Visiblement, le régime du Prince a décidé, tête baissée, de s’engager dans un processus électoral parfaitement déséquilibré en vue de s’octroyer un mandat de plus pour le fils héritier.
Le plan a été acté depuis ce jour où, à Accra le fiston du feu général avait béatement déclaré que la Constitution en vigueur allait être rigoureusement respectée, puis dans la foulée, il a réfléchi à une nouvelle astuce pour arracher à l’Assemblée Nationale, sa prérogative de modification de la Constitution.
Malheureusement, l’opposition s’est montrée particulièrement naïve sur ce coup au point de cautionner par inadvertance, cette stratégie bien réfléchie du pouvoir en place.
Aujourd’hui, avec la mise en place de la fameuse commission de réflexion sur les réformes que préside dame Awa Nana Daboya, il est clair que l’épisode de l’étude de la proposition de Lomé sur ces réformes à l’Assemblée National est bouclé.
Et Faure Gnassingbé a amplement repris la main pour guider et téléguider le projet sur les réformes qu’il ne pourra d’ailleurs enclencher qu’à sa guise et selon son propre vouloir. C’est bien dommage pour le Togo et les togolais.
Mais le plus saisissant qui révolte en même temps que fait pitié, reste la flagrante lâcheté du Prince lui-même. Ainsi donc, il a tellement tout perdu qu’il ne lui reste aucune valeur humaine au point d’assumer publiquement le fait qu’il ne soit plus populaire au Togo.
Il prouve par ses actes qu’il a bonne conscience du fait que la majorité des togolais ne le supporte plus alors que lui ne jure que par le pouvoir et rien d’autre. Que faire dans un tel contexte ? Il faut simplement le confisquer sans débat.
Le fait qu’il ait refusé avec force les réformes en est la première preuve puisque celles-ci n’ont d’objectif que d’assainir le processus électoral et de garantir sa transparence.
Si Faure n’avait vraiment rien à se reprocher, il aurait été naturellement le premier à les initier pour montrer à la face du monde qu’il est vraiment en phase avec les aspirations profondes de son peuple. Il ne l’a pas fait sans doute pour cette raison que tout le monde connait aujourd’hui.
La deuxième preuve tient de la manière bancale avec laquelle la CENI est en train de conduire les épisodes essentiels du processus électoral. Depuis mardi, la révision des listes électorales a commencé dans la zone I dans une improvisation totale.
Aucune bande d’annonce, aucune campagne digne de ce nom pour mobiliser les populations, aucune affiche…rien. L’objectif est clair, endormir l’électoral du sud qui est fortement acquis à l’opposition. C’est évident !
Faure Gnassingbé sait qu’il peut tout faire, jamais il ne pourrait avoir 5% de l’électoral de la région maritime et c’est donc exprès qu’il a fait commencer l’épisode de la révision des listes dans cette région car il sait très bien que les togolais ont toujours du mal à s’embarquer tôt sur ce genre d’activités. Le temps qu’ils n’en prennent conscience, la phase aura déjà été clôturée en tout cas pour cette région.
L’on notera que dans les jours qui suivent, la campagne sera amplement lancée aussi bien sur les médias que sur le terrain notamment dans les autres régions où le fils-héritier espère avoir plus d’électorat.
Des informations précises nous indiquent que des centaines de personnes ressources ont déjà été recrutées dans la région des plateaux et de la Kara pour sensibiliser les populations et les exhorter à prendre part au processus de révision de ces listes.
Au même moment, le Prince lui-même commence à descendre sur le terrain pour soit donner le premier coup de pioche de tel chantier, soit pour lancer tel nouveau projet en faveur de la population.
Tout cela n’est rien d’autre que campagne. Une campagne sans doute malhonnête qui use et abuse de la naïveté ou même de la pauvreté de la population.
Il suffit d’observer de près les mouvements du Prince ces derniers jours pour se rendre à l’évidence qu’il a décidé de briser son autarcie habituelle pour envahir, avec les moyens de l’Etat, les régions du nord et faire croire au peuple qu’il est vraiment avec lui.
Hier c’était Mango où Faure Gnassingbé a cru devoir être présent à une cérémonie de lancement d’une campagne de vaccination. Sans blague !
Faure Gnassingbé a traversé les « régions sauvages » pour être aux côtés de la population de Mango et lancer en personne la campagne de vaccination contre la poliomyélite. Puis il s’est retrouvé ailleurs à Dapaong, à Kara à Pagouda et mardi à Amou. Ce qu’il n’a pas fait depuis cinq ans.
Personne ne le jugerait s’il faisait ses gesticulations avec son argent. Ici, il profite et use de l’argent et des projets de l’Etat pour se faire un nom sous le soleil auprès de la population. C’est dommage. Mais tout compte fait, il a beau calculer, il a beau téléguider, si son heure a réellement sonné, il trébuchera sans que personne ne le pousse. Et c’est justement là que les chemins de Dieu restent et resteront toujours insondables.