L’ANC et Jean-Pierre Fabre se trompent sur leurs réelles capacités

Editorial

Publié le mercredi 24 decembre 2014 | Togo Breaking News

© aLome.com par Lakente Bankhead
Le CAP 2015 et ses leaders ont mobilisé en masse leurs sympathisants et militants pour réclamer des réformes le scrutin de l`an prochain.
Lomé, ce 21 novembre 2014. La marche de protestation du CAP 2015 conduite par ses premiers responsables s`est terminée en queue de poisson quand les manifestants ont tenté de forcer un barrage de forces de l`ordre, au niveau du rond point RAMCO.

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La lutte que mène le peuple togolais depuis bientôt 25 ans a besoin d'aboutir. Elle devrait connaître une issue favorable si les acteurs politiques de l'opposition se mettent en synergie et s'organisent de façon méthodique pour faire face au pouvoir. Mais alors qu'une lueur d'espoir se pointait à l'horizon avec l'idée du conclave des deux regroupements, les déclarations des uns et des autres ont tout foutu en l'air et l'échéance de 2015 pourrait passer entre les mains d'une opposition pleine d'égoïstes.

Le Conclave du collectif sauvons le Togo et de la Coalition Arc-en-ciel a été tout sauf une réussite. Même si certains en ont profité pour mettre sur pied une structure qu'ils dénomment opportunément Combat pour l'alternance politique en 2015 (CAP2015), ce conclave a accouché d'une souris. Alors même que les travaux se poursuivaient, deux partis politiques et non des moindres, le CAR et l'ADDI ont décidé de claquer la porte parce que la feuille de route définie pour conduire les travaux a été soigneusement occultée au profit des agendas de certains.

Alors que les deux formations politiques représentées à l'Assemblée nationale proposaient des pistes pour contraindre le pouvoir à opérer les réformes avant la présidentielle de 2015, les plus "suffisants" de l'opposition pensent d'abord faire passer Jean-Pierre Fabre candidat unique de l'opposition avant toute initiative tendant à arracher les réformes. Ceux qui n'étaient pas d'accord avec le principe ont choisi de quitter et de laisser les autres poursuivre ceux qu'ils entendaient faire. Un départ qui a valu au CAR et à l'ADDI tous les noms d'oiseau du monde: traitre, faux opposants, vendus, achetés, taupes,... et chacun peut compléter la liste à loisir.

Après leur départ du conclave, le CAR et l'ADDI vont initier une proposition de loi, pour la première fois dans l'histoire du Parlement togolais, portant modification constitutionnelle qui consacre la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux et un scrutin majoritaire à deux tours. La proposition sera finalement soutenue par l'ANC et a été déposée à l'Assemblée nationale.

Depuis, le débat sur la rétroactivité et l'effet immédiat de la loi refait surface. Mais déjà sur le sujet en juin 2014, les députés du pouvoir avaient confié que "si le projet du gouvernement avait été rejeté, c'est en partie à cause des interprétations que faisait les députés de l'ANC de la loi qui soutenaient qu'une fois qu'elle la loi sera votée, Faure Gnassingbé ne pourra plus se représenté".

Tous les togolais aspirent à l'alternance politique au pouvoir. Mais l'alternance ne doit pas être conçue comme le départ d'une personne du pouvoir. Oui, c'est vrai que Faure Gnassingbé est en train de finir ses dix ans réglementaires au pouvoir, encore que pour l'heure la loi ne limite pas le mandat. Oui, c'est vrai que le régime qui dirige a fait près de cinquante à la tête du Togo et il faille le faire partir. Oui, tout le monde a envie que le processus démocratique du Togo aboutisse, pourquoi pas en 2015 à une alternance, une première dans le pays pour mettre fin au règne du père et du fils. Mais la méthode doit être soigneusement pensée pour ne pas faire subir aux togolais, une traversée du désert comme l'avait fait l'UFC.

Très extrémiste en son temps de gloire, l'UFC de Gilchrist Olympio, essentiellement animée par les mêmes responsables aujourd'hui à l'ANC, avaient habitué les togolais à des positions extrémistes qui ont fait que depuis 24 ans, rien n'a changé et la lutte pour l'alternance au Togo s'apparente à un mythe de Sisyphe: un éternel recommencement. Les Togolais n'ont plus besoin de ça et il est nécessaire de revoir la copie.

En juin dernier, l'ANC aurait pu taire les promesses à ses militants, s'abstenir d'interpréter une loi qui n'était pas encore votée et s'abstenir de promettre quoi que ce soit à ses militants et faire preuve de patience pour que la loi passe à l'Assemblée nationale avant toute interprétation. La démarche de l'ANC l'a tout simplement indu en erreur et elle s'est complètement trompée sur la ligne. Conséquence, il n'y a pas de limitation de mandat et d'élection à deux tours.

L'ANC s'est de nouveau trompée en pensant qu'à elle seule, elle pouvait battre le régime en place. Cette idée que nourrissent les leaders de l'ANC, tout comme l'UFC hier, ne fait que retarder l'échéance et constitue une entrave à l'unité d'action. Eric Dupuy l'avait affirmé lundi sur les antennes de Radio Victoire à Lomé que selon le premier vice-président de l'ANC, Patrick Lawson, son parti n'a pas besoin des autres et pouvait gagner les élections toutes seules.

Une posture qui permet d'exclure les autres formations politiques des initiatives sous prétextes que certains sont des faux opposants, des vendus et des taupes. D’abord Agbéyomé Kodjo puis Gerry Taama, Abass Kaboua et Bassabi Kagbara en savent mieux que quiconque. Cela permettra juste au parti d'être le plus grand de l'opposition et à son président d'être le chef de file de l'opposition. Et après? C'est dire que l'ANC se trompe sur ses réelles capacités et se donne dans l'illusion.

A cette allure et sans les réformes avant 2015, que peut faire une opposition si divisée et si égoïste ? Le peuple n'aura que ses yeux pour constater l'é...
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