Togo - «La diaspora togolaise aux Etats-Unis est déçue du comportement et revirement de l’opposant charismatique togolais Gilchrist Olympio » Ce qui préoccupe la classe politique, c’est les réformes constitutionnelles et institutionnelles au Togo. En tant qu’acteur avisé de la scène politique, Nicodème HABIA, ex-député de l’Union des Forces de Changement (UFC) de Gilchrist Olympio, après un séjour aux Etats-Unis relate les craintes de la diaspora togolaise quant à l’organisation des élections présidentielles de 2015 sans les réformes.
« Pour la diaspora si Faure Gnassingbé tentait de se représenter en 2015 aux élections sans les réformes, il y aura certainement encore des morts».
Horizon news : Vous avez passé quelques jours aux Etats-Unis. Avez vous discuté de la politique du Togo avec la diaspora togolaise?
Habia Nicodème : J’avais une mission plurielle en allant passer les 90 jours aux Etats-Unis. D’abord pour des raisons d’ordre familial et ensuite rencontrer la diaspora togolaise pour réfléchir sur le devenir de notre pays en ce qui concerne l’actualité politique notamment que le président Faure Gnassingbé fasse les réformes constitutionnelles et institutionnelles avant les élections présidentielles de 2015. La diaspora togolaise se porte très bien et suit de près la situation politique comme économique et sociale dans notre pays. Juste vous dire que beaucoup des togolais ont la peur au ventre par rapport à la situation actuelle confuse qui prévaut et à un lendemain obscure comme d’habitude à chaque élection présidentielle au Togo. Ce qui est sûr, c’est que tous sont d’accord qu’un jour l’alternance va se produire au Togo.
Que proposent réellement les compatriotes des Etats-Unis?
D’abord, la diaspora togolaise aux Etats-Unis est déçue du comportement et revirement de l’opposant charismatique togolais Gilchrist Olympio qui a signé un accord depuis 2010 avec le pouvoir pour diriger ensemble le pays mais la déception est grande car à ce jour aucun résultat n’est perceptible à leurs yeux. Pour la diaspora, Gilchrist veut aider le président Faure Gnassingbé à se maintenir au pouvoir. Ce qui souffle de l’inquiétude totale et je vous avoue qu’elle est prête à donner des coups de main à l’opposition togolaise et à la population pour que les réformes se fassent sitôt. La situation dramatique de 2005 au pays après les élections présidentielles leur est restée encore en mémoire. Pour la diaspora, si Faure Gnassingbé tentait de se représenter en 2015 aux élections sans les réformes, il y aura certainement encore des morts ce qu’elle ne souhaite pas absolument.
Vous avez suivi depuis les Etats-Unis l’actualité avec les marches de l’opposition et du pouvoir et des ODDH. Qu’elle est votre position sur les réformes avant ou après les élections?
C’est aberrant que les réformes soient faites après les élections de 2015. Il faut nécessairement les réformes avant les élections. Je vous avoue que « c’est l’esclave qui se libère de sa servitude », donc le peuple doit se libérer. A mon avis, je suis d’accord avec les marches parce que le moment est arrivé pour que l’opposition mette la pression sur le président Faure Gnassingbé puisque tout semble être clair qu’il veut se maintenir au pouvoir comme son père.
Quant à ce qui concerne son respect de la constitution comme annoncé à Accra, s’il faut respecter une constitution, ce serait celle de 1992, celle du référendum populaire mais celle de 2002 tripatouillée, je ne serais pas d’accord.
Et dans ce méli mélo, où positionnez vous l’esprit de consensus entre les acteurs politique togolais?
Combien de fois, la classe politique ne s’est pas retrouvée, dialogue, CPDC, CPDC renové, Ouaga I et II, Togotélécom, toute cette histoire, c’est pour endormir le peuple. Il faut le concret maintenant ; çà suffit !
Que voulez-vous dire par le concret?
Tout simplement que le Président Faure Gnassingbé ne se représente plus aux élections de 2015 comme l’avait dit François Hollande dans son discours, deux mandats désormais pour chaque président en Afrique. Il peut revenir pour faire un autre mandat, mais ce 3è, le peuple ne veut pas.
Et pourtant les textes de la CEDEAO sont clairs sur un consensus avant toute modification de la constitution dans notre contexte actuel.
Qui est la CEDEAO ? Ce groupe d’amis, de copains qui ne soucie de personne. Au lieu d’aider Blaise Compaoré en lui prodiguant de sage conseils pour ne pas toucher à la constitution, ses amis l’avaient laissé faire et les conséquences sont là. Blaise Compaoré est devenu un exilé au Maroc alors qu’il a encore un an à faire au pouvoir. C’est la honte pour le continent. C’est la CEDEAO qui l’a trompé. Ceux là n’ont qu’à dire la vérité aux autres présidents avant qu’il ne soit trop tard. La CEDEAO s’amuse avec le destin des peuples. C’est pourquoi j’ai apprécié le discours de Hollande dont j’ai fait sortir un communiqué pour le soutenir car il a donné la voie libre à la société civile et à la jeunesse de se mobiliser pour l’alternance dans chaque pays. C’est un discours encourageant pour l’opposition !
Alors que vous voulez dire à l’opposition et au pouvoir pour que les réformes soient une réalité au Togo?
A l’endroit de l’opposition, je leur envoie un message de dynamique unitaire, elle est trop divisée avec trop de querelles à l’interne. Ceci ne l’avantage pas pour la révolution ! Les acteurs doivent savoir que pour l’avenir de ce peuple, le sacrifice est de rigueur ! Les opposants doivent savoir qu’il n’y a qu’un seul chef dans un groupe pour mener le combat et qu’il faut suivre éventuellement.
Au pouvoir en place, il urge que le président de la République Faure Gnassingbé sort par la grande porte. Le Togo a besoin d’un ancien président et non un ancien président à l’exil. Le Togo a besoin de Faure Gnassingbé pour des conseils prestigieux donc les deux mandats suffisent le troisième c’est de trop !