Robert Dussey, le chef de la diplomatie togolaise, a été auditionné mercredi matin à Paris par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.
Une quarantaine de députés étaient présents parmi lesquels deux anciens Premiers ministres, Jean-Marc Ayrault et François Fillon. On reconnaissait dans l’assistante des têtes connues : Pierre Lellouche, André Santini, Nicolas Dupont-Aignan, François Loncle, Thierry Mariani, Marion Maréchal-Le Pen et Jean-Yves Le Bouillonnec, président du groupe d’amitié France-Togo.
Les discussions étaient dirigées par Elisabeth Guigou, la présidente de la Commission des Affaires étrangères.
Le ministre togolais a été longuement interrogé sur la menace que fait peser Boko Haram au Nigeria, au Cameroun et à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Comment l’Afrique peut-elle réagir ? Existe-t-il une réponse africaine ?, ont demandé les députés.
M. Dussey a indiqué que pour le président Faure Gnassingbé, cette organisation constituait une menace régionale à laquelle il fallait apporter une réponse régionale. A l’initiative de la Cédéao, le projet d’une forme militaire régionale destinée à lutter contre ces islamistes sera évoquée lors du prochain sommet de l’Union africaine.
‘Jamais le monde n’a fait autant face à la recrudescence du terrorisme, de la violence, de la cruauté et de la barbarie qu’il en connaît de nos jours. Les divers groupes terroristes qui sèment la terreur, la désolation et la mort à travers le monde, et particulièrement en Afrique de l’Ouest, constituent des obstacles réels face à la volonté implacable des nations d’édifier une paix durable’, a déclaré Robert Dussey.
La montée du terrorisme en Afrique est-il de nature religieux, se sont interrogés les élus français. La réponse doit être prudente, estime le ministre togolais des Affaires étrangères, mais le développement de l’islam, l’augmentation spectaculaire des conversions, les financements assurés par de mystérieuses associations de bienfaisance islamique invitent à la vigilance.
Cette audition a également été l’occasion d’aborder l’insécurité maritime avec les attaques des pirates dans le Golfe de Guinée et la tenue en novembre 2015 à Lomé d’une conférence internationale sur ce thème.
Les députés ont aussi questionné le chef de la diplomatie togolaise sur la prochaine élection présidentielle et sur les réformes politiques.
Le scrutin devrait se dérouler au mois d’avril, a-t-il indiqué.
‘Le gouvernement n’est pas opposé à une limitation du mandat présidentiel. Il l’a clairement exprimé en élaborant un projet de loi qui a été soumis aux députés en juin 2014, mais rejeté par l’Assemblée. Il est indispensable de parvenir à un consensus sur cette question’, a souligné M. Dussey.
Elisabeth Guigou avait dans son introduction saluée le caractère apaisé de la démocratie togolaise.
Robert Dussey s’est enfin félicité de la qualité de la coopération entre le Togo et la France. Lomé fait partie des 16 pays prioritaires de l’aide française au développement.
Plusieurs députés ont toutefois regretté que Paris se fasse damer le pion par la Chine jugée plus réactive ; ils ont également regretté les lourdeurs bureaucratiques de l’Union européenne qui retardent la réalisation de projets en faveur du Togo ou qui les font capoter.