La paix et la sécurité constituent des biens communs à tous. La lutte contre l’insécurité doit rassembler les pays du Nord comme ceux du Sud. Il n’existe plus de terrorisme spécifique qui ne frapperait que les pays développés. Le terrorisme se mondialise et se régionalise. Boko Haram en est un exemple.
Naguère localisée au Nigéria, la secte djihadiste multiplie les incursions au Cameroun et menace l’ensemble des pays du bassin du Lac Tchad. Pour cette raison, le Tchad a envoyé son armée combattre les islamistes nigérians. Et, pour le même motif, une rencontre entre treize pays africains et non africains s’est ouverte le 20 janvier 2015 à Niamey pour tenter d’apporter une réponse efficace à la menace représentée par Boko Haram.
Cette conférence a réuni les ministres des Affaires étrangères ou de la Défense de six Etats africains (Bénin, Cameroun, Guinée équatoriale, Niger, Nigéria et Tchad) ainsi que les représentants de sept autres pays (Allemagne, Canada, Chine, Espagne, Etats Unis, France, Royaume Uni).
Plusieurs organisations panafricaines étaient également présentes à Niamey, comme la Commission du bassin du Lac Tchad (CBLT), la Commission économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), l’Union africaine et d’autres organisations non africaines comme l’Organisation de la conférence islamique (OCI), l’Union européenne et des représentants de l’ONU.
La situation sécuritaire actuelle au Nigéria et dans le bassin du Lac Tchad est très préoccupante.
On ne peut plus se contenter de la décrire et de s’en indigner. L’engagement des pays africains et de la communauté internationale est indispensable. Il reste à définir une stratégie sur plusieurs années et d’y consacrer l’argent, l’organisation et les hommes nécessaires (agents des services de renseignement et brigades d’intervention) pour combattre de façon réelle Boko Haram. Le Nigéria seul ne peut y parvenir. Un certain nombre de localités nigérianes sont déjà contrôlées par l’organisation terroriste. Les pays africains doivent impérativement sortir de la torpeur pour agir.
Le groupe terroriste, selon les estimations d’Amnesty international, a fait plus de 13.000 morts au Nigéria et déplacé 1,5 millions de personnes depuis le début de ses actions insurrectionnelles en 2009. La menace de Boko Haram s’étend à d’autres pays, comme le Cameroun et le Tchad, et peut toucher d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. La coopération régionale est donc indispensable et doit se matérialiser concrètement sur le terrain pour éradiquer la secte djihadiste.
Lucien Pambou, membre de la rédaction de Géopolitique Africaine