Togo - La filiale suisse de la banque britannique HSBC est secouée par un grand scandale, depuis la publication par un groupe de journalistes, des données de la banque sur 106 000 clients ou intermédiaires, révélant des évasions fiscales. Parmi ces clients, 41 ont ouvert 36 comptes à partir du Togo.
Selon les données coordonnées par des confrères journalistes de 45 pays réunis au sein d’un consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dans un projet qu’ils appellent « SWISSLEAKS », HSBC en plus de l’évasion fiscale, accueillait de l’argent de narcotrafiquants, de financiers du terrorisme, et des proches de dictateurs.
Sur les 106 000 comptes concernés par l’enquête, 36 sont ouverts par 41 clients venus du Togo et qui portent sur un chiffre global de 5,6 millions de dollars, soit environ 2,8 milliards de Fcfa. Chose curieuse, seulement 5% de ces clients sont détenteurs d’un passeport togolais. C’est là qu’intervient la ruse utilisée par les propriétaires de ces comptes et leurs intermédiaires au cours de leurs opérations bancaires. Les données qui ont été obtenues auprès de sources gouvernementales françaises par le journal le Monde et reprises par d’autres titres, tel que le journal suisse le Temps, révèlent que la plupart des comptes sont ouverts sous de faux noms. À titre d’exemple, un des clients du HSBC a pour profil: Aristocrate allemand, né en 1968. Des clients donnent de fausses domiciliations à la banque qui les accepte curieusement. Et toujours dans le but de brouiller les pistes, certains clients vont jusqu’à mentionner dans leurs dossiers » Ne jamais contacter le client ».
Toutes ces méthodes d’escrocs, font qu’on ne peut au jour d’aujourd’hui, identifier clairement les vrais détenteurs des comptes de HSBC. La banque suisse reconnaît dans une réaction officielle, ces graves défaillances et déclare avoir pris des mesures pour les éviter dans le futur. À titre d’exemple, aujourd’hui, assure la banque, les retraits en liquide de plus de 10 000 dollars sont soumis à des contrôles stricts; le courrier gardé en banque est aboli. Mieux encore, les personnalités politiquement exposées sont examinées chaque année au plus haut niveau de la banque.
Suite aux affaires des dictateurs Sani Abacha du Nigéria et Mobutu Sese Seko de l’ex Zaïre, le devoir de diligence des banques a été accru en Europe et ailleurs dans le monde. Celles-ci sont censées s’assurer de l’origine des fonds et doivent effectuer des clarifications approfondies sur toutes les transactions suspectes. C’est souvent le cas lorsque les montants sur les comptes sont élevés, rassure-t-on à HSBC.
Mais toutes ces mesures sont souvent contournées par des clients véreux, suspectés d’être des trafiquants en tout genre, des personnes qui financent le terrorisme ou encore des proches des politiciens de pays réputés pour leur corruption.
Voilà la raison pour laquelle aucun nom de togolais ne figure sur la liste des 64 personnes publiées par cette enquête. Néanmoins, certaines célébrités africaines sont citées . C’est le cas du roi Mohamed VI du Maroc, de l’homme d’affaires Nigérian Aliko Dangote, le plus grand fortuné du continent, ou encore de l’ivoirien Patrick Bédié.
Le Togo a été épinglé l’an dernier par un scandale de fuite de capitaux portant sur plusieurs milliers de milliards entre 2006 et 2011. Jusqu’à présent, aucune réaction officielle ne vient démentir ces informations largement relayées par la presse locale. Le scandale Swissleaks relance une fois encore la question de sorties illégales de devises du pays.