En 2005, l’on avait naïvement cru que même s’il n’était pas profondément ancré dans les mœurs et cultures qui font la fierté du togolais en général et du Kabyè en particulier, les conditions controversées dans lesquelles Faure Gnassingbé a pu arracher le fauteuil de son père défunt allaient l’amener à relever le défi de la dignité et du respect de la personne humaine.
L’on avait vraiment eu bon espoir que le Prince héritier allait faire violence sur ses aises pour se donner l’image d’un vrai leader qui allait réparer les scories et manquements laissés par le feu général.
L’on se disait que de par son profil qui nous a été présenté par ses griots de l’époque, que le fait qu’il ait longtemps évolué à l’ombre de son père, l’homme avait cet avantage de connaître chacun des dinosaures qui ont induit son père en erreur et que de ce fait il saurait, par une stratégie nouvelle et avertie, mettre sur pied un nouveau système de gouvernance qui allait se jouer de toutes ces bévues du passé.
Mais hélas. Plus le temps passe, plus l’on s’aperçoit que le père était largement mieux et à tout point de vue que le fils. L’on note avec désarroi et désolation que le fils n’a ni les bretelles ni la vision qu’il faut pour gérer des hommes dans un contexte aussi délicat que celui du Togo.
Certes, dès ses premières années, il a su jouer au félin, réussissant ainsi à endormir pratiquement tout le monde y compris la communauté internationale.
Il a su faire valoir son allure calme, son semblant de sérénité naturelle pour donner aux togolais, l’illusion complète d’un homme de détachement qui sait se mettre au-dessus de la mêlée, qui sait prendre le temps de murir sa pensée avant d’agir.
Mais toute cette impression que l’on avait du Prince n’était justement qu’illusion.
Aujourd’hui est accompli que le fils du père veut littéralement égarer le Togo et les togolais dans une culture effarante de facilité, de légèreté et de bassesse. C’est cela le vrai danger qui guette le Togo et le peuple togolais.
Il apparait clairement que le régime qui régente aujourd’hui les togolais s’est inscrit dans un je-m’en-foutisme inquiétant.
La vie humaine elle-même est banalisée, les meurs et les valeurs elles aussi. Les lois de la République sont foulées au pied.
Le Prince et ses sbires incarcèrent les citoyens au gré du vent et selon leur humeur sans manière ni méthode. La méchanceté et la cruauté transparaissent dans chacun des actes qu’ils sont amenés à poser au sommet de l’Etat.
Devant de telles réalités créées exprès pour intimider et même terroriser les citoyens, que veut-on laisser au peuple togolais et à ses générations futures comme héritage ?
Le problème est sérieux, tellement sérieux que l’on ne saurait penser que l’équipe actuelle quels que soient les efforts qu’il entreprendra de gré ou de force, pourra le résoudre.
Ces bassesses dont nous faisons état ici sont consubstantielles à leur être, disons une sorte de seconde nature que l’on ne saurait aisément dessoucher.
La solution est justement de les aider à quitter dignement le pouvoir et de faire tout pour y mettre un homme de vision, un leader capable d’insuffler une dynamique nouvelle au pays.
Il ne saurait en être autrement surtout que l’environnement international se montre de plus en plus hostile aux présidences à vie en Afrique.
En clair, les togolais ont aujourd’hui un défi de taille à relever, celui d’assurer une alternance pacifique à compter de 2015.
C’est plus qu’un impératif si l’on veut enfin sauver le pays du précipice et de l’inquiétante dépravation des mœurs et valeurs dans lesquels tout ce peuple est plongé aujourd’hui.