Nous allons juste répéter que le propre du fils-héritier du feu général est la navigation à vue.
L’homme ne tient qu’à une chose, le fauteuil gracieusement hérité de son père défunt. Il a développé une telle boulimie du pouvoir qu’il s’affiche finalement comme un plaisantin frappé d’une myopie politique sans pareille.
Tout le monde devra s’en rendre compte à partir de son discours laconique du 31 décembre dans lequel, cherchant avidement une échappatoire pour se détourner des réformes, le Prince a fini par préconiser la mise en place d’une Constituante qui va nécessairement mettre en veilleuse l’Assemblée Nationale.
Lui qui a toujours soutenu que c’est à l’Assemblée Nationale que le débat sur les réformes politiques doit se faire a fini par tomber dans son propre piège.
Finalement sans issue, il divague avec un nouveau projet de commission bizarre qu’il entend mettre sur pied pour plancher sur les réformes politiques en profondeur, autrement dit, il souhaite que le Togo passe enfin à une cinquième République. Mon Dieu !!!
Tout cela juste parce que le fils-héritier veut à tout prix aller à l’élection présidentielle sans réformes, sans doute parce qu’il se sait largement minoritaire dans le pays. Et de ce fait il ne peut compter que sur la force militaire et la fraude dont son régime est coutumier.
Il sait sans doute bien courir, malheureusement il a encore du mal à se trouver un bon refuge.
L’élection pour laquelle il s’empresse autant, ne pourra pas tenir dans les délais constitutionnels. Taffa Tabiou, l’actuel président de la CENI l’a clairement dit à la réunion du comité de suivi de cette élection en présence naturellement des ambassadeurs européens en poste au Togo.
Ahoomey-Zunu qui s’agrippe aveuglement au Prince pour gagner du foin a fulminé et tenté de soutenir le contraire sans pour autant convaincre.
Il suffit simplement de suivre le calendrier actuel établi par le CENI elle-même pour s’en rendre à l’évidence.
Les opérations de révision électorale prendront fin le 23 février. Il faudra au moins un mois pour éplucher les doublons, ensuite deux semaines pour afficher les listes électorales et recevoir les réclamations, avant d’établir un fichier électoral définitif.
Puis, il faudra aussi au moins deux semaines de campagne électorale avant la tenue du scrutin. L’on est théoriquement en mai.
Finalement, le Prince se retrouve de fait dans une transition dont il faudra impérativement définir les modalités car dès lors qu’il est forclos par rapport à l’élection présidentielle, il faudrait bien qu’il négocie sa présence à la tête du pays à la fin de son mandat.
Voilà où le faux-fuyant permanent mène les hommes de mauvaise foi. En réalité il avait hésité un bon moment juste au lendemain des évènements de Ouagadougou avant de finir par faire le choix de foncer aveuglement et de jouer crânement et lâchement sa chance.
Il veut prendre l’opposition de court pour se légitimer à la tête du pays pour un mandat de plus. Mais justement, tellement il est maladroit qu’il finit par se cogner contre le mur.
Que fera-t-il en fin des comptes ? Qu’il oblige les députés de la majorité à bloquer le processus de réformes en cours à l’Assemblée est un fait.
Mais il demeure qu’il se fera rattraper par les délais dans lesquels il va organiser le scrutin. Il est au pouvoir pour un mandat de cinq ans mais jamais pour cinq ans et un jour ou plus.
Et comme lui-même a pensé à une constituante pour élaborer une nouvelle constitution, il faudra alors qu’il assume jusqu’au bout cette initiative qui n’est ni plus ni moins qu’un schéma de la transition politique exactement à l’image de ce qui se vit actuellement au Burkina Faso.