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Réticence autour de l’organisation des élections locales : Le pouvoir décidé à maintenir les villes sous la tutelle fantaisiste des délégations spéciales
Publié le mardi 1 octobre 2013  |  Le Correcteur




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Togo - Pourquoi le gouvernement de Faure Gnassingbé trouve-t-il toujours des raisons pour reporter sine die les élections locales, municipales ou préfectorales ? Une fois encore annoncées pour être couplées aux dernières législatives, ces élections sont restées à l’étape de projet, une énième fois. Au dernier moment, le gouvernement a renoncé à les organiser, leur préférant des législatives aux dés pipés de longue date. A y voir de près, ces tergiversations marquées par ces mille et un reports cachent difficilement la peur du pouvoir RPT/UNIR de continuer à maintenir les villes sous la tutelle fantaisiste des délégations spéciales. A des fins politiques et politiciennes.
Piteuses délégations spéciales

Depuis plus de vingt ans, les villes et les préfectures du Togo sont régentées par ce qu’on appelle les délégations spéciales. Faute d’élections démocratiques à l’échelle des mairies et/ou des préfectures, ce sont des groupes de citoyennes et de citoyens triés sur le volet, cooptés par le pouvoir politique qui ont la charge des villes. De Dapaong à Aného en passant par Kara, Sokodé, Atakpamé et Lomé, on rencontre des délégations spéciales chapeautées par des présidents de délégations spéciales. Les populations de Lomé et de ses environs sont bien instruites des activités de la délégation spéciale qui dirige la capitale. Le Contre-amiral Fogan Adegnon, directeur du Port autonome de Lomé est en même temps président de la délégation spéciale de la ville de Lomé ; avant lui, M. Aouissi a tenu le gouvernail pendant de longues années.

Ce que tout le monde ne sait peut-être pas, c’est que les délégations spéciales sont des machins et des monstres sans noms mis en place par le pouvoir RPT/UNIR dans le but manifeste de les utiliser à sa guise et surtout pour caporaliser et clochardiser les populations. Ici et là donc, le pouvoir a choisi ses hommes, des zélés dont le rôle consiste, au-delà des activités et responsabilités quotidiennes de gouvernance locale, de servir et de protéger les intérêts partisans et particuliers du système. Il en est ainsi depuis plus de vingt ans et l’argument selon lequel les délégations spéciales servent à servir et à protéger les intérêts du système se vérifie très souvent, selon les observateurs, au cours des périodes électorales. Hors de Lomé surtout, les membres de ces délégations travaillent à faire réussir les plans secrets de détournements des suffrages des populations et, dans le pire des cas, de validation des manœuvres de tripatouillage électoral.
De ce fait, on peut comprendre assez aisément pourquoi le gouvernement de Faure Gnassingbé et de ses Premiers ministres qui se succèdent n’est pas du tout pressé d’organiser des élections locales et/ou préfectorales. Les piteuses délégations spéciales servent le système. On s’en accommode, même si pour cela il faut refuser la démocratie véritable qui commence à la base.


Vivement des élections locales

Le Togo ne peut pas refuser éternellement d’organiser des élections locales. Partout dans le monde, tout le monde sait que dans un Etat de droit, ce sont spécifiquement les élections locales qui offrent aux populations l’occasion de toucher du doigt ce qu’on appelle la démocratie. En choisissant elles-mêmes leurs dirigeants qu’ils connaissent assez bien qu’ils peuvent juger assez facilement, les populations apprennent la démocratie et, petit à petit, se font une idée claire et précise de la démocratie au sommet ainsi que des enjeux des élections présidentielles ou législatives. De plus, les élections locales sont une opportunité pour les communautés à la base de se prendre en charge, de construire leur propre développement et leur bonheur particulier. Une ville, grande ou petite, se détermine plus aisément lorsqu’elle sait que les élections locales qu’elle organise servent à choisir les femmes et les hommes chargés de la diriger, de rédiger le plan de développement et, par-dessus tout d’agir dans la pleine conscience et connaissance des réalités spécifiques de la communauté. Un député, un ministre ou un président ne sauraient connaître ces réalités autant qu’un chef d’arrondissement, un maire ou un président de conseil de préfecture.

Plus loin, si le pouvoir de Faure Gnassingbé prend plaisir à contourner les locales, il finira par agacer les partenaires en développement qui n’ont de cesse de l’inviter à les organiser. L’Union européenne en tant que partenaire multilatérale, la France, l’Allemagne ou les Etats-Unis à l’échelle bilatérale, ne cachent pas leur intérêt pour ces élections étant donné que, différents cas existent qui révèlent que les aides au développement mobilisées au sommet en faveur des communautés n’arrivent pas toujours aux vrais destinataires. A ce titre, les élections locales produiront l’effet de mettre en confiance ces différents partenaires et bailleurs qui dorénavant pourront s’adresser directement aux communautés à la base à travers des représentants élus, et non plus nommés et donc redevables au pouvoir politique établi loin des communautés.

Autour du Togo, des pays voisins ont fait l’expérience des élections locales. Au Bénin, les secondes élections locales devraient avoir lieu en mars de cette année. Mais, pour des raisons de désaccord sur le cadre légal, le fichier électoral, ces élections ont été reportées sine die, le temps que les problèmes politiques en instance soient réglés et que les différents acteurs acceptent d’aller à ces élections de façon consensuelle. Mais le premier mandat des maires élus reste une expérience historique exceptionnelle par laquelle la démocratie béninoise s’est renforcée à la base pendant que les mairies se sont occupées prioritairement et exclusivement du bien-être des communautés à la base. Le Togo mérite de faire la même expérience.


Un cheval de bataille pour les oppositions

Les partenaires en développement ainsi que les observateurs de la politique togolaise ne manquent pas d’occasion pour insister sur la nécessité des élections locales. Toutefois, il est indéniable qu’il revient fondamentalement aux oppositions politiques, la coalition Arc-en-ciel et le Collectif Sauvons le Togo (CST) notamment, de se donner les moyens de forcer le pouvoir de Faure Gnassingbé à organiser enfin les élections locales. La nouvelle date ou plus précisément la nouvelle période indiquée est le premier trimestre 2014. Peut-on croire que Faure Gnassingbé et son gouvernement organiseront de bon gré ces élections à cette période ?

Ce serait sans doute un risque de le croire. Du coup, cela remet en selle l’argument selon lequel l’organisation de ces élections doit devenir le cheval de bataille à court terme des oppositions. Davantage quand on sait que, selon différents observateurs, les résultats des législatives du 25 juillet ont établi une énième fois que les villes ne sont pas du tout favorables au pouvoir RPT/UNIR. Peut-être à la différence de la ville de Kara dont on a fait une cité interdite, une espèce de ville entièrement à part où les opposants sont interdits d’activités si quelqu’un n’en décide autrement, presque toutes les autres villes ont voté en majorité pour les partis d’opposition. Du coup, des élections locales avec les villes comme circonscriptions pourraient être une banqueroute pour le pouvoir si ces analyses sont justes et pertinentes. Conclusion logique : Faure Gnassingbé et les siens n’ont pas intérêt à organiser des élections qu’ils pourraient perdre lamentablement ; les oppositions par contre ont tout intérêt que ces élections se tiennent assez vite. Dans la perspective de 2015, cela pourra compter.

Nima Zara

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