Togo - Autrefois caractéristiques d’une femme au foyer, les pagnes depuis quelques années ne sont plus exclusivement féminins. Le port des pagnes est aujourd’hui au Togo une question de mode pour la jeunesse togolaise dans sa totalité. Même si la façon de les porter n’a plus rien à voir avec la pratique originelle, les jeunes hommes et les femmes sont devenus presque friands des vêtements cousus dans du pagne.
Le pagne sert à faire des vestes, des robes de soirée l’image de celles vendues dans des grandes boutiques. Bref, avec le pagne, on peut faire toute sorte d’habillement, suivant la volonté du porteur.
Qu’est-ce qui explique ce nouvel intérêt des jeunes aux pagnes qui faisaient presque l’objet de désintérêt et de rebut ?
« Le port du pagne était pour la jeune fille et la femme africaines. Dans le temps, on différencie la jeune fille de la femme mariée à travers la manière dont le pagne est enroulé autour de la taille de ces dernières. Alors que la première s’en sert comme habillement de maison pour faire les travaux domestiques, le pagne est pour la femme mariée ce que la bague de mariage est pour une blanche. C’est à travers les pagnes qu’on reconnaît une femme mariée. Les hommes âgés et les rois également le portaient, mais les jeunes garçons ne l’aimaient pas vraiment », a expliqué une femme togolaise, styliste modéliste.
Selon elle, l’intérêt qu’accorde les jeunes hommes et femmes aux pagnes aujourd’hui est « compréhensible ». « Les pagnes peuvent servir à faire tout ce que le jeune aime. De plus, son accessibilité ne pose aucun problème alors que les robes ou les chemises faites dans d’autres tissus ne sont pas aussi accessibles que ça », a-t-elle précisé.
« Avant, quand un garçon ou un jeune homme s’habille en pagne, les autres se moquaient de lui, soi-disant que le pagne est pour les filles ou qu’il fait vieux jeune. Mais aujourd’hui, cela n’est plus le cas, le pagne est à la mode et les garçons tout comme les filles le portent sans soucis», a affirmé Jean, un jeune friand qui se vante d’avoir la grande majorité de ses vêtements en pagnes.
Selon Louis, ce n’est pas parce que les garçons s’habillaient en pagne qu’on se moquait d’eux, mais c’est la façon dont les pagnes sont cousus, contrairement à ce que les stylistes sont capables de faire aujourd’hui avec le pagne.
« J’en ai marre des friperies, en plus ils sont de plus en plus chers. Je préfère prendre cet argent pour payer de jolis pagnes, très élégants et qui donnent plus de valeurs à la jeune africaine que je suis», a souligné pour sa part Jeannine. Pour cette Togolaise, « le pagne n’a plus rien à envier aux soies, aux tissus dentèles parce qu’on peut faire n’importe quel découpe avec le pagne, même une robe de mariée, des sacs à main, des boucles d’oreilles, des chaussures et même des lingeries pour femmes ».
Pour accompagner cette tendance, plusieurs initiatives de promotion du pagne sont en vue. Au nombre de ces initiatives, on peut citer « le pagne en fête » une initiative de la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCIT) dont la première édition a eu lieu du 22 au 29 avril 2014.
Mêmes les jeunes promoteurs togolais se lancent dans la promotion du pagne en incitant les jeunes à s’y intéresser.
D’aucuns disent que c’est la résurrection des femmes d’affaires togolaise des années 1960, les «Nana Benz », qui ont, à travers le commerce des pagnes, fait la fierté du Togo.