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Liberté N° 1840 du 5/12/2014

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TOGO : Gabriel Améyi arrêté et gardé à la DCPJ pour une affaire de double vente de maison
Publié le mardi 9 decembre 2014  |  Liberté


© Autre presse par DR
Gabriel Ameyi, président de la Fédération togolaise de football (FTF)


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. Avec une possible résurrection d’autres dossiers, l’ancien député de Womé guetté par les affres de la prison

Le 6 décembre dernier, devait se tenir àl’INFA de Tové le congrès extraordinaire de la Fédération togolaise de football (FTF) destiné à mettre en place une commission électorale chargée d’organiser la prochaine élection. Un congrès que Gabriel Komlan Kouma Mawulawoé Améyi préparait en vase clos, avec l’espoir de s’offrir un deuxième mandat. Mais l’imprévisible se produit en fin de soirée de jeudi dernier : l’homme a été arrêté à l’aéroport de Lomé et gardé à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) pour une affaire de double vente de maison. Mais il pourrait être rattrapé par d’autres affaires comme celle du bois au Port autonome de Lomé. C’est le crépuscule d’un intouchable du RPT-UNIR.
De l’avion au cachot de la DCPJ

Le mercredi 3 décembre dernier, la Confédération africaine de football (CAF) a procédé en Guinée Equatoriale au tirage au sort de la 30ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Comme tous les autres présidents de fédération, Gabriel Améyi y était invité, même s’il a tout fait pour que les Eperviers ne participent pas à cette grande messe du football continental. Dans la capitale équato-guinéenne, tout s’est bien passé et l’« empereur de Womé » ne savait pas qu’un traquenard l’attendait à Lomé à quelques jours de « son » congrès de l’INFA de Tové.

En fin de soirée du jeudi 4 décembre, l’avion atterrit et Améyi, tout heureux de revenir au pays, s’apprêtait à faire les formalités quand il a été prié par un policier de le suivre. Loin des yeux des autres passagers et autres curieux, il lui a été signifié qu’il était en état d’arrestation. Améyi ne passera pas la nuit chez lui, mais dans un cachot de la DCPJ. Et ce n’est que le lendemain que les premières bribes d’informations sont tombées : l’ancien député de Womé est entendu dans une affaire d’escroquerie. Une procédure qui fait suite à une plainte de l’homme d’affaires béninois et féru du football, Sébastien Ajavon.

De sources proches du dossier, Gabriel Améyi, pour qui rien ne marchait, aurait contracté auprès de Pierrot Akakpovi, homme d’affaires togolais qui vit au Ghana après avoir eu maille à partir avec le pouvoir en place, un prêt de plusieurs centaines de millions de FCFA. On parle de 800 à 950 millions de FCFA. Dans cette procédure, il aurait mis sa maison à Accra en garantie avec le titre foncier. Mais n’ayant pas pu payer sa dette dans le délai échu, et après des relances pendant plus de trois ans, le très sulfureux président de la FTF s’est vu retirer la maison, conformément aux clauses du contrat. Or, il aurait entre-temps commis une gaffe en revendant la même maison au richissime béninois Sébastien Ajavon. Après avoir encaissé l’argent, Gabriel Améyi ne donne plus de signe de vie. Les incessants appels téléphoniques n’y changent rien. Désappointé, Sébastien Ajavon porte plainte et Interpol a été mis à contribution. Jeudi dernier, la course du président de Maranatha de Fiokpo s’est arrêtée à l’aéroport de Lomé. Une affaire qui rappelle une autre qu’il a eue avec Sheyi Emmanuel Adebayor. Selon les informations, le capitaine des Eperviers a dû payer doublement pour la maison qui lui a été vendue à Accra. Mais jusqu’à ce jour, il n’aurait eu aucun document de la maison, apprend-on.

Selon les informations en notre possession, Gabriel Améyi est parti pour rester longtemps derrière les barreaux. Cette affaire de double vente ou d’escroquerie, c’est selon, ne serait que l’arbre qui cache la forêt des magouilles de l’homme. Il nous revient que l’affaire du bois « Azobé » au Port autonome de Lomé qui lui a rapporté plusieurs dizaines de milliards de FCFA, pourrait être ressuscitée. « Mais ce dossier risque d’emporter beaucoup de personnes. Ce business, il l’a fait avec un ancien cadre du PAL, aujourd’hui député à l’Assemblée nationale. En plus, il a utilisé cet argent pour financer les activités du parti présidentiel dans le Kloto », affirme une source bien renseignée. Sans oublier les nombreux prêts sans caution qu’il a contractés auprès de la Banque togolaise pour le commerce et l’industrie (BTCI) et la mauvaise gestion des fonds mobilisés dans le cadre de la CAN sud-africaine en 2013.

En fin d’après-midi de samedi, le président sortant de la FTF aurait été présenté au juge et serait prêt à verser 200 millions FCFA. Mais il se pose la question de savoir si cela suffirait pour le sortir du cachot de la DCPJ.

Du « bôbôbô » à Womé et de l’argent

Agé de 50 ans, Gabriel Komlan Kouma Mawulawoé Améyi est le neveu du Général Mawulikplimi Améyi, très proche de l’ancien président Eyadema. Certains affirment d’ailleurs qu’il a passé l’enfance avec Faure Gnassingbé chez le Général Améyi. Le chef de l’Etat et le président de la FTF se connaissent très bien. Comme son oncle s’est saigné pour les Gnassingbé, ceux-ci le lui ont bien rendu en fermant les yeux sur ses magouilles. C’est ainsi que Gabriel Améyi s’est sur-enrichi dans le commerce du bois « Azobé ».

Ayant suffisamment de l’argent, il se lance en politique en se faisant élire député à l’Assemblée nationale et prend la tête du petit club de football, Maranatha de Fiokpo. Avec la présence de Rock Gnassingbé à la tête de la Fédération, le petit club du village se retrouve très rapidement parmi l’élite et devient la capitale du football togolais. Dans la foulée, l’homme réussit à construire un stade de 10 000 places répondant aux normes de la Fédération internationale de football association (FIF). De fait, journalistes, hommes politiques, religieux, etc. ne lésinaient pas sur les moyens pour aller assister aux matches de Maranatha à Womé. Des billets neufs étaient distribués à tout le monde, la bière coulait à flot, les déhanchements des danseuses de « bôbôbô » adoucissaient l’atmosphère. C’était la bombance.

Saoulé par l’argent, Gabriel Améyi était aussi tenté par la chair fraiche. Et au cours du premier trimestre de l’année 2008, il est éclaboussé par une affaire de viol sur une mineure de 16 ans. Le Collectif de défense des droits de l’enfant crie haro sur l’homme et adresse une lettre au Président de l’Assemblée nationale afin que son immunité parlementaire soit levée : « En conséquence, il est inconcevable et inacceptable que des gens mal intentionnés sabotent ce travail et cette grande réputation. Seule la levée de l’immunité de l’Honorable Améyi sous les soixante-douze heures et sa traduction en justice constitueront aux yeux de l’opinion nationale et internationale une preuve qu’il n’existe pas deux justices au Togo et que le glas de l’impunité a sonné. Nous comptons sur votre soutien qui ne nous a jamais fait défaut et votre diligence pour lever l’immunité de l’Honorable Améyi et permettre à la justice de suivre son cours dans l’intérêt supérieur de la victime et de tous les enfants du Togo ». Un test d’envergure pour l’Assemblée nationale togolaise qui, quelques mois plus tôt, avait voté la loi portant Code de l’enfant qui punit de 5 à 10 de réclusion criminelle tout acte de viol sur mineur.

Encore une fois, Améyi a utilisé son argent pour étouffer l’affaire. Abass Bonfoh, Président de l’Assemblée nationale d’alors qui a toujours bénéficié des largesses de l’homme, aurait même menacé de démissionner s’il était obligé de faire passer cette levée d’immunité. De plus, beaucoup de juges ont été mouillés et l’affaire a été classée « sans suite pour défaut de charge et retrait de plainte ».

Membre du nouveau bureau de la FTF élu au congrès de janvier 2007, Gabriel Améyi a fait la misère à Tata Avlessi. Tout le monde se souvient de la rocambolesque affaire de corruption d’arbitre qu’il a montée contre l’homme de Masséda, avec la complicité active de certains membres de la CAF. « C’est qui Tata Avlessi ? Il va se perdre dans mon argent », aimait-il à dire. Pour faire court, disons qu’être Président de la Fédération était une obsession pour l’ancien député de Womé et il a dépensé tout son argent pour saboter les différents bureaux qui s’y sont succédé. Mais le temps qu’il monte au pinacle, tout est fini. Celui qui avait l’habitude de dire que son argent finira le jour où la mer disparaitra, commence à tirer le diable par la queue. De fait, il ne peut que jeter son dévolu sur les financements de la FIFA.

La descente aux enfers

Candidat à l’élection de 2009 à la FTF, Gabriel Améyi a été forcé de revoir ses prétentions à la baisse et figurer sur la liste conduite par Rock Gnassingbé. Une sujétion qui lui est restée en travers de la gorge. Il s’est alors mis en retrait tant sur le plan sportif que politique. Mais après l’élection présidentielle de 2010, il est suspecté d’avoir financé la campagne de son ami Gabriel Agbéyomé Kodjo. Le bon score réalisé par le Président d’OBUTS dans la préfecture de Kloto a renforcé les suspicions. A l’époque, certains ont révélé que c’était un journaliste à qui il avait acheté une BMW, qui aurait filé l’information aux services de renseignements. « Il faut lui couper tous les ponts. Son argent, il l’a trouvé où ? C’est grâce à nous », aurait dardé l’entourage du chef de l’Etat. Adieu donc le commerce du bois « Azobé » !

L’autre fait qu’on reproche dans le sérail au président de Maranatha, c’est la cabale qu’il a montée contre Rock Gnassingbé et qui a abouti au vote de défiance ayant emporté son bureau. Une trahison que le clan et ses soutiens n’ont jamais digérée. Mais les choses ne vont pas s’arranger avec l’élection de novembre 2010 à la Fédération. En dépit des nombreuses pressions, Améyi a maintenu sa candidature face à celle d’Essoyaba Boukpessi, présenté comme le candidat tout craché du palais de Lomé 2. Et il a mis les moyens pour passer. C’est depuis ce temps-là qu’il est dans l’œil du cyclone.

N’ayant plus la confiance du chef de l’Etat, il n’aura aucun rôle notable dans l’implantation de l’UNIR dans le Kloto. Faure Gnassingbé a décidé de le contourner et Améyi le sait, même s’il incarne parfois le paraître en participant aux manifestations du parti. Et pour l’empêcher de brandir plus tard une quelconque immunité parlementaire, son nom a été biffé parmi les candidats de l’UNIR aux législatives de juillet 2013. « Le chef de l’Etat ne veut pas de toi », lui aurait-on signifié à l’époque. Malgré tout, il a battu campagne pour le compte du parti. Il y a un an, nous avons même annoncé qu’il allait être arrêté par le clan que son oncle et lui ont servi.

De tout ce qui précède, le pouvoir en place n’attendait que la fin de son mandat pour mettre le grappin sur lui. Il savait qu’en le coinçant sur sa gestion scabreuse de la Fédération, la FIFA parlerait d’ingérence et brandirait la menace de sanction. C’est pourquoi les autorités togolaises sont en train de se blottir derrière des affaires de délit de droit commun pour neutraliser cet homme qui se croit intouchable. Des indiscrétions, Gabriel Komlan Kouma Mawulawoé Améyi est parti pour rester longtemps derrière les barreaux. Il pourrait être déféré très prochainement à la prison civile de Lomé. Affaire à suivre. Kédjagni
Liberte Togo

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