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Sortie de Me Agboyibo le 18 janvier 2015: est-ce le dernier baroud d´honneur du président d´honneur?
Publié le mercredi 4 fevrier 2015  |  Togo News


© Autre presse
Maitre Yaovi Agboyibo, parrain du parti CAR, Comité d`Action pour le Renouveau


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Le 18 janvier dernier était le jour de la "Convention des jeunes Libéraux" du CAR, c´était l´occasion pour le président d´honneur de ce parti, Me Yaovi Agboyibo de présenter un exposé sur les causes de l´échec de la lutte pour la démocratie et l´alternance au Togo.
Et pour lui les fautifs sont vite trouvés: ce sont les radicalistes, comme il les nomme, qui ont empêché l´avènement de la démocratie et permis au régime de conserver le pouvoir.


Trop court et surtout trop simpliste comme explication! Il aurait été plus sage et juste que Me Agboyibo parlât de son rôle à lui depuis Octobre 1990 jusqu´à nos jours ou qu´il ne parlât pas du tout. Je plains tous nos jeunes frères et soeurs assis là à écouter le président d´honneur du CAR falsifier l´histoire récente de notre pays.
Depuis un demi-siècle les tenants du système de malheur qui prétendent nous gouverner, n´ont fait que falsifier l´histoire, la démographie et la géographie du Togo pour satisfaire leurs appétits népotistes. Et au lieu de dénoncer ces abus d´un pouvoir politique qui se trompe d´époque, le défenseur de l´orphelin et de la veuve que devrait être Agboyibo, choisit son camp en s´attaquant à la victime qu´est l´opposition.


Et puisque c´est lui-même qui décide d´ouvrir la boîte de Pandorre, nous nous permettons de nous y glisser. S´il y a des personnalités politiques qui ont eu à jouer un rôle négatif, un jeu trouble au cours de ces dernières décennies dans la lutte du peuple pour sa libération, Me Agboyibo figure bien en bonne place au sinistre panthéon des fossoyeurs du peuple au sein de l´opposition. Que de positions ambigües, que de prises de position égoïstes, que de roublardise n´ont pas été à l´actif du natif de Kouvé?


Lecture:


«...Il est un autre "grand leader de l´opposition démocratique" qui, sans être entièrement traître, n´a pas pour autant manqué d´abuser le peuple, surtout celui des campagnes. Avec ce monsieur, c´est l´intrusion de la philosophaillerie et de la magie en politique, le déclin de la rationalité. Sa stratégie pour se faire ceindre du diadème de la démocratie s´appuie sur le populisme, le merveilleux, le mystique et la dépénalisation du sodabi. On fit répandre parmi les populations, les superstitieux et les naïfs de tout bord, la fable selon laquelle, lors d´une prétendue bagarre avec le Timonier, il aurait pris le dessus et se serait rendu ensuite invisible , emportant le fauteuil du Timonier et échappant ainsi à la vindicte des gardes du grand vizir.



...Cette mystification a suffi pour ranger notre ami dans le rang des démocrates et lui coller l´étiquette du chef du "parti des paysans et des déshérités". Ainsi on a occulté son passé de compromissions, de complicité avec le dictateur. AGBOYIBO, puisque c´est de lui qu´il s´agit, a eu un trop long compagnonnage avec le RPT. Il était bien l´un des conseillers juridiques du Timonier pendant les heures de gloire de ce dernier.


...En effet, il est nécessaire qu´on soit instruit que AGBOYIBO qu´on a surnommé le Bélier Noir n´est devenu grand, fortuné que par la faveur d´Eyadéma. Aussi bon nombre de Togolais ont-ils toujours douté de sa sincérité dans l´opposition et l´ont-ils crédité volontiers de nombreux défauts: déloyauté, hypocrisie, duplicité et lâcheté. D´ailleurs sa démarche au sein du FAR, du FORT, du COD I et du COD II troubla profondément les populations et a apporté de l´eau au moulin des accusations de ses adversaires.»


Voilà Yaovi Agboyibo brièvement décrit par Dr. Siméon Kwami OCCANSEY (paix à son âme) dans son livre: "Si Éyadéma m´était conté". Je dis souvent que l´opposition togolaise n´a pas le monopole de la division, de l´existence de faux opposants en son sein, ni moins encore de celui du radicalisme. Tous les pays africains, surtout certains de nos voisins qui connaissent aujourd´hui l´alternance ont tous passé par là. Seulement au Togo la particularité du régime que nous avons à combattre ne doit pas manquer dans les arguments de tout homme politique sérieux qui veut parler de façon objective de l´échec de la lutte du peuple depuis le 05 Octobre 1990.
J´ai eu à parler dans un article récent de la nature jusqu´au-boutiste du régime des Gnassingbé dont l´objectif primordial est de s´éterniser au pouvoir. Et la composition de l´armée togolaise qui n´en est pas une, constitue un grand obstacle sur le chemin de toute opposition aussi déterminée soit-elle. Sans le courage et l´intelligence d´un certain J.J. Rauwligs le Ghana connaîtrait aujourd´hui encore l´instabilité politique. Moussa Traoré ou son système serait peut-être encore aujourd´hui au pouvoir au Mali sans le coup d´état de Toumani Touré en 1991.



Au Niger Mamadou Tandja fait voter en 2009 un référendum qui prolonge son mandat de trois ans et lui permet de se représenter à nouveau. Il est renversé par un coup d´état le 18 Février 2010.
La démocratie béninoise est due à un homme qui a le sens de l´honneur, l´amour pour son peuple. Mathieu Kérékou était militaire, il pouvait refuser de partir et envoyer ses soldats massacrer ses compatriotes, mais il ne l´avait pas fait.
Lisons ensemble Wikipédia:


"En janvier 1990, la Conférence Nationale décide de changements drastiques (période de transition d’un an puis élections libres, nomination d’un Premier Ministre etc.). Mathieu Kérékou, le jour de la clôture de la Conférence en accepte toutes les conclusions. Il laisse un pays en mauvais état économique, mais vient de démontrer qu’il avait su engager avec habileté un processus démocratique, le premier en Afrique.
Il est battu lors de l’élection présidentielle de 1991 par Nicéphore Soglo. Puis, il revient au pouvoir suite à des élections démocratiques le 4 avril 1996; il est réélu en mars 2001. Il n’a pas pu se représenter à la fin de son mandat en 2006.


Durant ses deux mandats de 1996 à 2006, le président Kérékou a respecté de manière stricte la séparation des pouvoirs. Ainsi, la liberté de presse sous le général Kérékou a permis au Bénin de se hisser au deuxième rang au niveau africain, et parmi les meilleurs sur le plan mondial.


Contrairement à d’autres chefs d’État africains, sous la pression des médias, des intellectuels et de l’opinion publique, Kérékou n’a pas pu modifier la Constitution qui limite l’âge auquel il est possible d’accéder à la présidence ainsi que de briguer plus de deux mandats."


Éyadèma a-t-il laissé cette chance aux Togolais ?


Si les quelques pays dont je viens de donner l´exemple sont sortis plus ou moins du désordre politique sans grands heurts, ce n´est pas parce que les oppositions y sont plus organisées, plus unies ou plus intelligentes que l´opposition togolaise. Au Togo, nous ne le dirons pas assez, Gnassinbgé Éyadèma était d´une autre nature, une nature méchante et criminelle.


Comprenez-moi bien, je ne dis pas que notre opposition n´a pas commis de fautes, d´ailleurs y a-t-il une seule oeuvre humaine en ce monde exempte d´erreurs et de fautes?
Je veux seulement rappeler que les Togolais, vu le régime qu´ils ont en face, ont eu moins de chance que certains de leurs frères d´autres pays africains. Pour le peuple togolais et son opposition qui n´ont pas d´armée pour venir à leur secours, la démocratisation était engagée sous de mauvais auspices.


Si dans les pays comme le Ghana, le Mali, le Niger et hier le Burkina-Faso des militaires étaient sortis, les uns pour changer le statu quo, les autres pour terminer le travail commencé par l´opposition et les populations, l´opposition togolaise n´aura pas cette chance.


Tout juste au lendemain de la Conférence Nationale l´acharnement commença sur les institutions de la transition dont le couronnement fut l´attaque de la primature le 03 décembre 1991. Ce jour-là, des militaires togolais furent tués des deux côtés, Joseph Kokou Koffigoh, premier ministre d´alors, fut brutalisé, humilié avant d´être conduit chez Éyadéma tapis à Lomé II.
Ce fut le commencement de la chasse aux leaders de l´opposition à la trousse desquels le dictateur lança ses tueurs.


L´assassinat de Tavio Amorin en Juillet 1992 à Tokoin-Gbonvié, l´attentat de Soudou contre le convoi de Gilchrist Olympio le 05 Mai 1992, la prise en otage des membres du Haut Conseil de la République en Octobre 1992, où Me Agboyibo fut, parmi d´autres, personnellement molesté et humilié par les soldats d´Éyadéma. Les auteurs de ces assassinats ou forfaits sont connus et identifiés, mais sont toujours en liberté pour ceux qui sont encore en vie.



La liste n´est malheureusement pas exhaustive, car il serait superflu de revenir ici sur les nombreux assassinats, enlèvements et massacres de Togolais perpétrés dans le cadre de la stratégie de la terreur mise en place par Gnassingbé Éyadéma. Et Me Agboyibo, en sa qualité d´avocat et de défenseur des droits de l´homme est beaucoup mieux renseigné sur tout ce qui s´est passé au Togo comme violations des droits humains.


Et dans une telle situation qu´a connue et que connaît encore notre pays, de quel côté se situent les radicaux? Du côté d´un régime violent, réfractaire à toute idée d´alternance et prêt à tout pour se maintenir vaille que vaille au pouvoir, ou du côté d´une population et d´une opposition aux mains nues?
S´il y avait eu des radicaux ou radicalistes (selon l´expression de Me Agboyibo) au sein de l´opposition, Éyadèma ne serait pas mort au pouvoir et son fils Faure ne serait pas aujourd´hui l´épée de Damoclès qui plane sur le Togo. Une opposition radicale ne connaît pas de compromis, elle ne va pas au dialogue, elle prend les armes et embrase le pays.



Rappelez-vous de ce qui s´est passé au Libéria, en Côte d´Ivoire, et de ce qui se passe encore en Somalie et en RDC, c´est ça que nous pouvons appeler des oppositions radicales.


Une opposition togolaise qui est à plaindre et qui se fait ridiculiser pendant des décennies par un régime dont le point cardinal est la mauvaise foi, n´a rien de radical.


C´est pourquoi je ne peux pas comprendre cette sortie de l´avocat de Kouvé qui ne fait que reprendre l´argumentation des caciques du régime RPT/UNIR.


Ce discours tordu du vieux avocat Agboyibo n´est rien d´autre que ce que les allemands appellent "Armutszeugnis", un aveu d´impuissance et d´incapacité. Après avoir contribué à mettre les bâtons dans les roues de l´opposition, au moment de faire le bilan Agboyibo accable cette même opposition pour se donner bonne conscience, en sachant bien où se trouvent les responsabilités de la situation actuelle du Togo.


Ce n´est pas serieux et surtout ce n´est pas responsable!

Et quand il appelle "à repenser à l´avenir la dynamique unitaire qui devra tenir compte des spécificités idéologiques pour une meilleure gestion de la diversité des courants politiques," on a l´impression que Me Agboyibo n´a pas encore appris les leçons de ses comportements passés.


Encore une idée floue, ambigüe dont il a le secret, et dont il s´est toujours servie pour refuser l´union, faire cavalier seul et morceler l´opposition. Sinon comment peut-on, dans un pays de non-droit et de dictature comme le Togo, appeler à l´union de l´opposition et en même temps parler de la diversité des courants politiques? Peut-il y avoir meilleur moyen de semer le trouble dans les esprits?


En attendant la sortie prochaine du "Bélier Noir" de Kouvé pour appeler les sept millions de togolais à se coucher pour que Faure Gnassingbé marchent sur eux, pour s´assurer qu´il n´y a plus de radicalistes, avant qu il n´autorise la vraie démocratie au Togo, il revient désormais au peuple, et surtout à la jeunesse de prendre son destin en main.



Samari Tchadjobo
Allemagne

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