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Liberté N° 1854 du 5/1/2015

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Décryptage du message du chef de l’Etat à la nation: Faure Gnassingbé danse le Gweta avec les réformes constitutionnelles et …menace !
Publié le jeudi 8 janvier 2015  |  Liberté


© Autre presse par DR
Faure Essozimna Gnassingbé, Président de la République du Togo


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Le mercredi 31 décembre 2014, Faure Gnassingbé s’est (encore) adressé à la Nation. Au regard des enjeux politiques à venir, l’homme était attendu sur certaines questions dont les réformes constitutionnelles et institutionnelles et l’élection présidentielle de l’année prochaine. Et comme à chaque fois, il a raté le coche, passant lamentablement à côté de la plaque. Bien plus, il s’est fourvoyé dans un labyrinthe de dilatoires et de menaces.

Les mêmes refrains chantés

Ils constituent la trame de ses discours depuis un moment, et Faure Gnassingbé n’a pas manqué de remettre le morceau. Avancée, progrès économique et social, lutte contre la précarité, stabilité…tous ces éléments ont été au rendez-vous. « Nous progressons année après année, parce que nous avons choisi de combattre l’immobilisme dans tous les domaines. Nous progressons, parce que nous avons résolu de chasser la précarité dans ses plus petits recoins. Nos actions se fondent sur la conviction profonde qu’il est de notre responsabilité de rendre possible un Togo meilleur.


Un Togo dans lequel les plus vulnérables et les plus démunis se sentiront de plus en plus soutenus et épaulés, dans leur quête légitime d’une existence plus décente et d’un meilleur avenir », a chanté le locuteur de la Saint-Sylvestre, et de s’épancher sur le fameux Fonds national de la finance inclusive (Fnfi) dont le premier produit, l’Accès des pauvres aux services financiers (Apsef) aurait permis de toucher plus de 300.000 personnes, d’emporter la pauvreté au Togo (sic), et d’annoncer deux nouveaux produits destinés aux agriculteurs et aux jeunes. Dans cette même dynamique, il promet la réorganisation du secteur informel, avec la même détermination pour « valoriser davantage l’apport de ces nombreux corps de métiers qui ne sont pas suffisamment pris en compte par le circuit formel de production nationale », leur prise en compte dans la création des richesses nationales.

Faure Gnassingbé n’a pas manqué d’évoquer son trophée de la refondation de l’armée et ses justificatifs, les défis sécuritaires, notamment la lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime, pour, dit-il, « garantir la stabilité indispensable au développement de notre cher pays, le Togo ».

«L’organisation territoriale en deux régions militaires, de gendarmerie et de police nationale assure désormais une cohérence profonde de l’ensemble de nos forces de défense et de sécurité. Elle permet un maillage efficace de notre territoire national pour répondre à toute intention malveillante, mais nous donne aussi une plus grande capacité d’intervenir aux côtés de nos amis et alliés. En allant au plus près de nos populations, tous ceux qui sont en charge de sa sécurité font chaque jour la preuve de leur engagement et de leur détermination à être à son service, sans aucune autre considération que celle d’œuvrer au bien commun », a –t-il chanté. Lutte contre Ebola, réformes constitutionnelles et scrutin de 2015 ont été aussi relevés.


Le dilatoire autour des réformes

C’est le sujet sur lequel il était le plus attendu. Les Togolais soucieux d’une élection démocratique, transparente, équitable et apaisée en 2015 s’attendaient à une annonce forte dans le sens de la mise en œuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles de l’Accord politique global (Apg) du 20 août 2006 réitérées par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (Cvjr) et réclamées par tous ; surtout qu’une proposition de loi est introduite à l’Assemblée nationale depuis le 19 novembre 2014. Mais ils n’auront eu droit qu’à un faux-fuyant de la part de Faure Gnassingbé.

« Quelle que soit l’issue qui sera réservée à l’initiative des parlementaires en cours d’examen, il me paraît fondamental de dépasser les contingences immédiates pour ouvrir un vaste champ de réformes politiques en profondeur, dans le but de consolider notre ancrage démocratique et le processus de réconciliation nationale.

Conformément à la huitième recommandation du Rapport de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation qui souligne la nécessité de régler la question des réformes institutionnelles dans le cadre d’une réflexion approfondie sur l’adaptation du modèle en vigueur dans notre pays à nos réalités sociologiques, une commission de réflexion sur les réformes politiques sera mise en place. Cette commission sera composée d’historiens, de personnalités politiques, de juristes, de sociologues et de représentants de la société civile», a-t-il informé l’opinion. Sa mission, « proposer dans les meilleurs délais, un texte de réforme politique, de réforme institutionnelle et constitutionnelle qui tient compte de notre histoire, reflète nos réalités et répond aux aspirations des Togolaises et des Togolais ».

« Faure a Gweté les réformes », a glosé un jeune compatriote, faisant allusion à la danse Gweta consistant à esquiver des obstacles. Une façon pour lui de relever que le chef de l’Etat voudrait ainsi esquiver les réformes qui constituent une sorte de joug pour lui depuis un moment. Il s’agit visiblement d’une manœuvre dilatoire de Faure Gnassingbé pour éviter de mettre en œuvre ces réformes avant la présidentielle de 2015. Le temps de donner corps à cette idée, nommer les membres de cette Commission, les renvoyer à leur mission et que leur travail n’aboutisse, le scrutin serait déjà organisé.


C’est à croire qu’aucun travail n’a été fait sur cette problématique des réformes ! Faut-il le rappeler, à part les pourparlers de l’Apg, la Cvjr mandatée par Faure Gnassingbé himself en 2009 a mené des réflexions et fait des recommandations à lui remises en avril 2012. Lesquelles ne demandent qu’à être mises en œuvre. Mais depuis bientôt trois ans, elles sont mises au placard.


Au grand désarroi de Mgr Nicodème Barrigah qui a eu à diriger ces travaux et les faire aboutir, avec toutes les peines du monde. Faure aurait vraiment envie d’appliquer ses recommandations, de faire les réformes à temps qu’il aurait créé cette commission depuis lors. Suite à ses déclarations d’Accra du 25 novembre dernier faisant état de sa disposition à faire respecter rigoureusement la Constitution et face à la polémique, ses bouches parlantes sont montées au créneau pour laisser entendre qu’il a été mal compris. Certains foutriquets de l’opposition ont même entre-temps dardé qu’il est bien disposé à se plier aux réformes et peint Jean-Pierre Fabre comme l’obstacle. Cette sortie de Faure Gnassingbé, notamment l’annonce de cette fameuse Commission, a simplement le mérite de mettre davantage à nu son hostilité à ces réformes, du moins avant le scrutin de 2015.

Faure Gnassingbé menace

« Un rendez-vous important nous attend en 2015. Il s’agit de l’élection présidentielle. C’est une échéance cruciale. Son succès dans la paix, la transparence et l’équité contribuera à affermir l’irréversibilité de notre choix en faveur de la démocratie et du pluralisme. Il revient dès à présent, à tous les acteurs politiques de faire preuve de retenue, de responsabilité et de dignité.

Le succès attendu doit être au rendez-vous et, le moment venu, célébré comme une victoire du peuple togolais et de sa démocratie. Pour ma part, je me porte garant de la bonne tenue du scrutin», a déclaré dans son discours Faure Gnassingbé qui a souhaité vivement (sic) que les citoyens, « par leur choix souverain, indiquent la voie à suivre, sur tout ce qui engage l’avenir de notre jeune nation », faisant ainsi parler son éternelle hypocrisie. On croirait un chantre de la démocratie et des élections démocratiques. Mais alors qu’est-ce qu’il fait afin que ce scrutin soit vraiment célébré comme une victoire de la démocratie ? Passons.

«L’Etat se montrera inflexible à tous les niveaux, face à toute tentative visant à remettre en cause la paix et la stabilité dont jouissent les Togolais », a-t-il craché par la suite. Ces propos sont assez illustratifs de son état d’esprit, de sa disponibilité à user de la force pour s’imposer.


C’est un secret de Polichinelle, c’est l’armée qui est le socle du pouvoir des Gnassingbé, et c’est sur elle que Faure compte pour s’imposer au peuple togolais qui souhaiterait l’alternance au pouvoir à l’issue de l’élection présidentielle de cette année. Il use ainsi de manœuvres et se peint comme le seul garant de la paix et de la stabilité au Togo. Il est d’ailleurs allé sur cette piste dans ses déclarations d’Accra.

Ces propos ne sont rien d’autre que de l’intimidation et de la menace ouverte à l’endroit de ses opposants, notamment ceux du Combat pour l’alternance politique en 2015 (Cap 2015) qui semblent plus déterminés à lui barrer la route d’un 3e mandat au pouvoir. Et la menace n’est pas passée inaperçue dans les rangs de cette entité de l’opposition. Réagissant vendredi sur une chaine radio de la place, Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, Secrétaire générale de la Convention démocratique des peuples africains (Cdpa) et membre influente du Cap 2015 ne s’est guère montrée intimidée et a réitéré que son regroupement obtiendra la mise en œuvre des réformes avant la tenue de la présidentielle.

La menace est vécue comme un casus belli et suscite aussi énormément de coulées de bile sur la toile. « Pour se flatter d’un avenir, hélas, en pointillés, Faure Gnassingbé fait le crâneur et exhibe ses muscles. Dans son discours de fin d’année, d’un ton plutôt digne d’un chef de guerre, Faure Gnassingbé cherche à donner une haute idée de sa personne alors que tout le monde sait comment il est venu au pouvoir. Le hâbleur, dans son homélie, n’a trouvé aucune incommodité à superposer menaces et dilatoires, pour en venir, sans états d’âme, à mettre une croix sur ses promesses de réformes politiques », écrit le compatriote Kodjo Epou, dans une chronique où il voit Faure Gnassingbé jouer à se faire peur et relève que plus tôt il fera les réformes, mieux cela vaudra pour lui.

Au demeurant, Faure Gnassingbé a davantage révélé ses véritables intentions, celles d’user de la force pour passer. L’opposition et le peuple assoiffé d’alternance savent désormais à quoi s’en tenir.

Tino Kossi

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