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TOGO : Affectations punitives dans la fonction publique : Une pratique vile toujours à l’ordre du jour, en dépit de toutes les proclamations
Publié le mardi 2 decembre 2014  |  togosite.com


© aLome.com par Parfait
Pr Kako NUBUKPO, Ministre auprès de la Présidence de la République chargé de la Prospective et de l’Evaluation des Politiques Publiques.


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Celui qui ne peut pas se taire ou qui ose mettre en difficulté le pouvoir de Faure Gnassingbé n’est pas à l’abri d’une affectation punitive si d’aventure il ressortissait à la fonction publique. Beaucoup de citoyens y ont ainsi goûté, des agents de cette fonction publique engagés en politique dans des partis autres que celui de Faure Gnassingbé aux enseignants qui osent revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail pour leur corporation. Tout cela se passe au Togo, malgré toutes les déclarations qui tendent à faire croire que le pays est un eldorado à nul autre pareil depuis 2005.

Des victimes par milliers
Les responsables des partis politiques adversaires du parti de Faure Gnassingbé peuvent montrer la liste de leurs militants qui subissent cette vile pratique année après année, élection après élection. Les victimes les plus récentes sont Tchontchoko Tchapo, Kassim Idrissou et Kpandjalé Tchapou. Tous enseignants, ces compatriotes ont pris une part active dans les mouvements de grève des années antérieures dans le système éducatif. Ils sont aussi connus pour leur militantisme dans les partis politiques regroupés au sein du Collectif Sauvons le Togo (CST). Du fait de cette appartenance, on ne doute pas qu’ils soient actifs dans les mouvements de revendication.

Le problème, c’est que, au lendemain des mouvements de grève dans l’enseignement public, ces trois enseignants ont été mutés à de nouveaux postes. Naturellement, la phraséologie officielle va évoquer les besoins de service mais il se fait qu’à y voir de près, ces trois bons messieurs sont victimes de leur engagement dans les mouvements de grève des enseignants ainsi que de leur militantisme politique. C’est ainsi que Tchontchoko Tchapo a été déplacé de Bassar vers la région des Savanes, que Kpandjalé Tchapou a dû quitter Bassar pour l’EPP Houhouloumé, un bled aux confins du Ghana et du Togo uniquement accessible à pied, bled abandonné s’il en est car les populations, bien que togolaises, dépendent du Ghana pour tous leurs besoins. Détail saisissant : des dizaines de mois après leur affectation fantaisiste, certains n’ont pas eu droit à leurs salaires. Bloqués. Toujours pour les punir et leur dire : « vous allez mourir si vous continuez de militer dans l’opposition ».

Récentes aussi sont les affectations auxquelles ont été soumises deux agents du ministère de la justice, deux greffiers pour être précis. Ces deux greffiers se sont montrés très actifs et intransigeants au cours des mouvements de grève du corps des greffiers au deuxième trimestre de cette année. Pour cette raison, il a plu au très démocratique gouvernement de Faure Gnassingbé de déplacer M. Amouzou Komlan, le chargé à l’information du syndicat des greffiers, de son poste de Lomé à un poste à Pagouda et M. Gbogbo Kossivi Djifa, président dudit syndicat, de son poste de Sokodé à un autre de Dapaong.

Récente encore la mesure d’affectation punitive dirigée contre le nommé Akéta Abalo, membre influent du bureau de l’Union des syndicats de l’enseignement du Togo (USET). Par décision ministérielle signée de Gourdigou Kolani, ministre de la fonction publique, Aketa Abalo a été extrait de son ministère de tutelle, celui de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’industrie puis versé dans le vide. La note dit qu’il est « remis à la disposition du ministère de la fonction publique ». Depuis quand un enseignant a-t-il l’honneur jusque-là réservé aux ministres, directeurs généraux et officiers des armées tombé en disgrâce ? C’est tout simplement pour essayer de museler un enseignant qui dérange trop, qui refuse de se laisser corrompre et qui ne veut pas jouer les traîtres de la république, comme on en soupçonne bien d’autres de sa fédération.

Que dire de ces autres enseignants qui ici et là ont dû changer leur plan de carrière à cause de la méchanceté et de l’intolérance du pouvoir de Faure Gnassingbé ? M. Tchakpélé, affectueusement nommé « Baki » par ses collègues et madame Yemey qui ont été à l’avant-garde du mouvement des correcteurs du BAC I des années en arrière ont été déplacés de Lomé vers Sokodé pour le premier et vers une autre région pour la seconde. Que dire des compagnons de lutte du député Targone qu’on a enlevés de leurs postes d’enseignants vers d’autres postes dans le but évident de les éloigner de Guérin-Kouka et ainsi de les empêcher de s’y rendre souvent pour démonter les combines de manipulation et de propagande ourdies par les barons profiteurs du système ressortissant à la préfecture ? Il nous est revenu qu’au lendemain des législatives de 2013 où le jeune prometteur Targone a réussi à arracher un siège au parti présidentiel, on a fait affecter ses lieutenants Kogme et Tchassou ont été envoyés vers la côte. Logique de représailles, toujours.

Intolérance et logique de parti unique
Le tableau ci-dessus n’est pas exhaustif. Il autorise cependant à dire que le pouvoir de Faure est tout sauf ce qu’on en dit. Faure Gnassingbé a donné à son parti un nom qui fait croire que son objectif principal est d’unir les Togolais, de semer dans les pays les valeurs d’unité et de solidarité. Rien que des apparences et des discours.

Au quotidien, ce sont des actes de division, de harcèlement et d’intolérance qui sont posés par ses collaborateurs. Tout se fait pour que quiconque n’adhère pas à ce parti ait la vie dure et regrette de voir les choses autrement. Dans le monde de l’enseignement par exemple, il y eut le GRAP RPT, ce machin atypique par lequel on a embrigadé le personnel de l’enseignement au service du parti de feu Eyadèma. Avec UNIR, la logique n’a pas changé. Un autre machin a été monté sur les ruines du GRAP et les pratiques ont continué tranquillement. Les postes de direction et les promotions sont, dans deux cas sur trois, l’apanage des membres de ce machin qui du coup fait de tous ces membres des militants du parti présidentiel.

Conséquence : tous les autres qui refusent de s’astreindre à l’hégémonie forcée du parti UNIR dans le secteur n’ont droit à rien, sinon à des miettes et à des tracasseries de divers ordres. Dans l’Administration Publique, les pratiques sont les mêmes. Il n’est pas jusqu’aux postes purement techniques qui ne sont confiés à des fonctionnaires dont le seul mérite est de posséder la carte du parti bleu. « Le mot de passe et le sauf conduit », voilà les noms qu’on donne à cette carte dans les secteurs de l’enseignement et de l’Administration Publique.

On peut deviner ce qui peut se passer dans la tête de tous ceux qui sont de près ou de loin liés aux deux secteurs : l’alignement pour échapper aux tracasseries, la fronde et l’assomption de la persécution. Le mot vient à point nommé pour soutenir que le Togo de Faure Gnassingbé est toujours un pays dans lequel les citoyens sont persécutés pour leurs opinions. En dépit de la constitution et de tous les traités et chartes qui reconnaissent les libertés collectives et individuelles, il se poursuit au Togo de Faure Gnassingbé la persécution politique. Tous les citoyens qui ne militent pas dans le parti qu’il faut, tous les autres qui ne savent se taire même quand ils ont faim et soif. Les exemples cités ci-haut le démontrent et il faut rappeler qu’ils ne sont pas les seuls exemples pertinents. Comme la démocratie, la rupture annoncée et proclamée ne doit pas être un mot, elle doit être un comportement. Il en est de même de la tolérance, de l’union et de la paix. Les actes parlent toujours plus forts que les mots.

Nima Zara
Le Correcteur

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