Farida NABOUREMA: "Dans les pays normaux, il n’y a rien de mal à contacter un parlementaire"

Politique

Publié le jeudi 18 decembre 2014 | icilome

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Farida Nabourema, membre de la diaspora togolaise, auteure de "La Pression de L’Oppression".
Photo utilisée à titre d`illustration.

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Togo - Il y a quelques semaines elle faisait une entrée fracassante sur la scène mediatico-politique du Togo avec en toile de fonds une guerre implacable contre le régime UNIR. Depuis,Farida NABOUREMA ne laisse plus personne indifférente. Il faut dire que la belle jeune dame a révélé aux Togolaises et Togolais l’existence de ces jeunes femmes de valeur qui à l’instar de leurs grandes sœurs que sont les Brigitte Adjamagbo, Isabelle Améganvi et les Victoire Tomégah Dogbé ne sont pas là pour s’occuper des casseroles. Icilomé a voulu savoir un peu plus sur Farida: son engagement politique, sa guerre contre UNIR et son opinion sur certains sujets.

Bonjour Farida

Bonjour

Présenter vous un peu à nos lecteurs

Je suis Farida Nabourema, africaine d’origine togolaise et militante des droits des peuples africains.

Qu’est ce qui a poussé et fondé votre engagement politique

Mon père pour commencer car depuis les années 70, il milite contre le régime dictatorial des Gnassingbé et il est un fervent anti-impérialiste. Ensuite les études universitaires car j’ai étudié la Politique Internationale dans une université classée comme étant la plus politiquement engagée des Etats-Unis et enfin la passion pour l’histoire de l’Afrique qui m’encourage à lire et à faire des recherches sur l’histoire des peuples africains qui durant les siècles derniers, fut tachée par les crimes des impérialistes. Toutes ces choses m’ont fait réaliser l’importance de lutter pour la restauration de l’intégrité et de la dignité des peuples africains en général et celui du peuple togolais en particulier.

On remarque depuis quelques semaines sur le net une campagne «Faure Must Go». Pouvez-vous nous en dire un peu plus?

F.A.U.R.E Must Go existe depuis presque 4 années. Et ce n’est pas une campagne mais un mouvement qui a pour principal objectif de faire partir un système que nous définissons comme la Fédération des Assassins et des Arrivistes Unis pour Remplacer Eyadèma. Et ce système est principalement incarné par le fils d’Eyadèma Gnassingbé que les puissances impérialistes ont imposé au peuple togolais afin de continuer à piller notre pays le Togo.

Notre militantisme est un peu différent de par sa mission et ses moyens d’actions car nous pensons qu’il est nécessaire d’innover en activisme politique pour avoir un réel impact. Ceci étant, nous essayons des choses qui n’avaient pas été faites par le passé car une petite action peut servir d’étincelle qui fera exploser un régime impopulaire comme celui de Faure Gnassingbé.
Si nous avons été remarqués ces dernières semaines, c’est parce que les zélés du régime RPT-UNIR nous ont fait l’honneur d’une publicité. Dans les pays normaux, il n’y a rien de mal à contacter un parlementaire ; mais dans un pays paranormal comme le Togo ou les autorités pensent détenir un pouvoir divin, appeler un député est vu comme une offense. Christophe TCHAO nous a donné la réaction que nous souhaitions car il nous a permis de faire découvrir au monde entier que nous sommes dirigés par des personnes incultes et imbues qui non seulement ignorent leurs devoirs mais en plus, n’ont aucun respect pour leurs concitoyens.

Nous revenons sur votre clash avec le député Christophe Tchao; c’est quoi au juste le problème?

Je n’ai pas eu de clash avec Christophe mais c’est plutôt lui qui m’a clashé car étant incapable d’engager une conversation. Ce monsieur a prouvé à tous qu’il est un brouillon car un intellectuel ne réagit comme on il l’a fait quand on l’appelle pour avoir des informations d’autant plus si c’est un élu.
Mais étant donné que lui fut nommé par Faure Gnassingbé et non élu par le peuple, il a voulu affirmer son complexe de supériorité sur ma personne et malheureusement pour lui, je ne suis pas de ceux qui se laissent intimider par des personnes qui ont le devoir de me servir en tant que citoyenne togolaise. TCHAO aurait été un peu moins malpoli et un plus professionnel que jamais personne n’aurait su que les députés d’UNIR sont perturbés par les coups de fil des citoyens. Mais à présent que nous le savons, nous multiplierons nos efforts dans ce sens, surtout que nous avons gagné grâce à cette affaire, plusieurs milliers de supporters et d’adhérents.

Si à Faure Must Go nous avons pris la décision de publier les numéros de téléphones et adresses email de tous les parlementaires togolais sans distinction de partis politique comme veut le faire croire TCHAO, c’est parce que nous pensons qu’il est absolument légitime que les citoyens togolais puissent exprimer leurs mécontentements à leurs législateurs aussi bien de l’opposition que du régime au pouvoir. Malheureusement les législateurs impopulaires d’UNIR ont emprunté la voie des injures et des intimidations allant jusqu’à menacer certains de les faire emprisonner. Ceci démontre que le Togo n’est absolument pas un état de droit.

Que reprochez-vous au président Faure Gnassingbé?

A l’individu, rien. A l’entité politique qu’il incarne, la fraude, le non-respect des institutions étatiques, la violence, la torture, le détournements de fonds public, la gabegie et surtout les conséquences de sa mauvaise gouvernance qui ont fait que le Togo a occupé 3 fois sous son règne la place du pays ayant les populations les plus malheureuses de la planète.
Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir par coup d’Etat, s’y est maintenu par les fraudes électorales et les violences et en moins de 10 ans de règne, plus de capitaux ont fui le pays que durant les 38 ans de règne de son père. Ceci est totalement déroutant et insoutenable.

Croyez-vous que l’opposition togolaise est exempte de tout critique?

Souvent quand on me parle d’opposition togolaise, je ris parce que c’est une erreur de parler d’opposition togolaise. Le terme devrait être pluralisé c’est-à-dire «Les oppositions togolaises», car au sein de toute cette maille de partis qui se réclament de l’opposition, il y en a qui sont opposés à leur misère, d’autres à leurs anciens copains du RPT et certains à l’oppression des peuples de façon générale. Ce qui veut dire que dans ce groupe, tout le monde n’a pas la même vision et encore moins les mêmes convictions. Et cela est tout à fait normal dans un état multipartiste. Alors je ne pourrai pas juger ce que vous appelez « l’opposition togolaise » car je risque d’être injuste envers les visionnaires qui se battent pour le réel épanouissement du peuple togolais. Toutefois je ne manquerai de dire que si le Togo va mal aujourd’hui, c’est en parti la faute à toutes ces personnes qui tantôt son à gauche, tantôt à droite et qui pour quelques petites faveurs sont prêtes à compromettre leurs principes. Ceux-là se reconnaitront et méritent autant de critiques voire même plus que le régime au pouvoir. Chose que je n’ai jamais manqué de faire sur mon blog à chaque fois que ces « opposants » de circonstance sortent de leurs cages.

Comment voyez-vous notre opposition? Est-elle sur la bonne voie?

Je pense que ma réponse à la question précédente invalide un petit peu celle-ci. Pour moi il y a des oppositions togolaises et elles toutes ne vont pas la même direction. Il leur sera donc impossible d’être tous sur la bonne voie car les voies sont multiples. Moi je milite pour un état de droit et je pense que tous ceux qui se trouvent sur cette voie sont sur la bonne. La construction d’un état de droit est un processus très long et il faut le faire avec patience et abnégation. Il y aura toujours des hauts et des bas et souvent c’est quand on s’y attend le moins que les choses changent. Tous les togolais qui sont contre ce régime et envisagent un Togo libre, souverain et prospère et qui se battent pour bâtir ce Togo auront tôt ou tard gain de cause car aucun peuple ne demeure éternellement soumis et opprimé.

Vos conseils à la jeunesse togolaise...

Je leur dirai surtout à ceux qui ont moins de 25 ans et qui sont la majorité au Togo que nous incarnons la démocratie du simple fait que nous sommes les plus nombreux. Je dis toujours par analogie que nous sommes nés à l’âge des photos et télévisions couleurs et que nous ne devons donc pas voir les choses en blanc et noir comme nos aînés. Nous devons avant tout éviter la pensée unique en nous cultivant sur autant de sujets que possible afin d’avoir notre mot à dire sur la gestion de notre pays.
Il est de notre devoir d’assurer aux générations futures un avenir meilleur que notre présent et ceci ne peut se faire qu’en se débarrassant de tous les systèmes oppressifs qui empêchent notre épanouissement. Ce n’est qu’ainsi que nous aurons le pouvoir de gérer et de profiter de nos ressources qui nous permettront de bâtir notre cher Togo.

Merci Farida

C’est moi qui vous remercie.

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