Togo - Au Togo, la prévalence des grossesses précoces est élevée. Selon les dernières enquêtes en la matière, cette prévalence est de 30% dans la région centrale et de 23% dans les Plateaux, contre une prévalence nationale de 17%.
Pour faire face à cette situation qui constitue un frein pour l’instruction des filles en pleine scolarité dans les régions Centrale et des Plateaux, qui connaissent les plus forts taux de grossesses précoces, l’ONG Plan-Togo a lancé officiellement le projet « Promotion des droits des adolescents à la santé sexuelle et génésique au Togo ». Dans un entretien exclusif accordé à l’Agence de presse Afreepress, Didier Nakpane-Tanté, le coordonnateur de ce projet donne les grandes lignes de ce projet. Lire l’entretien
Afreepress : Bonjour, présentez-vous à nos lecteurs s’il vous plaît ?
Didier Nakpane-Tanté : Bonjour, Je suis Didier Nakpane-Tanté, coordonnateur du projet « promotion des droits des adolescents à la santé sexuelle et génésique au Togo » initié par Plan-Togo en collaboration avec l’Union européenne (UE).
Afreepress : Qu’est-ce qui a motivé la mise sur pied du projet « promotion des droits des adolescents à la santé sexuelle et génésique » et en quoi consiste-t-il ?
Didier Nakpane-Tanté : La sous-information qui résulte des tabous, de l’absence de dialogue intergénérationnel et de l’absence d’éducation sexuelle complète dans les écoles et les centres de santé, la non disponibilité de services conviviaux accessibles aux jeunes, la persistance des pratiques néfastes telles que les rapports sexuels forcés, les relations transactionnelles et la faible application des politiques et lois en vigueur sont entre autres les causes sous-jacentes de la non jouissance des droits en santé sexuelle et génésique parmi des adolescents au Togo. Tirant leçon des expériences passées sur la thématique, Plan-Togo et ses partenaires, dans une approche globale qui aborde les causes ci-dessus citées visent à contribuer à la jouissance par les adolescent (e)s, de leurs droits à la santé sexuelle et génésique (objectif global) notamment, le droit à l’information, à l’éducation et l’accès à des services adaptés à leur stade de développement et qui répondent à leurs besoins.
Afreepress : Quels sont les objectifs en termes de chiffres que vous attendez de cette initiative à court et à long terme ?
Didier Nakpane-Tanté : A court terme, nous comptons former 1740 animateurs et animatrices communautaires sur la Santé, le Droit à la Santé sexuelle et Génésique (SDSG) et la gestion des clubs. Cette activité touchera 870 villages, soit un animateur et un animatrice par village.
Nous prévoyons également former 21.750 membres des clubs d’adolescents en compétences et aptitudes de vie, en pair-éducation, en genre et en santé et les droits sexuels et génésiques adaptés à l’âge et sensibiliser au moins 895.000 adolescent(e)s et parents sur SDSG.
Nous mettrons en place une ligne verte pour l’information, le counselling et le référencement des adolescents en matière de SDSG.
Il faut également noter la formation de 240 prestataires de santé sur les services conviviaux adaptés aux adolescents, de 30 prestataires de services judiciaires, y compris la police, sur les violences sexuelles, de 120 prestataires de soins de santé sur la prise en charge psychosociale des victimes de viols, de 870 OBC pour accompagner les jeunes dans la promotion de leur droit à la SSR, et la lutte contre les relations sexuelles transactionnelles / forcées (dialogue intergénérationnelle, genre), de 3.500 Enseignants sur SDSG des adolescents et de 2.610 leaders communautaires sur SDSG, incluant les relations sexuelles transactionnelles et forcées, des adolescents.
A long terme, l’action permettra à 21.750 membres des clubs d’adolescents, dont 50% de filles de disposer de capacités pour échanger entre pairs et de s’organiser pour réclamer leurs droits à la santé sexuelle et génésique. Grâce à l’éducation sexuelle complète et la paire éducation, environ 227.000 adolescents, soit 100% des adolescent(e)s de 10 à 19 ans dont 104.000 filles en milieu scolaire et extrascolaire vont acquérir des connaissances et compétences nécessaires pour prendre des décisions éclairées et autonomes autour de leur santé sexuelle et génésique. Les sensibilisations permettront de toucher au moins 90% de la population soit environ 895.000 personnes, dont environ 453.000 filles et femmes de ce qui enclenchera des changements sociaux majeurs en termes de genres et de santé sexuelle et génésique chez les adolescent(e)s.
A cet effet, au moins 90% d'adolescent(e)s de 10 à 19 ans accepteront, l’idée d’égalité-genre en lien avec la SSR contre 51% actuellement et pourront faire la distinction entre les rapports sexuels consentis et les rapports forcés contre 71% actuellement.
Afreepress : Pourquoi avoir choisi la région des plateaux et centrale pour abriter ce projet ?
Didier Nakpane-Tanté : Les régions Centrale et des Plateaux au Togo ont été choisies parce qu’elles ont aussi de forts taux de grossesses précoces. La prévalence des grossesses précoces est élevée, 30% dans la Centrale et 23% dans les Plateaux contre une prévalence nationale de 17%.
Afreepress : Avez-vous la conviction que les 227.000 adolescents bénéficiaires vont être atteints à l’horizon 2019 comme prévu ?
Didier Nakpane-Tanté : Le projet couvre 870 villages. En divisant 227.000 par 870, le résultat est de 261 adolescent(e)s par village. Il va de soi que ce chiffre sera atteint, voire dépassé.
Afreepress : D’autres projets que vous souhaiteriez partager avec nos lecteurs ?
Didier Nakpane-Tanté : Plan-Togo met en œuvre plusieurs projets sur le terrain surtout ceux allant dans l’intérêt supérieur des enfants et nous auront d’autres occasions pour en discuter.
Afreepress : Un mot de fin ?
Didier Nakpane-Tanté : Nous saisissons l’occasion pour remercier tous ceux qui ont honoré de leur présence la cérémonie de lancement du projet Promotion des Droits des Adolescents à la santé sexuelle et génésique au Togo à Langabou dans la préfecture de Blitta.
