, ils doivent tout au moins comprendre qu’ils n’ont aucun moyen de faire l’exception.
S’ils persistent dans ces errements et ces délires pour s’accrocher au pouvoir en heurtant de front les lois de la nature, leur sort est plus jamais défini, le précipice.