Les amateurs de la muse Clio nous apprennent que l’histoire ne se répète pas. Elle bégaie tout de même, nuancent d’autres. Par ailleurs, l’on sait que les mêmes causes produisent les mêmes effets dans les mêmes conditions. Ce petit détour pour montrer que le satrape du Congo Brazzaville, Denis Sassou NGuesso (photo), affectueusement appelé DSN, est en train de surfer sur les vagues dangereuses qui ont emporté son homologue du Faso, Blaise Compaoré.
Le vrai faux médiateur attitré de la région ouest africaine, Blaise Compaoré, doit le regretter actuellement dans une Côte d’Ivoire où beaucoup ne le portent pas dans son cœur.
Il a voulu s’éterniser au pouvoir malgré les 27 ans déjà passés au palais Kosyam. Induit en erreur par son entourage insatiable et ses services de renseignement manipulateurs, celui qui a tenté de défier Barack Obama en voulant modifier la Loi fondamentale de son pays a mis au dos tout son peuple. Ce dernier, blessé dans son amour propre, lui a répondu par des manifestations publiques qui l’ont conduit à sa chute fin octobre dernier.
Tous ceux qui narguaient le peuple burkinabè et ne juraient que par un troisième mandat de leur mentor n’ont pas pu faire le poids devant un peuple déchaîné.
Le président Blaise Compaoré quitte le pouvoir par la petite porte avec l’aide de la France. Il est transformé aujourd’hui presqu’à un ‘’sans domicile fixe’’ parce que devenu un colis encombrant pour ses paires de la sous-région. Depuis lors, le troisième mandat est devenu une sauce difficilement « mangeable » sous les tropiques. En tout cas pour plusieurs peuples africains qui aspirent à une alternance au sommet de leur Etat.
Malgré la révolution récente au pays des hommes intègres et ses conséquences pour le vrai faux médiateur et ses proches, d’autres satrapes africains ne comptent pas tirer les leçons du déchaînement des populations assoiffées de liberté et d’alternance.
C’est le cas du Togo avec un Faure Gnassingbé qui ne cache pas son envie de briguer un troisième mandat. Yayi Boni du Bénin est freiné dans son élan par son peuple et la Cour constitutionnelle de son pays. Le Rwandais Paul Kagamé dandine encore entre quitter le pouvoir dans le « temps réglementaire » et faire un bail à vie sur le pays. Le Congolais Joseph Kabila est en train de préparer les esprits naïfs pour un passage en force. La liste n’est pas exhaustive.
Les inquiétudes relatives au troisième mandat se lisent sur tous les visages africains. Et c’est un certain Denis Sassou Nguesso qui montre qu’il peut réussir là où son camarade Balise Compaoré a échoué. Il est rongé par le désir de modifier la Loi fondamentale de son pays pour briguer un autre mandat en 2017.
Comme les dictateurs savent si bien le faire, ils envoient les parvenus aux charbons pour tenter de faire croire à l’opinion que leur pays va basculer dans l’incertitude sans leur champion. Ils surfent sur la « relative stabilité » comme si après Blaise du Faso, le pays est plongé dans une guerre civile ou dans une instabilité. L’idée germait depuis. Mais la vague révolutionnaire burkinabè a fait que les membres du fameux bureau politique du Parti congolais du travail (PCT) se sont rentrés dans leurs petits souliers entre-temps avant de revenir à la charge depuis quelques semaines.
C’est DSN même qui donne le ton lors de son discours de fin d’année en exprimant clairement son envie de rester au pouvoir au-delà de ses mandats autorisés par la Constitution. Il appartient au peuple congolais d’en décider, a-t-il attesté. Comme pour dire à ses adversaires que malgré tout, il dispose le nécessaire (manipulations, achat de conscience, répression…) pour faire sauter le verrou limitant le nombre de mandats présidentiel à deux.
Personne ne peut prévoir l’issue que son peuple réservera à sa volonté de rester à vie au pouvoir, mais certains signaux montrent que « rien ne sera plus comme avant » sur le continent noir. Les mêmes causes ne produisent-elles pas les mêmes effets dans les mêmes conditions ? Dénis n’est pas Blaise. Certes ! Néanmoins, les récriminations étant les mêmes, DSN doit s’attendre aux réactions imprévisibles de ses concitoyens. Blaise Compaoré en sait quelque chose !