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France/Afrique : Marche de Présidents africains, la presse locale s’enflamme
Publié le samedi 17 janvier 2015  |  Togo Diplomatie


© Autre presse par Louis Vincent
Faure Gnassingbé en France le 11 janvier 2015 pour participer à la marche républicaine, en soutien à CHARLIE HEBDO.
Paris, le 11 janvier 2015, marche républicaine, en soutien à CHARLIE HEBDO.


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La présence de six chefs d’Etat africains à la marche républicaine du 11 janvier dernier à Paris en hommage aux victimes des attaques terroristes des frères Kouachi et de leur acolyte, Amedy Coulibaly, ne semble visiblement pas passer au sein de plusieurs rédactions.
Les présidents malien Ibrahim Boubacar Keïta, nigérien Mahamadou Issoufou, sénégalais Macky Sall, béninois Thomas Boni Yayi, gabonais Ali Bongo et togolais Faure Gnassingbé étaient à Paris lors de la marche républicaine contre les attentats terroristes. Des voyages très onéreux alors que l’état de la presse est catastrophique dans la plupart de leurs pays et qu’ils ne semblent pas prêts à agir face aux massacres répétitifs et autres kidnappings de la secte Boko Haram au Nigeria et au Cameroun.

«Comment Yayi verse des larmes de crocodile« , titre La Nouvelle Tribune, du Benin. En effet, des images prises lors de cette manifestation ont montré le président Yayi Boni s’essuyant les yeux avec son mouchoir. « Autant que cet attentat, les voix hypocrites, manquant de sincérité, doivent être également dénoncées et condamnées.

Et c’est le cas pour le chef de l’Etat béninois, Boni Yayi, qui affiche un excès de zèle, une hypocrisie dans des actes souffrant visiblement d’une carence en sincérité« , s’indigne ce journal. A noter que le Bénin a même décrété une journée de deuil national. Son voisin le Nigeria qui subit l’ignominie de tueries de Boko Haram, n’a jamais bénéficié d’autant de compassion. Et, La Nouvelle Tribune d’y voir l’ «excès de zèle d’un président en difficulté chez lui avec l’atmosphère sociopolitique surchauffée dans son pays”.

«La France n’aurait pas décrété une heure de deuil pour 1000 Béninois morts » s’emporte un député pourtant proche du pouvoir.



L’Observateur Paalga du Burkina Faso n’est pas non plus tendre avec ces « fumistes » et ces « hypocrites ». « Affaire «Charlie Hebdo» : Et si on marchait aussi contre ces inconséquences diplomatiques! », écrit ce quotidien à sa Une. « On aurait tant aimé voir ce genre de manifestations de solidarité prendre corps sur notre continent, confronté à la progression de plus en plus inquiétante de la nébuleuse terroriste qui, aussi bien au Nigeria qu’en Libye ou au Cameroun, multiplie les actions. Mais hélas, trois fois hélas, on n’a encore pas vu de sursaut national d’une telle ampleur en Afrique« , regrette ce journal.

« Ces dirigeants africains qui sont « Charlie » ce dimanche à Paris« , rigole le site d’information sénégalais, seneweb qui a fait écho des réactions sur les réseaux sociaux. « Au moment où le groupe terroriste Boko Haram massacrait 2000 personnes et 16 villages du 6 au 8 janvier provoquant le déplacement de 20.000 personnes, la pilule a du mal à passer chez certains internautes africains. Plusieurs évoquent une « solidarité de la honte » pointant une certaine hypocrisie de certains de ces dirigeants africains non démocrates qui vont « s’indigner » et défendre la liberté d’expression à Paris. Selon RFI, plusieurs maliens conseilleraient à leur président de « prendre ici la tête d’une autre marche pour dire non au terrorisme et oui à l’unité nationale… » « .
L’Alternative et Liberté n’ont pas manqué d’égratigner le chef de l’Etat togolais. « Faure Gnassingbé est Charlie à Paris et prédateur des libertés au Togo« , titre le premier. «Faure Gnassingbé qui ferme les radios et réprime les manifestations pacifiques au Togo, joue à Charlie en France « renchérit le second. La Haac (Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication) est tout de même une gendarmerie aux mains du chef de l’Etat togolais pour taire tout média trop dérangeant.

Pour finir, RFI rapporte l’ire des opposants togolais suite à la présence de Faure Gnassingbé, le président du Togo à la marche républicaine de Paris. Au titre évocateur de « Gnassingbé avec les Charlie à Paris: vives critiques de l’opposition », cette station tend son micro à Eric Dupuis, chargé de communication de l’Alliance nationale pour l’alternance (Anc) : "Nous sommes scandalisés d’apprendre que Faure Gnassingbé, qui refuse la liberté même de manifester dans son pays et la liberté de la presse. (…) Et qu’il aille défiler, marcher pour soutenir la liberté de la presse en France, je crois que c’est une insulte à l’intelligence du peuple togolais".

Edem ASSIGNON, Correspondant Afrikaexpress, Paris, France

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