Dans ses Maximes, le moraliste français La Rochefoucauld, déclarait que « la sincérité est une ouverture de cœur. On la trouve en fort peu de gens ; et celle que l’on voit d’ordinaire n’est qu’une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres ». Seulement, il a oublié de préciser que cette attitude hypocrite n’a toujours servi que de peu.
En effet, la culture du mensonge, la démagogie ou la fourberie ne nous ont jamais servi au Togo et, il est temps, grand temps d’ailleurs que nous fassions autrement la politique. Car, « on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ». Abraham Lincoln.
Ceci pour dire qu’historiquement, l’opposition togolaise, dans ses petits détails, est responsable de la tragédie politique dans laquelle se retrouve aujourd’hui le peuple togolais, à cause de ses multiples erreurs politiques depuis le règne du général Eyadéma. Et, au lieu de trouver des voies et moyens pour corriger ses erreurs, elle s’enfonce malheureusement.
Le sujet qui cristallise aujourd’hui les passions demeure les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Et la question qui divise la classe politique dans son ensemble, et l’opposition en particulier est : Que devient Faure Gnassingbé après le vote de la loi sur les réformes ? Loin de nous toute idée de faire sauter quelqu’un de joie dans un fauteuil présidentiel, nous dirons tout de même qu’il y a un principe qui ne varie pas : La loi ne dispose que pour demain. Ce n’est pas les juristes Isabelle Améganvi, Ruben Doe-Bruce, Tchassona Traoré, Zeus Ajavon ou Jil-Benoît Afangbédji…qui diront le contraire. C’est dans cette optique que leur confrère Me Yawovi Madji Agboyibo du CAR a fait il y a quelques jours, une sortie au cours de laquelle il donna son opinion sur la question des réformes.
« La polémique aurait été moindre si on s’était aperçu que la non-rétroactivité ne s’applique qu’à des situations révolues et qu’il fallait procéder à l’application par mandat. Dans cette optique, la non-rétroactivité se conçoit pour le premier mandat que le Président Faure Gnassingbé a exercé de 2005 à 2010. Elle ne peut en revanche s’appliquer au second mandat que le Président en exercice a débuté en 2010 et qui n’est pas révolu à ce jour ». Mais quelle ne fut de notre surprise que ses déclarations, pourtant claires, ont provoqué de violentes prises à partie.
Aujourd’hui, il apparait que Me Agboyigbo est critiqué, voire jugé par rapport à son passif lourd de compromissions politiques avec le général Eyadéma, car sa proposition pour favoriser l’effectivité des réformes ne devrait en réalité souffrir d’aucune contestation. Quelle que soit ce qu’on peut lui reprocher, il serait honnête de reconnaitre que Me Agboyigbo vient dans une démarche de sauver les meubles en conservant une lueur d’espoir pour les réformes du moment où le rapport de force est en faveur du régime en place. Que la haine ne nous fasse pas détourner de notre objectif commun.
L’objectif de tout parti politique est de conquérir, le pouvoir et l’exercer. Et cela doit aussi commencer par la formation des militants sur certains principes élémentaires du droit, comme la non-rétroactivité de la loi sur les situations du passé. Au Togo, tout est politique, tout est accord, tout est négociation. Nous estimons que seuls des ajustements politiques pourront « sauver le Togo » en ce qui concerne la question des reformes. Refuser la candidature de Faure Gnassingbé en 2015, c’est être complice du bail à vie de ce dernier à la tête de l’Etat togolais. Mais vouloir toujours vendre l’illusion au peuple, nous risquons un jour d’être lynché par le même peuple. Car, celui qui n’a pas tiré leçons des erreurs du passé, est malheureusement condamné à les revivre. Dommage !
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