La commission électorale nationale indépendante (Céni) continue de progresser comme si de rien n’était. L’opposition dont une partie y est représentée, joue le jeu malgré elle tout en criant réformes politiques et électorales. La commission électorale a établi son chronogramme électoral et si rien n’est fait, le Togo va vers un nouveau coup de force dans le cadre du scrutin présidentiel de 2015.
Ainsi le 20 janvier 2015, le corps électoral est invité à se faire recenser. La Céni va vite avec la mise en place de 42 commissions électorales et des centres de recensements. Elle assure dans la foulée les formations de ceux qui vont outiller la force sécurité élection présidentielle 2015 de même que les formations pour les acteurs de la société civile et ceux des médias. Tout ceci rien que pour le compte du mois de décembre 2014. Pour une commission qui n’avait aucun moyen financier il y a encore quelques semaines, le pouvoir togolais, champion dans les organisations électorales à la va vite décaisse des fonds qui vont servir à organiser le hold-up de 2015 avec la caution de l’ensemble de la classe politique.
Pendant que l’opposition, la société civile, les religieux, les représentations diplomatiques, la France, invitent Faure Gnassingbé, qui refuse les réformes depuis 2006 de les faire pour garantir des élections crédibles pour le Togo, le numéro togolais fonce telle une autruche dans une organisation boiteuse aux conséquences désastreuses pour le Togo qui mérite de rentrer dans une ère démocratique après un demi-siècle de monarchie.
Par ailleurs, la seconde proposition de loi introduite par l’opposition parlementaire va être examinée ce lundi 22 décembre par la commission des lois. Connaitra-t-elle le même sort que la première au nom des députés du pouvoir qui ont voté contre toutes réformes ?
Les manifestations qui restent pour l’instant l’apanage du CAP 2015 dont Jean Pierre Fabre est le candidat compte les intensifier à travers tout le pays pour obtenir ses réformes. La synergie des ODDH ne va certainement pas rester en marge de la rue. Ces méthodes feront-elles fléchir Faure Gnassingbé et apparatchiks ? Pour l’heure l’entourage du prince et certains milieux diplomatiques soutiennent que Faure reste serein, arrive même à rigoler de ces manifestations car convaincu qu’elles n’auront pas d’effet.
Faure Gnassingbé devrait cesser de comparer la moyenne des 300 marches du FRAC de 2010 à 2014, pour réclamer la victoire de Fabre au scrutin présidentiel de 2010 et analyser l’évolution du contexte régional, sous régional et international avec l’appel à lui lancer par le numéro un français François Hollande à faire les réformes et la chute inattendue, brutale de son père politique et spirituel, Blaise Compaoré. Tout chef d’état dans la posture de Faure Gnassingbé qui est venu au pouvoir dans des conditions rocambolesques doit faire profil bas et penser à une vie après le pouvoir. « Tôt ou tard Gnassingbé fils quittera le pouvoir autant s’en accommoder et sortir par la grande porte », lâche un diplomate en fonction à Lomé.
Faure Gnassingbé risque d’être surpris par les évènements et l’opposition ferait mieux de revoir les méthodes de mobilisation pour que les marches ne deviennent de nouvelles promenades de santé.
Dans la foulée un comité de suivi du processus électoral dans lequel pouvoir et une partie de l’opposition s’y retrouve, a tenu une première réunion sous la conduite du premier ministre Arthème Ahumey Zunu. De sources proches de cette réunion, l’opposition, pincement au cœur à en croire un de ses membres accompagne ce processus biaisé, a tendance à le crédibiliser tout en réclamant les réformes. A la question sur quelle base certaines entités se retrouvent dans ce comité dit de suivi du processus ? Le ministre de l’administration territoriale n’a pu apporter de réponse appropriée. Il a ajouté à son interlocuteur qui est un responsable politique que son parti recevra dans les meilleurs délais sa lettre d’invitation pour intégrer le fameux comité. Ainsi vont les choses au Togo. Avis aux autres partis non invités à réclamer d’avoir un droit de regard. Peut-être que le ministre Bawara se rappellera d’eux. A croire que l’administration n’a aucune cartographie des formations politiques et les informer du déroulement bancal, organisé à dessein du processus.
Le pouvoir de cesser de donner l’impression d’organiser son élection présidentielle à lui et invite qui il veut pour lui servir de caution.
Ce qu’il est convenu d’appeler réformes constitutionnelles et institutionnelles n’est qu’un retour à la normale. Un mécanisme pour faire retrouver au Togo un statut de pays normal avec les fondamentaux d’un état qui se veut démocratique. Notamment une constitution qui a eu l’approbation de la majorité du peuple notamment la constitution de 1992 votée par référendum à plus de 97% par le peuple togolais. Que le peuple togolais demande la réhabilitation de cette loi fondamentale n’est que logique et légitime. Faire semblant comme Faure de ne pas le comprendre relève d’un gangstérisme d’état.