Togo - Le président de la formation politique Organisation pour Bâtir un Togo Uni et Solidaire (OBUTS) a rompu de nouveau le silence. Dans un message de voeux à la Nation, Agbéyomé Kodjo fait un inventaire objectif pour plus d'avancement en 2015. Abordant au passage les questions des réformes constitutionnelles et institutionnelles, l'impunité, la course effrénée à l’enrichissement illicite, le 3e mandat de Faure Gnassingbé, l'extrême pauvreté des populations etc.
MESSAGE DE VŒUX À LA NATION DE LA FORMATION POLITIQUE OBUTS
Togolaises, Togolais
Mes Chers Compatriotes,
Nous voici au terme de l’année 2014 qui nous impose un droit d’inventaire objectif pour mieux avancer ensemble en 2015.
Il y a un an et plus précisément le 26 décembre 2013, aux termes de notre adresse de vœux à la Nation, face à l’impasse politique dans laquelle se trouve engluée notre pays, la formation politique OBUTS déclinait une réorientation stratégique de son action politique.
Outre l’impérieuse nécessité de l’Amour, de la Vérité, du Pardon et de l’Humilité au cœur de notre quotidien pour favoriser un vivre ensemble harmonieux indispensable à la construction d’un Togo stable et prospère, nous avions mentionner avec force et conviction «qu’il devient de plus en plus pressant de conduire une réflexion stratégique et tactique qui ouvre le chemin du rassemblement des forces politiques de l’alternance portée par une opposition unie, forte et solidaire autour d’un véritable projet de société.
Ceci permettra d’exiger les réformes nécessaires à même d’obtenir les conditions objectives pour assurer la régularité, la transparence, la loyauté des élections, et de désigner un candidat commun, capable de cristalliser les aspirations démocratiques du peuple souverain pour une alternance politique pacifique en 2015.
Sur ce chantier, la formation politique OBUTS est disposée à apporter toute son expertise et le fruit de ses analyses en vue de faire avancer positivement nos travaux.»
Douze mois se sont écoulés, que reste-t-il de cet appel lancé à l’opposition politique républicaine togolaise ?
N’est-il pas consternant de constater que l’opposition politique togolaise est plus divisée aujourd’hui qu’hier et dépourvue d’une vision commune de la lutte ?
Les « chapelles politiques » s’invectivent et se vilipendent, par médias interposés, pendant que l’horizon d’une candidature unique à la prochaine élection présidentielle s’éloigne, sous le regard d’une population flouée, mystifiée et abandonnée à son triste sort.
Au Togo, les alliances politiques qui n’ont "d’alliance" que des jonctions d’opportunité, se construisent et se déconstruisent au grand bonheur de la formation politique au pouvoir qui se délecte de ce jeu à somme nulle auquel se livrent les prétendants à la succession de l’actuel Président de la République.
Les réformes politiques qui font l’actualité et cristallisent les attentes de l’opinion publique nationale, sont bien fondées en ce qu’elles résultent d’un accord politique signé dans la douleur, depuis le 20 août 2006.
Leur mise en œuvre concrète n’a pu être à ce jour, rendue effective, en dépit des longs débats qui furent ouverts, dans les différents cadres politiques de concertation et de dialogue politique.
Si l’on peut de bonne foi, concéder que lesdites structures de concertation politique ont permis la mise en œuvre de quelques réformes, en revanche, celles relatives à la limitation du mandat présidentiel à deux quinquennats et à un mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour l’élection présidentielle n’ont pas vu le jour, alors même que leur mise en œuvre effective tendait à renforcer l’ancrage de la démocratie au Togo, à consacrer un État moderne au Togo et à favoriser le libre choix des électrices et des électeurs togolais.
Togolaises et Togolais
Mes Chers Compatriotes
La modernité que requièrent dorénavant, à travers le monde, la pratique politique et l’exercice de l’action publique offre l’unique et rare occasion d’obtenir ces réformes ici et maintenant.
Nonobstant le rendez-vous manqué s’agissant de l’adoption des réformes constitutionnelles et institutionnelles à l’Assemblée nationale le 30 juin 2014, nous saluons ici l’initiative, bien que tardive, du CAR et de l’ADDI intervenue en Novembre 2014, soutenue par l’ANC relativement au dépôt d’une proposition de loi, visant à obtenir la satisfaction des deux revendications principales de l’opposition, notamment celle relative à la limitation du mandat présidentiel à deux quinquennats et du mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour l’élection présidentielle.
C’est précisément en la circonstance que j’avais publié une [tribune libre] afin d’attirer objectivement l’attention des formations politiques de l’opposition parlementaire et de l’opinion publique nationale, sur l’utilité politique qui m’apparaissait, de céder in fine à la prétention de la majorité parlementaire qui subordonnait son adhésion à la proposition de loi de réforme constitutionnelle et institutionnelle, à une troisième candidature de l’actuel Président de la République au prochain scrutin présidentiel sur le fondement précis et dûment prévu par les dispositions actuelles de la Constitution de la République du Togo.
Je ne fus pas compris par certains de nos compatriotes, et fis l’objet d’attaques infamantes, de dénigrement, de calomnie et d’injures ad hominem.
Aujourd’hui, nombreuses sont les voix, tant au sein de la classe politique que dans la société civile, qui se sont élevées pour exprimer une position intrinsèquement similaire à la mienne et éclairer l’opinion publique sur la pertinence de celle-ci.
En tout état de cause, il me parait séant que les réformes constitutionnelles et institutionnelles dont s’agit, soient adoptées avant la prochaine élection présidentielle, car cela aura le mérite de rendre libre, lors de la consultation électorale à venir, le choix des citoyennes et des citoyens togolais.
Ne pas réaliser ces réformes sous quelque prétexte que ce soit avant le prochain scrutin présidentiel de mars 2015 relèverait d’une erreur politique stratégique grave, analogue au boycott des élections législatives anticipées du mois d’octobre 2002, par l’opposition politique républicaine qui en campant à l’époque, une telle posture, favorisa le déverrouillage de la constitution du 27septembre 1992, par le RPT, le 31 Décembre 2002.
L’absence de réformes constitutionnelles et institutionnelles, plomberait les chances de parvenir à une alternance politique et laisserait le champ libre à tout locataire de la Présidence de la République quel qu’il fût, qui disposera dès lors, de la possibilité de s’offrir autant de mandats qu’il désire obtenir au sommet de l’État.
Togolaises et Togolais
Mes Chers Compatriotes
Je comprends votre désappointement face à l’idée d’une nouvelle candidature de l’actuel Président de la République, car quoique parfaitement légale, pourrait pour d’aucuns, revêtir un caractère inopportun en raison de ce qu’à bon droit, le peuple togolais aspire à une mutation politique depuis plus d’une décennie.
S’agissant de la vie quotidienne d’un grand nombre foyers de togolaises et de togolais, l’horizon paraît obstrué, n’offrant pour les plus vulnérables aucune perspective d’une vie meilleure. La crise économique internationale s’y agrégeant, le pouvoir d’achat dans de nombreux foyers s’est contracté, et vos droits inaliénables que sont se nourrir, se soigner, se loger, se vêtir, s’éduquer et se former, se sont considérablement affaiblis. Les travailleurs vivent le surendettement, les syndicats s’inquiètent, s’interrogent, et expriment leurs exaspérations. Les jeunes diplômés attendent dans l’impatience leur premier emploi, et craignent d’allonger la liste des chômeurs de longue durée
A contrario le constat est établi de ce que celles et ceux qui ont la charge de la gestion des deniers publics, se livrent sans scrupule et en toute impunité à une course effrénée à l’enrichissement illicite, et se fourvoient au quotidien, dans la commission d’actes délictueux.
L’éthique et la morale républicaine ont déserté le cœur de l’action publique au grand désarroi, des populations les plus fragiles.
Togolaises et Togolais
Mes Chers Compatriotes
La seule issue de sortie de cette crise politique, est de taire nos récriminations réciproques, en abordant la question des réformes constitutionnelles et institutionnelles avec sagesse, discernement et pragmatisme loin des calculs partisans, et de tout extrémisme, afin que soient clarifiées et modernisées les règles de jeu politique contribuant ainsi à la vérité des urnes, au cours du prochain scrutin.
Par suite et en opportunité politique, viendra le temps, de convoquer une conférence de toutes les formations politiques de l’opposition afin qu’en responsabilité, nous nous accordions sur le contenu sérieux et crédible d’un programme commun et que nous définissions une stratégie électorale à même de nous conduire au changement qu’appelle ardemment de ses vœux, le Peuple togolais, lors de la prochaine élection présidentielle.
Chacun doit avoir à l’esprit qu’aucun de nous, en agissant seul, sans le soutien des autres formations politiques, ne peut atteindre le succès, et réaliser les aspirations profondes et légitimes du peuple togolais.
La formation politique OBUTS résolument engagé aux côtés du Peuple togolais, réaffirme ici sa disponibilité à œuvrer de concert et en lien avec toute initiative sérieuse et crédible, qui privilégiera le seul souci du peuple togolais, et une vision éclairée de l’avenir de la Nation togolaise en lieu et de place des calculs égoïstes et/ou de prétention hégémonique.
Ce ne sont qu’à ces conditions que les forces démocratiques et républicaines pourront ouvrir les portes de l’alternance politique au Togo et susciter l’espérance d’un avenir prometteur et radieux au bénéfice du peuple togolais.
Ce ne sont qu’à ces conditions que les forces démocratiques pourront ouvrir le chemin de la vérité et de l’espérance à notre peuple dont la détresse nous interpelle et nous astreint à une obligation de résultat.
Mes Chers Compatriotes
Togolaises et Togolais
Les récents événements de mobilisation citoyenne de très grande ampleur qui se sont déroulés à travers le monde et plus exactement sur le continent africain doivent servir de grande leçon, à l’ensemble à la classe politique.
Même si lesdits évènements ne sont pas reproductibles à l’identique à l’échelle de notre pays, ils ont au moins le mérite de nous convier à la modération, à l’humilité, à la sagesse, loin de tout extrémisme de quelque bord que ce soit.
Dans la vie d’une Nation, le citoyen demeure le seul détenteur de la souveraineté populaire, et il est le seul à l’attribuer ou à la retirer.
Dans un pays béni et pacifique comme le nôtre, un peu de justice sociale, de solidarité, de souci de l’autre et une dose d’amour de la patrie devraient contribuer à forger une Nation forte, capable d’assurer le rayonnement international du Togo.
Malheureusement tant et tant de frustrations alimentent les postures haineuses et des sentiments de revanche retardant l’avènement d’une société de confiance, moteur indispensable en vue d’une vaste mobilisation des énergies collectives pour relever ensemble les grands défis qui nous interpellent dans ce monde globalisé où les pays qui ne se sont ni préparés ni parfaitement structurés, subissent la dictature des marchés financiers, et toute sorte d’hégémonisme qui anéantissent les efforts de nos dirigeants dans leur volonté affichée de construire des Nations modernes.
Le Togo dispose d’atouts considérables son potentiel de pays de transit et de services, renforcé par ses infrastructures modernes portuaires, aéroportuaires, et routières en font une plate-forme incontournable au niveau de l’Afrique de l’Ouest. Le Togo doit maintenant prendre la place honorable qui lui revient dans le concert des Nations et plus particulièrement en Afrique.
Mes Chers Compatriotes
Togolaises Togolais
Sans l’amour et le pardon, point de salut pour notre peuple ! La formation politique OBUTS l’a tant et si bien compris qu’elle a réorienté stratégiquement son action politique depuis un an ! Sortir de l’impasse aujourd’hui suppose notre humble reconnaissance d’une responsabilité partagée dans la crise comme dans sa solution. Dès lors, ensemble, dans le respect des uns et des autres, faisons triompher l’Amour et faisons gagner le Togo.
Dieu est avec nous, le Changement est possible dans le respect des uns et des autres, donnons une chance de rédemption à notre Nation.
Mes Chers Compatriotes
Togolaises Togolais
Permettez-moi au nom de la formation politique OBUTS et en mon nom personnel, d’adresser à chacune et à chacun d’entre vous, togolaises et togolais, où que vous résidez à travers le monde, mes vœux de Bonne et heureuse année 2015.
Je forme le vœu de ce que l’année 2015 soit celle d’un nouveau départ pour le peuple togolais dans sa quête légitime de justice sociale, et de modernité politique.
Transcendons nos clivages, triomphons de la haine, de l’esprit de revanche et du mépris, pour que dans l’amour, la confiance partagée, un Togo Solidaire et prospère ouvre ses bras à toutes ses filles et à tous ses fils.
Vive le Togo uni et puissant