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Liberté N° 1879 du 9/2/2015

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Présidentielle de 2015 : l’UNIR (aussi) dans la tourmente ! Des cadres du parti contre la candidature de Faure Gnassingbé
Publié le mardi 10 fevrier 2015  |  Liberté


© aLome.com par Lakente Bankhead
Manifestation des pros UNIR dans les rues de Lomé pour soutenir Faure Gnassingbé dans la dynamique des réformes.
Ce 21 novembre 2014, UNIR a mobilisé ses principaux dignitaires dans les rues de la capitale togolaise, avant de chuter à la plage. A travers cette démarche, les pros UNIR comptaient défendre la sauvegarde des institutions de la République.


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Togo - . Des indiscrétions sur un mémorandum qui circule dans ce sens Le pouvoir Rpt/Unir a toujours paru à l’opinion comme soudé. Et dans le cadre de l’élection présidentielle cruciale à venir, le parti au pouvoir donne l’impression d’être uni comme les cinq doigts de la main ; au contraire de l’opposition qui conjugue son quotidien avec division, envie et animosité. Mais tout cela n’est qu’apparence. L’Union pour la République (Unir) est aussi dans la tourmente. La candidature de Faure Gnassingbé ne fait pas l’unanimité et rencontre l’opposition de certains cadres et barons.


Union de façade

Dans le cadre de la préparation du processus électoral, le pouvoir se présente sous des airs de sérénité. C’est à pas décidés qu’il régente le processus. Malgré les cris de l’opposition et les appels tous azimuts de la société civile, des églises, des diplomates occidentaux accrédités au Togo et les exhortations des décideurs du monde civilisé pour l’exécution des réformes, Faure Gnassingbé est resté impassible et le pouvoir a foncé dans les préparatifs unilatéraux. L’impopularité de leur position est avérée, mais les cadres de l’Union pour la République (Unir) ont fait jusqu’ici preuve d’une solidarité dans le mal.

On parlait de deux camps opposés sur les réformes. Mais c’est main dans la main que tous les dignitaires du parti ont marché le 21 novembre 2014 en réponse à la manifestation de l’opposition réclamant les réformes, pour dire tacitement non à ces réformes. Les pancartes brandies et les messages sur les tee-shirts portés étaient éloquents. Les porte-voix du régime parlaient d’une même voix et se relayaient pour défendre leur position insoutenable, sans état d’âme, allant jusqu’à porter le chapeau de la non exécution des réformes à l’opposition. Après Aboudou Assouma et Gilbert Bawara, qui ont déclaré la page des réformes fermée, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales et le président du Groupe parlementaire Unir, Christophe Tchao se sont employés à accuser l’opposition d’être la cause de l’échec de l’adoption de la proposition de loi introduite le 19 novembre dernier. Pour faire court, c’est l’union sacrée au sein du parti au pouvoir. On ne vient en tout cas pas se bouffer et laver le linge sale sur la place publique, comme le font avec plaisir des leaders de l’opposition qui se donnent le vilain plaisir d’attaquer leur camarade Jean-Pierre Fabre sur la place publique. Mais cette sérénité au sein du parti au pouvoir n’est visiblement que de façade. Il se passe ce qu’il convient d’appeler une révolution de palais, loin des yeux et des oreilles indiscrets.

Un mémorandum contre la candidature de Faure

Le Prince n’a pas encore officiellement déclaré sa candidature, et son parti non plus ne l’a désigné. Il ne fait pourtant l’ombre d’aucun doute qu’il a bien envie de rempiler. L’illustration patente est son refus de faire les réformes et ses manœuvres pour surfer sur la Constitution tripatouillée de 2002. Mais il devra faire avec une fronde qui couve au sein du parti au sujet de sa candidature.

Selon les indiscrétions, sa candidature suscite l’opposition d’une frange des dignitaires du parti. Il est même fait état d’un mémorandum qui circule dans le sérail. Ce courant serait incarné par l’ex « dame de fer ». Simple caprice ? Vengeance de femme ? On cite aussi comme partisan de ce courant l’autre conseiller éternel de la famille qui n’est plus en odeur de sainteté. Ce courant drainerait derrière lui des crésus du régime en disgrâce et même des dignitaires des corps habillés. Les Togolais ne doivent pas pour autant aller jusqu’à y voir un désir d’alternance au pouvoir, comme le voudrait le peuple qui aspire voir d’autres têtes diriger le pays, loin de là. Ce camp est aussi pour la continuité du régime, mais souhaiterait juste que ce soit un autre porte-flambeau que Faure Gnassingbé.

C’est une audace qui se paie cher. Le Prince serait très en courroux et des tractations seraient en cours pour étouffer ces velléités, « mater la rébellion ». Il compterait procéder par asphyxie financière de ces barons qui représentent des menaces et le ménage se ferait en douce, afin d’éviter les regards indiscrets. Le compte bancaire de l’un d’eux serait même déjà bloqué. Dans ce climat délétère, on peut se demander si le congrès du parti annoncé avec insistance ces derniers temps par des médias proches du pouvoir pour désigner le porte-flambeau du parti pourra se tenir.

L’opposition aussi divisée…

L’union sincère est le tendon d’Achille de l’opposition togolaise ; et elle le confirme assez bien dans le cadre du processus électoral de cette année. Il est admis que l’union est la meilleure formule pour elle pour affronter le pouvoir. Cela passe par la définition d’une stratégie commune et la présentation d’une candidature unique. Mais l’initiative prise dans ce sens s’est soldée par un échec retentissant.

La lune de miel entre le Collectif « Sauvons le Togo » et la Coalition Arc-en-ciel n’aura duré qu’à peine trois mois. L’hypocrisie et les petits calculs politiciens ont vite fait de casser la dynamique. Pour de petits détails, le Mouvement citoyen pour la démocratie (Mcd) de Tchassona Traoré, le Comité d’action pour le renouveau (Car) du duo Apevon-Agboyibo, l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (Addi) du Prof Aime Gogué ont claqué la porte du conclave.

Sur la question de la candidature de Faure Gnassingbé, certains leaders de l’opposition militent même pour la concession d’une rallonge au Prince et chargent proprement leurs camarades qui s’y opposent. La haine et l’envie font que certains vont jusqu’à imaginer une candidature unique de l’opposition sans le parti le plus populaire qu’est l’Alliance nationale pour le changement (Anc). Et ils ne se cachent plus pour le montrer. La problématique des réformes a vite fait de détruire les dernières ronces d’espoir d’union. Des opposants n’hésitent pas à s’en prendre ouvertement sur les médias à Jean-Pierre Fabre et son parti, les accusant d’être coupables de leur non exécution. C’est carrément de l’animosité au sein de l’opposition.

…Mais un coup à jouer

La démobilisation de l’opposition et des électeurs est l’une des stratégies exploitées par le pouvoir. Ici on feint la sérénité. Mais aujourd’hui, il est avéré que le pouvoir est dans la tourmente. En tout cas, l’unité légendaire affichée n’est que de façade. Il nous revient qu’un contre-mémorandum est même confectionné par d’autres cadres du parti pour prendre le contre-pied des opposants à la candidature de Faure Gnassingbé. Même si par extraordinaire, les velléités de révolution de palais venaient à être matées ou les divergences aplanies (sic), une chose est certaine, cela va laisser des traces. Des déçus vont vouloir se venger et sans doute agir contre la victoire du pouvoir. L’opposition devra simplement exploiter la situation à son compte.

Déjà le pouvoir est en délicatesse avec la communauté internationale. Après les diplomates occidentaux accrédités au Togo qui ont exercé toutes les pressions possibles pour contraindre le pouvoir à exécuter les réformes, le président français François Hollande qui a montré son hostilité aux règnes élastiques, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-Moon est venu enfoncer le clou. Beaucoup d’observateurs croient même savoir que c’est spécialement à Faure Gnassingbé qu’il parlait lorsqu’il disait que « les échappatoires que l’on trouve dans certaines législations ne doivent pas être évoqués pour s’éterniser au pouvoir». Tout cela ajouté à l’ambiance délétère au sein du parti, un minimum d’entente au sein de l’opposition et une mobilisation optimale des électeurs peuvent permettre de s’en sortir. En tout cas, l’opposition a un bon coup à jouer.

Tino Kossi

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