Le président de la fédération Togolaise de football (Ftf) a été arrêté dans la nuit du 4 au 5 décembre et est détenu à la Police Judiciaire de Lomé. Les premières informations exclusives de Afrika Express font cas d’une double vente de maison et d’une autre affaire non encore révélée. Si Ameyi Gabriel est accusé de gangstérisme sportif, la main du régime est visible derrière cette arrestation à quelques heures d’un congrès important.
C’est en son domicile qu’il a été interpellé, tard la nuit, entre 23h et 1h du matin, selon plusieurs témoignages concordants. Ramené à la Direction de la Police Judiciaire à Lomé, il a été aussitôt placé en garde à vue. Si plusieurs plaintes auprès de la Fifa existent contre lui à l’initiative de plusieurs clubs du pays, c’est une affaire d’escroquerie qui justifie son arrestation. Le tout porte sur une grande maison qu’il aurait vendu par deux fois. Mais nos enquêtes nous ont révélé qu’il ne s’agit pas exactement d’une double vente. « Il a mis la maison en garantie auprès d’un homme d’affaires togolais aujourd’hui échu » confie une source très proche du dossier qui ajoute, « puis il a revendu ladite maison à Adjavon Sébastien » un autre homme d’affaire béninois et magnat du football. En effet, il y a quelques années, alors que ses affaires ont commencé leur chute vertigineuse, à cause de l’hostilité personnelle que lui voue Faure Gnassingbé selon ses partisans, Ameyi Gabriel a dû solliciter un prêt de 950 millions auprès de l’un de ses amis, homme d’affaires à Lomé.
En garantie, il a remis les titres fonciers de ladite maison, évalué à 1,4 milliards par des experts. Le délai de remboursement étant dépassé, le créancier a saisi, comme le prévoit les clauses les liant dans cette affaire, la maison. Mais entre-temps, le président de la Ftf aurait, selon une source proche de ses détracteurs, « revendu la même maison à Adjavon Sébastien« . C’est ce dernier qui a porté plainte et après avis du sommet, la police judiciaire a lancé une enquête préliminaire dans laquelle elle a senti le besoin d’écouter l’intéressé. Compte tenu du fait que nous soyons en weekend, la garde à vue pourrait être prolongé.
Selon une dernière information, l’homme d’affaires béninois est en route pour Lomé alors que ses avocats y sont depuis plusieurs trois jours. Contacté par le bureau béninois de Afrika Express, l’homme d’affaires ne veut pas faire de commentaires.
Certains voient dans cette affaire une « affaire politique« . Un journaliste proche du président et contacté par notre rédaction n’en doute plus, « on le cherchait » a-t-il confié à Afrika Express. Le tout intervenant à la veille d’un congrès de la fédération, qui doit mettre sur pieds un comité pour organiser le congrès électif, alors que le mandat de Ameyi a pris fin depuis le 04 novembre, il y a de quoi faire le lien quand il est interpellé à la veille dudit congrès. Plusieurs clubs se sont levés contre lui ouvertement et ont demandé son départ. Alors qu’il est un malin manipulateur, le président devrait, grâce à sa fortune flottante mais encore élevée, s’en sortir.
Ancien député du parti au pouvoir, il a été empêché par Faure Ganssingbé, président du Togo, de se représenter lors des dernières législatives. Et pour cause ? A la veille du congrès de 2010, le chef de l’Etat lui avait demandé de ne pas être candidat, l’informant de ce que l’Etat avait un candidat « niet » avait répondu le richissime de Womè (140km de Lomé), depuis, le régime l’a appauvri en le privant de plusieurs marchés.
Pour l’élection prévue à la fédération dans les prochaines semaines, c’est un autre homme d’affaires, Wona Germain, ancien président de Agaza que soutiendrait le gouvernement. « Il est tout aussi sulfureux et peu instruit » s’emportent ses détracteurs, « Améyi n’est pas plus instruit » marmonnent ses sympathisants. Mais « Faure ne veut pas annoncer un candidat sans être sûr de mettre à genoux le rebelle », confie une source maison. La guerre sera longue et sanglante !