Le secteur privé doit être le moteur de la croissance. Les jeunes doivent bénéficier d’une formation universitaire de qualité adaptée aux réalités du marché. Enfin, le Togo doit faire le grand bond technologique pour offrir à la jeunesse des opportunités dans de nouveaux métiers.
C’est le discours qu’a tenu Madani Tall, ancien directeur des Opérations de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest, devant des cadres de plusieurs ministères. Il intervenait à l’occasion d’une session de formation organisée par l’école française de management HEC et le ministère togolais de l’Economie et des Finances.
Dans l’entretien qui suit, Madani Tall, explique comment le Togo peut garantir sa croissance avec une feuille de route claire qui fait la part belle à l’entrepreneuriat.
Republicoftogo.com : Lors de votre exposé mardi devant les hauts fonctionnaires, vous avez insisté sur le rôle que doit jouer le secteur privé
Madani Tall : Ma réflexion a en effet porté sur le développement du secteur privé, du renforcement de la croissance et de la création d’emplois pour les jeunes. J’ai illustré mon propos avec quelques exemples de pays que je connais, symboles des +best pratices+, des cas d’écoles, des exemples de succès dont pourrait s’inspirer le Togo afin de renforcer la croissance. Et effectivement, le rôle du secteur privé es déterminant à la fois pour assurer le développement économique, mais également comme source d’emplois stables et bien rémunérés pour la jeunesse.
Le Togo dispose déjà d’une stratégie de croissance et de promotion de l’emploi. Il existe une agence spécialisée sur ces questions. Ce sont là des éléments très encourageants.
Republicoftogo.com : Quels sont les secteurs clés susceptibles de tirer la croissance vers le haut ?
Madani Tall : Le Togo doit mette à niveau ses infrastructures énergétiques, de transport, de logistiques et de télécommunications. Il est important aussi d’assurer la formation dans les universités, mais une formation qui réponde vraiment aux besoins du secteur privé. D’ailleurs, les entreprises peuvent orienter le monde universitaire vers des programmes adaptés. Il doit y avoir adéquation entre formation et emploi.
Si le Togo veut attirer les investisseurs étrangers, il faut travailler à l’amélioration de l’environnement des affaires. La justice doit être efficace et transparente, la gouvernance doit être bonne et la sécurité assurée de même que la cohésion sociale. Voilà quelques recommandations utiles.
Republicoftogo.com : Le Togo dispose d’ores et déjà d’atouts majeurs comme le port de Lomé
Madani Tall : Oui, vous avez raison de le mentionner. C’est effectivement un atout majeur pour le pays. Le potentiel est extrêmement important. Il permettra de créer des ressources qui iront renforcer le budget de l’Etat afin de financer l’éducation, la santé, les routes, etc…
Republicoftogo.com : Le pays compte une population jeune. Comment répondre aux attentes légitimes ?
Madani Tall : Il faut renforcer les réformes dans le secteur des télécommunications, non seulement internet mais également dans la téléphonie mobile. C’est un domaine où il y a beaucoup d’efforts à faire. Mais le secteur des télécoms en est un parmi tant d’autres. Les jeunes doivent s’intéresser au secteur agricole à fort potentiel. Il faut qu’ils entreprennent dans le domaine des services, de la logistique, etc…Il existe de nombreux secteurs porteurs. Il faut deux conditions, d’abord une formation de qualité, ensuite une économie forte et enfin un marché du travail en croissance.
Tout ceci est clairement contenu dans la SCAPE*. Il faut désormais opérationnaliser ce programme.
* Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi