Togo - « La flatterie est à la fois alarmante et humiliante : alarmante parce qu'elle annonce un dessein secret de tromper ; humiliante parce qu'elle prouve que celui qui cherche par ce moyen à gagner votre confiance, vous croit capable d'être séduit par de ridicules éloges » (Constance de Salm, Pensées)
Gilchrist Olympio, « opposant historique » qui empêchait le Général Gnassingbé Eyadema de dormir sous ses deux oreilles, n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Il est devenu un minus que Faure Gnassingbé, doué en hypocrisie, manipule à sa guise. Bien que l’homme ne soulève plus de foule et ne représente plus rien dans le microcosme politique togolais, le chef de l’Etat sait que son seul nom suffit pour apporter un semblant de crédibilité à son régime. Faure Gnassingbé, fils du Général-Président et Gilchrist Olympio, fils du premier Président du Togo, ensemble ? Pour ceux qui ne sont pas bien au fait de la situation politique du Togo, c’est la paix des braves. C’est le début de réconciliation. Et Faure Gnassingbé en use et en abuse. « Vous avez observé la présence de M. Gilchrist Olympio dans notre délégation. Je voudrais en même temps profiter de cette occasion pour le remercier d’avoir accepté de nous accompagner dans ce voyage. Je pense que sa présence ici est l’un des symboles de la réconciliation qui est en cours au Togo. Mais cette réconciliation et ce symbole ont une racine, une fondation qui est le progrès démocratique, le progrès dans la construction et la consolidation d’un Etat de droit », a expliqué M. Gnassingbé lors de son point de presse à Accra. Ainsi, il était obligé de traîner avec lui son trophée de chasse, mieux, le « tableau » Gilchrist Olympio qui embellit son régime. Au cours d’un dîner que John Mahama a offert à la délégation togolaise, on a vu le « décor de la République » se mettre entre les deux chefs d’Etat pour recevoir peut-être des consignes.
Par conséquent, le « fils de la nation » n’a pas manqué de remercier le « fils de l’indépendance » pour l’avoir accompagné dans ce voyage. « Sa présence est l’un des symboles de la réconciliation qui est en cours au Togo, s’est encore félicité Faure Gnassingbé dans un communiqué rendu public en fin de semaine dernière. Mais cette réconciliation et ce symbole ont une racine, une fondation qui est le progrès démocratique, un ciment qui est le mieux-vivre et le mieux-vivre ensemble pour tous les Togolais. Le progrès dans la construction et la consolidation d’un Etat de droit. C’est aussi cet état de fait qui nous a permis d’aller vers la normalisation de nos relations avec le Ghana parce que nous partageons les mêmes principes de démocratie et de liberté avec ce pays ».
Quelle est cette réconciliation qui se résume à ces deux personnes alors que le mystère autour de l’assassinat de Sylvanus Olympio demeure entier ? Cette réconciliation a-t-elle un sens quand le sépulcre du premier Président du Togo est toujours au Bénin ? Gilchrist Olympio n’a-t-il pas eu un pincement au cœur lorsque Faure Gnassingbé est allé se recueillir dans le mausolée de Kwame Nkrumah, Père de l’Indépendance ghanéenne ? Peut-on parler de réconciliation quand le nom de Sylvanus Olympio n’est associé qu’à la misère : Rue Sylvanus Olympio faite de malheureux pavés et CHU Sylvanus Olympio ?
Comme l’enseigne Jean de la Fontaine dans « Le corbeau et le renard », « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Entre nous, et si Faure Gnassingbé étendait cette réconciliation tant proclamée à Kpatcha et ses codétenus et ainsi qu’à Pascal Bodjona ?