Lomé - Le gouvernement togolais a annoncé mardi que l’élection présidentielle se tiendrait "à la mi-avril", sans pour autant révéler si le président Faure Gnassingbé sera candidat à sa succession.
M.Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, avait provoqué la colère de l’opposition et de la société civile, à la fin de l’année dernière, en n’excluant pas de briguer un troisième quinquennat à la tête de l’Etat togolais.
"Le scrutin devra se tenir à la mi-avril.(...)La date précise du scrutin sera déterminée par décret en Conseil des ministres, sur proposition de la Commission électorale nationale indépendante" (Céni), a déclaré mardi à l’AFP le ministre de l’Administration territoriale, Gilbert Bawara, rompant ainsi le silence des autorités à ce sujet.
- La Cour constitutionnelle clarifie -
La Cour constitutionnelle avait provoqué des réactions outragées de l’opposition, lundi, en annonçant que "le scrutin relatif à l’élection présidentielle doit être ouvert 75 jours au plus tôt et 60 jours au plus tard avant la fin du mandat présidentiel en cours", le 3 mai.
L’opposition, comme la majorité des médias, y avaient lu une date limite de scrutin fixée au 5 mars.
Le leader de l’opposition Jean-Pierre Fabre, candidat à l’élection présidentielle, avait notamment déclaré à l’AFP que ce délai était "matériellement impossible à respecter", au vu du rétro-planning de la Commission électorale indépendante (céni).
Or, a précisé la Cour mardi, ce n’est pas le scrutin qui doit se tenir avant le 5 mars, mais la convocation du corps électoral, c’est-à-dire l’annonce d’une date d’élection, conformément à l’article 61 de la Constitution togolaise.
- Candidature de Faure Gnassingbé en suspens -
L’annonce de M. Bawara intervient au moment où les députés débattent d’un nouveau projet de réforme de la Constitution, proposé par l’opposition, sur la limitation du nombre de mandats présidentiels.
Dans l’état actuel des choses, la constitution togolaise ne prévoit aucune limitation des mandats présidentiels, ce qui permet à M.Gnassingbé de briguer un troisième mandat de 5 ans.
Un premier projet de loi visant à limiter le nombre de mandats à la présidence a déjà été rejeté en juin par le Parlement, où le parti au pouvoir est majoritaire.
Porté au pouvoir par l’armée à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a gouverné autoritairement le Togo pendant 38 ans, Faure Gnassingbé a remporté en 2005 et 2010 des scrutins présidentiels dont les résultats avaient été contestés par l’opposition.
Son père, le général Eyadéma, avait modifié la Constitution en 2002 pour supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels instaurant une sorte de "présidence à vie".
M. Gnassingbé s’était attiré les foudres de l’opposition et de la société civile en novembre, en déclarant, depuis le Ghana voisin où il était en déplacement, que la Constitution en vigueur au Togo serait "rigoureusement respectée" lors des prochaines élections, laissant ainsi sous-entendre qu’il pourrait se présenter à nouveau.
Plusieurs milliers de manifestants ont défilé en novembre et décembre, dans les rues de Lomé, brandissant des pancartes comme "50 ans pour le père et fils, ça suffit!", ou "deux mandats, ça suffit!"
L’élection présidentielle doit se dérouler à un seul tour, et l’on ignore encore si l’opposition présentera un candidat unique.