La lutte contre Boko Haram sera au cœur des débats à l'Union africaine à Addis-Abeba cette semaine, lors du sommet des chefs d'Etat vendredi 30 janvier, mais aussi dès ce lundi matin lors du Conseil des ministres des Affaires étrangères.
Jusqu’à présent, le Nigeria ne voulait pas que l’Union africaine, et notamment son éternel rival sud-africain, se mêle de ses affaires intérieures. Et il y a quelques jours encore, le conseiller à la sécurité du président Goodluck Jonathan affirmait que le Nigeria avait tout à fait les capacités de gérer le problème Boko Haram avec ses seuls partenaires de la sous-région : le Niger, le Tchad et le Cameroun.
Mais depuis une semaine, le reste de l’Afrique n’est plus d’accord avec cette thèse souverainiste. Mardi dernier, 20 janvier, c’est le commissaire Paix et sécurité de l’Union africaine, l’Algérien Smaïl Chergui, qui s’est rendu à Niamey pour participer à une réunion anti-Boko Haram, où soit dit en passant, le Nigeria n’était représenté que par son ambassadeur sur place. Le lendemain mercredi, c’est la présidente de la Commission de l’Union africaine, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, qui a lancé « Boko Haram constitue une menace non seulement pour le Nigeria et ses voisins, mais aussi pour l’ensemble du continent ».
Cette semaine à Addis-Abeba et peut-être, dès aujourd’hui lors du Conseil exécutif, il faut donc s’attendre à ce que l’Union africaine s’empare du dossier Boko Haram et demande officiellement au Conseil de sécurité des Nations unies deux choses importantes : premièrement, donner mandat à une force d’intervention multinationale ; deuxièmement, créer un fonds spécial pour financer cet effort de guerre. Evidemment, trois semaines avant les élections au Nigeria, tout cela tombe très mal pour le candidat Goodluck Jonathan, mais pour ses partenaires africains, les tergiversations ont assez duré.