Ouvertures de nouvelles ambassades,voyages officiels de plus en plus fréquents du chef de l’Etat, influence accrue du Togo au sein des grandes organisations régionales, partenariats innovants avec les pays d’Asie et du Moyen-Orient, la politique étrangère togolaise est de plus en plus active.
Elle répond à une logique précise car la diplomatie va de pair avec le développement, explique Robert Dussey, le ministre des affaires étrangères, dans l’entretien qui suit.
Pendant le premier quinquennat et une partie du second, on a eu le sentiment que la diplomatie togolaise était en retrait. Mais depuis 2 ans, on peut constater un certain dynamisme. A quoi attribuez-vous cette évolution ?
Robert Dussey : Pendant le premier mandat, bien que la diplomatie soit au coeur des préoccupations du président de la République, il avait le souci de stabiliser le Togo, de procéder à des reformes économiques, de mettre en route le processus de réconciliation. Aujourd’hui ces efforts doivent être soutenus par une politique étrangère visible, dynamique et pro-active. Car le Togo doit jouer son rôle de leader au niveau sous régional et africain.
De nos jours, diplomatie rime avec développement.
Le grand évènement à venir est la tenue en novembre 2015 à Lomé d’une conférence internationale sur la sécurité maritime. Comment vos équipes s’y préparent-elles ?
Robert Dussey : La diplomatie togolaise se veut plus préventive et s’implique davantage sur les questions de sécurité car nous sommes conscient que l’émergence et le développement économique de l’ensemble de nos pays repose sur la paix et la sécurité.
Les succès de notre diplomatie n’étant plus à démontrer, le Togo a le privilège d’organiser l’année prochaine la Conférence sur la sécurité maritime en partenariat avec l’Union africaine. Un rendez-vous de cette nature nécessite une longue préparation. L’accueil est excellent auprès de nos partenaires traditionnels et des organisations internationales qui devraient s’associer à cet évènement.
La piraterie maritime n’est pas la seule menace. Le terrorisme est tout aussi dangereux, si ce n’est plus. Comment la diplomatie togolaise peut-elle agir pour combattre des groupes qui menacent de déstabiliser l’ensemble de la région ?
Robert Dussey : Le combat contre le terrorisme doit se mener à l’échelle régionale et même continentale. Ce n’est pas celui du seul Togo, mais de l’ensemble des pays d’Afrique. Pour éradiquer ce fléau, il faut des moyens, de bons services de renseignement, l’échange d’information et une franche collaboration entre les Etats.
Est-il facile de développer l’action diplomatique en période pré-électorale. Chaque déplacement, chaque initiative pourrait être considérée par les opposants comme une démarche purement politicienne.
Robert Dussey : Le principe de la continuité de l’Etat prévaut. La diplomatie togolaise n’est pas celle d’un parti, mais d’une nation.
Vous menez une réforme de fond de votre ministère. La décision de limiter à 4 ans le séjour des diplomates à l’étranger a fait grincer des dents.
Robert Dussey : La rénovation de la diplomatie togolaise passe par la modernisation du ministère des Affaires étrangères. Cette mesure, parmi d’autres, va contribuer à l’éclosion des compétences. C’est la philosophie des réformes menées depuis mon arrivée à la tête de ce département.
Le Togo entretient de bonnes relations avec Cuba. Comment jugez-vous le rapprochement récent entre Washington et La Havane ?
Robert Dussey : Le Togo a salué cette décision. Nous félicitons Washington et La Havane pour ce dégel. Les sanctions imposées à Cuba doivent être levées afin de permettre à ce pays ami de se développer.
Republicoftogo.com : La propagation éventuelle du virus Ebola à toute l’Afrique de l’Ouest est une inquiétude pour toute l’Afrique de l’Ouest. Le président Faure Gnassingbé est le superviseur de la Cédéao pour cette question. Où en est-on des dispositifs de prévention ?
Robert Dussey : Le Togo n’a enregistré à ce jour aucun cas. C’est le résultat du dispositif de prévention mis en place dès l’apparition du virus en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. Nous sommes extrêmement vigilants. Le chef de l’Etat suit le dossier de très près pour le compte de la Cédéao. Il y a l’aspect prévention, mais également combat contre cette épouvantable maladie. Les pays touchés ont vraiment besoin de la mobilisation massive de la communauté internationale.
Republicoftogo.com : Le principe de diplomatie économique amène le Togo à élargir le cercle de ses partenaires. Moyen-Orient et Asie semblent être des régions cibles pour la politique étrangère togolaise.
Robert Dussey : Effectivement. On peut aussi citer la Turquie qui manifeste un intérêt de plus en plus grand pour l’Afrique ou le Brésil. Dès lors que le Togo développe son potentiel économique et offre des opportunités aux investisseurs étrangers, il n’y a plus de raison de se limiter à un seul continent. En Asie ou au Moyen-Orient des entreprises sont prêtes à investir en Afrique et c’est d’autant plus vrai que l’Afrique de l’Ouest offre d’excellentes perspectives de croissance.
Republicoftogo.com : L’Allemagne, jadis l’un des plus farouches adversaires du Togo, est aujourd’hui l’un de ses principaux partenaires. Plus qu’un réchauffement, c’est presque une lune de miel.
Robert Dussey : Nous avons effectivement de très bonnes relations avec Berlin. Un rapport de confiance. Sur le plan politique, un groupe d’amitié Allemagne-Togo vient d’être créé au Bundestag et dans le domaine économique, la banque publique KfW devrait s’impliquer davantage en 2015. On peut également citer l’investissement substantiel réalisé au Togo par l’un des leaders mondiaux du ciment pour la construction de deux usines.