Togo - Le personnel soignant du Centre hospitalier régionale (CHR) de Lomé était hier comme dans un rêve. Leur premier interlocuteur, le chef du gouvernement, Arthème Ahoomey-Zunu, leur a rendu une visite surprise. Une visite qui a rimé avec un sermon. Le Premier Ministre qui devrait chercher par tous les moyens le consensus et éviter tout autre mouvement de grève, n'a pas mâché ses mots
Les mots employés pour s'adresser au personnel du CHR de Lomé par le Premier ministre sont « révoltants », a estimé hier un praticien hospitalier. « Ceux-là nous prennent pour des demeurés », a-t-il indiqué furieux.
Arthème Ahoomey-Zunu n’y est pas allé du dos de la cuillère. Tout porte à croire qu’il cherchait depuis l’occasion pour vider son sac. Visiblement, les grèves répétitives des agents de la fonction publique ont mis hors de lui le chef du gouvernement.
« Le secteur de la santé est pris en otage pour rien par des grèves répétitives », a déclaré Arthème Ahoomey-Zunu. Et il a ajouté : « J’ai demandé une trêve, le temps d’aller me soigner. En mon absence, j’ai constaté que la STT est partie en grève ».
Le Premier ministre ne s’est pas arrêté là. Il est allé bien loin en usant d'une auto-dérision de mauvais goût. Confirmant les propos des populations qui se désolent que les premiers responsables du pays ne se soignent pas dans les hôpitaux du pays et bénéficient de certaines largesses.
« Les autorités ne pourront jamais venir se faire soigner dans les hôpitaux. Si on ferme la morgue, et que moi j’ai envie d’aller chercher un corps, j’ai les moyens de la faire. La fermeture de la morgue ne pénalise que le bas peuple », a-t-il déclaré sous le regard médusé du personnel soignant.
Par ailleurs, le Premier ministre a tenu une réunion dans la même journée d’hier avec les responsables de la Synergie des travailleurs du Togo (STT). Au cours de cette rencontre, Arthème Ahoomey-Zunu a déclaré que les revendications portées par la STT n’ont plus un caractère social. Elles ont plutôt l’allure d’une perturbation de la vie administrative.
« On ne peut pas tout le temps travailler sous la pression, en termes de grève du genre, les cours sont considérés comme faits. Je trouve cela en dehors des revendications sociales. Si c’était des revendications politiques, on comprendrait. Maintenant que ce ne sont pas des revendications politiques, nous voulons comprendre de quelles revendications il s’agit, parce qu’il faut qu’on arrête d’être en conflit permanent sur des sujets qui ne nous divisent pas, mais au contraire doivent nous rapprocher, nous en tant que gouvernement et vous en tant qu’agents de la fonction publique », a-t-il laissé entendre.
Pas sûr, que le personnel soignant et les agents de la fonction publique aient apprécié cette sortie du PM. On attend de voir leur réaction.