Le 05 février 2005 aux environs de 19heures, le Premier Ministre de l’époque, Koffi Sama avait fait une irruption inhabituelle sur les écrans de la télévision nationale pour annoncer au peuple togolais, la survenue d’une « catastrophe nationale », le général Eyadema n’était plus.
Le timonier national, le baobab de Lomé II venait ainsi de s’éteindre dans les airs alors que l’on l’évacuait à l’étranger pour des soins médicaux.
Lui qui a régné d’une main de maître sur le Togo pendant 38 bonnes années venait ainsi de tirer sa révérence sans tambours ni battants.
Un silence lourd et assourdissant s’était subitement saisi de tout le Togo, les rues désertes pendant qu’une peur bleue envahissait chacun des togolais.
Qu’allaient devenir le Togo et les togolais après la mort annoncée de celui qui a régné sur ce pays pendant 38 ans sans partage ni concession aucune ?
Qui pouvait oser prendre sa place et gérer convenablement le pays étant entendu que personne sous son règne ne pouvait se targuer d’avoir l’étoffe d’un homme d’Etat sans soulever immanquablement son courroux ?
Les togolais étaient bien sûr en train de s’interroger quand subitement, le chef d’Etat-Major de l’époque, Zakari Nandja a fait une apparition curieuse pour tenir des propos tout aussi curieux.
Face au vide institutionnel lié à l’absence du Président de l’Assemblée Nationale du territoire national, les FAT ont décidé de confier la gestion du pouvoir à l’un des fils du feu général, Faure Gnassingbé.
Par la même occasion le général Nandja a annoncé la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays, sans doute pour empêcher l’atterrissage du vol Air France transportant Fambaré Ouattara Natchaba, président de l’Assemblée Nationale de l’époque et dauphin constitutionnel du Président défunt.
Celui-ci sera forcé d’atterrir à Cotonou d’où sera extrait, un certain Charles Débasch, celui-là même qu’Alpha Omar Konaré, le Président en exercice de l’UA de l’époque a qualifié de « mercenaire au col blanc ».
C’est donc lui, le génie des tripatouillages des constitutions qui sera transporté de Cotonou à Lomé pour charcuter systématiquement la Constitution togolaise pour l’arrimer aux besoins de la cause et permettre à Faure Gnassingbé de devenir à la fois député, puis président de l’Assemblée Nationale et par conséquent Président de la République par Intérim et tout cela en une nuit…. Magique n’est-ce pas !!!
Pendant ce temps Fambaré Ouattara Natchaba était soigneusement empêché de quitter Cotonou et de mettre pied au Togo. La sortie tonitruante de ce dernier sur RFI pour dénoncer toute la machination qui se fomentait contre lui et ses intérêts n’ont non plus permis de lui ouvrir les frontières du Togo pour qu’il regagne son pays.
Il a fallu des jours et des jours pour qu’un Pascal Bodjona se transporte à Cotonou pour convoyer l’homme de Mango au Togo bien sûr avec la bénédiction du Président de la République du Bénin de l’époque Mathieu Kérékou.
Il a aussi fallu des pressions sans faille à la fois de la CEDEAO conduite par un certain Oluségun Obassandjo, président de la République fédérale du Nigéria et l’Union Africaine sous la lumière d’un certain Omar Konaré ainsi qu’un soulèvement monstre des leaders de l’opposition au Togo pour que Faure Gnassingbé se résolve à lâcher le pouvoir qu’il venait de rapiner au peuple togolais grâce à l’onction des FAT.
Mais le fauteuil ne se retrouvera guère entre les mains de Natchaba. C’est plutôt à un certain Abass Bonfoh, précédemment instituteur d’éducation physique, élu il y a quelques années député à l’Assemblée Nationale et assumant le poste de 1er vice-Président que cette charge a été de go confiée par ses pairs.
Ce fut donc le point de départ d’une série de bouleversements politiques les uns plus graves que les autres soldés ensuite par le retour programmé de Faure Gnassingbé au pouvoir après l’élection présidentielle d’avril 2005 qui a été ponctuée par une série de tueries chiffrées par les Nations-Unies à environs 500 morts.
Tout compte fait, Faure Gnassingbé s’est incrusté, vaille que vaille dans ce fauteuil tant convoité pour un premier mandat de cinq ans.
Pris sous les prismes d’une pression internationale et pour faire passer l’amère pilule de son pouvoir aux occidentaux, il acceptera ouvrir le dialogue politique inter-togolais qui sera soldé le 26 août 2006 par un Accord Politique Global signé devant témoins à l’hôtel de 2 février aujourd’hui en désuétude.
Les togolais avaient naïvement cru qu’à partir de cet accord politique qui constituait ainsi la Bible à partir duquel les acteurs politiques togolais et notamment le Président de la République allaient puiser les versets pour une gestion saine et assumée du pouvoir, le Togo allait retrouver ses marques de paix, de cohésion et de concorde nationale.
C’était en réalité sans connaître la nature réelle du vrai loup qui, à l’époque, revêtait la peau d’un agneau ou d’un naïf apparemment désintéressé du pouvoir.
Il a fallu des années notamment à partir de 2009 pour que les togolais commencent à se rendent compte de l’identité cruelle du Prince.
En un trait il embastillé son frère, Kpatcha Gnassingbé, tout autant fils du général Eyadema comme lui. Six ans après, ce dernier croupit encore en prison malgré les différents arrêts rendus en sa faveur et les injonctions des Nations Unies demandant sa libération du fait que sa détention ne repose sur aucun principe juridique fiable.
En 2010, il va se forcer encore une fois le passage à travers une élection truquée pour se donner un deuxième mandat de 5 ans.
Juste deux ans après, il décide tout aussi arbitrairement de démolir Pascal Bodjona, son ami de tous les temps qui l’a fait et défendu des années durant. Ce dernier aussi est encore en prison à Tsévié sous un prétexte fallacieux d’une prétendue escroquerie dite Internationale.
Au même moment, le Prince a écarté un par un, tous ceux qui ont œuvré pour le faire venir au pouvoir en même temps qu’il multipliait des écarts de comportements et des bourdes politiques qui ont coûté très cher à l’Etat du Togo.
L’une de ces bourdes politiques a été la fameuse dissolution du RPT en Avril 2012 à BLitta, instrument politique de combat utilisé pendant des années par son défunt père, un acte de parricide jamais consommé par l’écrasante majorité des militants de ce parti.
Dans l’après midi-du même 14 avril il créait l’éternel ambryonnaire parti qu’est UNIR qui continue de battre de l’aile jusqu’à ce jour sans charpente ni structures fiables.
Aujourd’hui, au moment où toute la sous-région ouest africaine a fini avec les mandats illimités au pouvoir, Faure Gnassingbé continue de tourner les togolais en bourrique et s’obstine à refuser les réformes que préconisait l’APG depuis août 2006.
C’est donc dans la perspective de rempiler à nouveau que le Prince héritier va célébrer à Pya les dix ans du décès du général Eyadema. Sans doute qu’il est prévu au titre d’hommage, des chants choraux, des cultes et prières, des témoignages sur ce qu’a été le général Eyadema pour le Togo et les togolais.
Mais la question pertinente que tout le monde doit se poser est de savoir si Faure Gnassingbé croit vraiment que Eyadema est son géniteur et s’il pense que ce dernier serait réellement content de lui en ce moment où il dit lui rendre hommage.
Comment l’on peut éviter une telle question dès lors que l’un des fils de ce dernier croupit encore en prison par le fait de celui-là qui dit lui rendre hommage aujourd’hui ?
Comment faire fi d’une telle question dans ce contexte où son propre fils qui se prend de lui rendre hommage a déjà choisi la voie du parricide par l’extinction de son parti politique qu’était le RPT ?
Quelle fierté le général Eyadema peut-il avoir de son fils dès lors que celui-ci œuvre chaque jour pour jeter de l’opprobre sur la famille Gnassingbé en s’activant à sa division et à son musèlement ?
Combien de fils et filles du feu général se retrouvent vraiment en leur frère Faure aujourd’hui ?
Peut-on sincèrement rendre hommage à un homme dont on s’active au quotidien à saquer l’œuvre et la progéniture ?
Il va falloir que le Prince situe les togolais sur la logique qui sous-tend sa vie et ses actes au sommet de l’Etat et à l’égard de son défunt père, car pour l’instant, tous les togolais ont le désagréable sentiment qu’il a fait l’option malsaine de marcher sur le principe sacrosaint qui exige de tout homme l’obéissance à ses parents, le respect des lois de la nature, la soumission aux dix commandements de Dieu dont nous parlent la Bible et le Coran.