Pour l’opposition togolaise dans son ensemble, l’année 2014 s’achève dans l’incertitude de la démarche à suivre pour la présidentielle de 2015. Les tentatives de regroupements ayant échoué, la possibilité d’une candidature unique ayant capoté, les formations politiques de l’opposition se retrouvent à la case départ à quelques mois de cet important rendez-vous électoral pour le pays.
Le sentiment qui prévaut chez les militants de l’opposition est la désolation.
Certains n’hésitent pas à cacher leur désarroi au vu des derniers développements de l’actualité politique marqués par le fossé qui se creuse de plus en plus entre les entités de cette opposition. Ce n’est pas l’éclatement du groupe parlementaire ANC-ADDI qui vient d’être consommé qui leur redonnera le sourire. Bien au contraire.
L’ANC, le problème de l’opposition togolaise
Pourquoi n’y a-t-il jamais eu d’entente entre l’ANC et les autres partis de l’opposition, même celui de Claude Améganvi, s’est interrogé un internaute sur les réseaux sociaux ? La conclusion à laquelle il est arrivé mérite quand même qu’on y réfléchisse car dit-il, si après 25 ans de lutte, Jean-Pierre Fabre de l’UFC d’antan et de l’ANC d’aujourd’hui ne peut accorder son violon avec aucun de ses compagnons de lutte, il apparait clairement que c’est l’ANC qui est, elle-même, le problème. Car, ajoute-il, on ne peut pas comprendre que depuis toute ces années, aucune formation politique de l’opposition togolaise ne puisse trouver grâce aux yeux de Jean-Pierre Fabre et de ses amis.
Il n’a pas tort, ce concitoyen.
Les débuts de la lutte pour la démocratisation au Togo, menés dans le souci de permettre à notre pays d’y accéder sans trop de heurts, et qui d’ailleurs a réussi dès la moitié des années 80 jusqu’en 1994, ont montré les démarches de Me Agboyibo et de ses amis de l’époque qui ont arraché des pans non négligeables de réformes au Président Gnassingbé Eyadèma. Les exemples sont légions et on peut les citer à volonté. Passons…
L’arrivée de l’UFC de Gilchrist Olympio et de sa cour sur le terrain devra faire tout chambouler. C’est à partir de ce moment que le processus s’est grippé à cause de l’intransigeance et du radicalisme du Gourou et de ses lieutenants d’alors, Patrick Lawson et Jean-Pierre Fabre. Du jour au lendemain, tous les efforts consentis par les autres ont été dévoyé par ”les hommes nouveaux” qui sont plus blanc que la neige, n’ayant jamais parlé à Gnassingbé Eyadema, ne lui ayant jamais serré la main, etc.
La nouvelle théorie politique est née et des expressions comme ”vendus”, ”traitre”, ”saboteur” voient le jour et sont attribuées à toute personne qui voudrait discuter, dialoguer avec Gnassingbé Eyadéma dans le cadre de cette quête de la démocratie. Beaucoup d’opposants y ont laissé leurs plumes.
Qu’assistons-nous aujourd’hui, 25 ans plus tard ? Comme l’histoire semble se répéter. Les écrits dans une certaine presse et l’opinion des dirigeants de l’ANC reproduisent exactement les mêmes démarches. Durant les semaines écoulées, que de noms d’oiseaux n’ont été attribués à Jean Kissi, Agbéyomé Kodjo, Aimé Gogué, Gerry Taama et même… Abass Kaboua. ”On a l’impression, à entendre les prises de position des dirigeants de l’ANC, que ces derniers n’ont rien appris de la politique de ce pays depuis un quart de siècle” souligne un observateur de la scène politique togolaise.
Ce dernier qui a assisté notre pays dans ses différentes péripéties politiques depuis 1990 semble ne pas comprendre que Jean-Pierre Fabre se comporte encore de la sorte aujourd’hui. ”Si après tant d’années de lutte contre Eyadéma, son mentor Gilchrist Olympio a choisi la voix de la raison en pensant au peuple, ce n’est pas à lui de recommencer les mêmes erreurs du passé” a-t-il laissé entendre.
Il urge que l’ANC reconsidère sa posture car sans le savoir, elle est en train de perdre son capital humain. Le peuple en a marre de ceux qui tirent toujours sur la corde. Et comme le peuple n’est pas bête et soumis comme Jean-Pierre Fabre le croit, et bien, il le lui démontrera dans quelques mois dans les urnes. Ce serait d’ailleurs une bonne chose de lui fermer le caquet une fois pour toute pour que les Togolais puissent respirer l’air de la fraternité, de la concorde et du progrès avec celui qu’il aurait désigné pour le conduire jusqu’en 2020, étant donné que l’ANC s’isole de plus en plus quant aux reformes institutionnelles et constitutionnelles.
Vers un consensus global sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles
Il y a une semaine, Eric Dupuis ne croyait pas si bien dire quand il traitait Me Yaovi Agboyibo de tous les noms d’oiseaux parce qu’ayant fait une proposition sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles, notamment sur la mandature de Faure Gnassingbé. Rien n’a été épargné au ” bélier noir” et de ses affidés Dodzi Apévon et Jean Kissi. On passe sous silence les propos d’Eric Dupuis. Cependant, mal lui en a pris puisque juste au lendemain de son inénarrable prestation chez l’un de nos confrères, des organisations de la société civile et non des moindres reprenaient en chœur les idées de Me Yaovi Agboyibo.
Cette sortie de ce groupe de médiation composé de l’Appel des patriotes, Bâtir le Togo, Commission Épiscopale Justice et Paix de Lomé, Concertation Nationale de la Société Civile (CNSC), Association Togolaise des Droits de l’Homme (ATDH) et Nouveaux Droits de l’Homme faisait part de sa proposition de “disposition transitoire” par rapport à l’art 59 (nouveau) relatif au mandat présidentiel.
“Les dispositions de l’article 59 s’appliquent à compter du mandat qui court de 2010 à 2015″ ont estimé les membres de ce groupe de médiation.
Ainsi selon l’article 59 (nouveau) :”Le président de la république est élu au suffrage universel direct et secret pour un mandat de 5 ans, renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats. Le président de la République reste en fonction jusqu’à la prise de fonction effective de son successeur élu”.
Selon le groupe de médiation, la proposition faite par le “groupe de médiation” a l’avantage de régler les questions de début d’application immédiate de la limitation de mandats, en respectant le principe de la non-rétroactivité de la loi.
Cette proposition a également l’avantage décisif de rendre possible l’adoption des réformes qui vont introduire dans le jeu électoral, de meilleures conditions d’organisation et de transparence, notamment la possibilité du mode de scrutin à deux tours à l’élection présidentielle.
Et comme on pouvait s’y attendre, l’ANC a lancé ses loups à la suite de ces responsables d’association et de mouvement. Aujourd’hui, rien ne leur est épargné et comme l’ANC sait le faire, ils sont taxés de vendus ou d’opportunistes soudoyés par le pouvoir. Se sentant désavouée par la majorité, l’ANC n’a d’autres choix que de recourir aux vielles méthodes de dénigrement pour couvrir d’opprobre ceux qui avancent des idées nouvelles.
Mais, il ne peut en être autrement, les idées nouvelles commencent par triompher. Fini le temps où un seul mot de l’UFC de Gilchrist Olympio ou de Jean-Pierre Fabre fasse trembler tout un peuple. Fini le temps où l’ANC peut prendre en otage ses militants et sympathisants en proférant des menaces. Le peuple togolais devient mature, s’il ne l’a jamais été. Ceux qui ne savent pas lire les événements et croient détenir la vérité l’apprendront bientôt à leurs dépens.