Scandale et gestion à vue à la Banque Populaire pour l’Epargne et le Crédit: Détournement de plus de 350 millions de FCFA, arrestation de deux employés
La Direction Générale, les Directions comptables et de l’Audit interne interpellées. BPEC-Togo-siegeMalgré l’existence dans les institutions financières de service d’audit interne, les affaires de détournement semblent désormais être le quotidien des banques au Togo, fragilisant ainsi le tissu économique du pays. Depuis le 26 décembre 2014, deux responsables de la Banque populaire pour l’épargne et le crédit (BPEC), notamment Mme Charlotte Mataka, agent de la caisse centrale, et M. Boyodi Abissétou, Chef de la Caisse centrale, ont été déférés à la prison civile de Lomé. Il leur est reproché le détournement de plus de 350 millions de F CFA.
D’après nos sources, le scandale a été découvert suite à un audit interne de la caisse centrale de ladite banque effectué le 16 décembre dernier. 354 500 000 FCFA ont disparu. Interpelée, Mme Charlotte Mataka, employée à cette caisse tombe en syncope et est évacuée vers une clinique pour des soins. Interrogée deux jours plus tard, elle a avoué avoir détourné la somme de 60 millions de francs CFA qu’elle aurait utilisée pour jouer à la loterie et que son supérieur hiérarchique immédiat, le sieur Boyodi Abissétou n’en était pour rien. Une déclaration qu’elle aurait réitérée devant le juge. Mais rien n’y fait. Les deux continuent de croupir derrière les barreaux en attendant leur procès.
Mais ce détournement, assurent diverses sources, aurait été l’œuvre d’un véritable réseau constitué au sein de la banque. « Vous savez, il a été institué récemment le billetage des fonds reçus et en coffre. Comment la Direction de l’Audit interne a-t-elle procédé pour les fonds de la Caisse centrale ? Au 30 septembre 2014, quels ont été les résultats de cette vérification étant entendu que chaque trimestre une vérification systématique se fait pour toutes les caisses ? Concernant la Direction financière et comptable, il semble que depuis quelques mois le solde sur les documents comptables sont toujours gonflés et au même moment, le Directeur financier et comptable autorise les alimentations de la Caisse centrale. Qu’est-ce qui peut expliquer cette attitude ? », se demande une source qui ajoute que l’emprisonnement des deux personnes est destiné à protéger les pontes de la banque.
Il nous revient que l’actuel Directeur général de la BPEC, Raymond Baniah, ne serait pas étranger à ce scandale qui secoue l’institution. Des indiscrétions, Mme Charlotte Mataka serait proche du DG qui envisagerait même de partir avec elle à la Société Générale, cette institution bancaire française qui est en train de s’installer au Togo. En novembre dernier, période des gratifications, la Direction générale a reconnu les compétences de Mme Mataka qui a bénéficié de 100% de salaire comme gratification alors que son supérieur immédiat, Boyodi Abissétou, celui qui l’a notée, n’aurait eu droit que de 60%. Allez-y comprendre…
On apprend par ailleurs que le DG Baniah use de méthodes peu orthodoxes pour s’octroyer des primes exorbitantes. Au cours de l’année 2014, il aurait empoché une somme de 100 millions de francs CFA en complicité avec certains membres du Conseil d’Administration. Bien que son salaire mensuel soit de 4 millions, il se serait octroyé dans le mois d’octobre 20 millions de francs CFA. Dans la logique de dilapidation des fonds de la banque, M. Raymond Baniah aurait fait bénéficier à quatre de ses collaborateurs plus de 10 millions de FCFA au titre de consommation de produits pharmaceutiques alors qu’aucun membre de famille des intéressés n’aurait été hospitalisé. Des fraudes massives qui concernent l’assurance maladie groupe.
L’autre facette de la gestion calamiteuse de la BPEC concerne les recrutements. En effet, plusieurs anciens collaborateurs, « amis » et originaires de l’ethnie de l’actuel DG de la BPEC ont bénéficié de sa position. Depuis sa nomination, l’homme a servi de tremplin à ses connaissances pour se hisser à des postes de responsabilité à la BPEC. On parle de simples agents de banque projetés à la tête de divers départements en lieu et place de personnes plus aptes et professionnellement mieux aguerries. Ainsi les sieurs Victor Ayétan, Kossi Wowui et Serge Bidjakaré ont été recrutés et occupent actuellement, contre toute attente, des postes de responsabilités et joueraient le jeu de la direction générale.
L’exemple du sieur Victor Ayétan, actuel Directeur des Ressources humaines et du Patrimoine est assez illustratif. Ce dernier du fait des avantages dont il bénéficie serait devenu une béquille, un simple exécutant de toutes les volontés de la Direction générale. A titre d’exemple, les récentes décisions d’engagement des salariés dont la première décision portait une période d’essai de trois mois a été ramenée à un mois. Ces stagiaires ont été engagés et certains promus immédiatement à des postes de responsabilités en remplacement de ceux qui ont plus de dix ans d’expériences professionnelles.
Il existe également au sein de la BPEC des affectations arbitraires et punitives. A preuve, certains salariés ont été affectés plus de deux fois au cours de l’année 2014.
C’est le climat qui prévaut actuellement au sein de cette institution financière et si rien n’est fait, elle risque de connaître le même sort que son aînée la Caisse d’Epargne.