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Que pensent les Togolais des mouvements de grève des fonctionnaires ?
Publié le vendredi 20 fevrier 2015  |  AfreePress




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Togo - Les conséquences immédiates des mouvements de revendication de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT), une centrale syndicale regroupant aussi bien les syndicats des enseignants, des praticiens hospitaliers que des fonctionnaires, sont plus ressenties par la grande majorité de la population togolaise. Comme le dira quelqu’un, « ce sont les pauvres qui ramassent les pots cassés ».


En temps de grève de la STT, dans les hôpitaux, le service minimum impose que certains cas de maladies ne soient pas traités. De ce fait, ceux qui n’ont pas les moyens de se faire prendre en charge dans les cliniques, doivent prendre leur mal en patience, en attendant la fin du débrayage.

Lorsque les établissements scolaires sont fermés, comme c’est le cas aujourd’hui, c’est encore la grande majorité de la population qui en paie le lourd tribut, les parents des élèves sevrés, espérant que les parties, à savoir le gouvernement et les syndicats en grève trouvent le plus vite possible un terrain d’entente pour que les élèves reprennent les chemins de l’école.

Devant cette situation, la question est de savoir, que pense la population des mouvements de seulement 50 000 Togolais dont les conséquences sont lourdes à supporter pour une grande majorité ? Sont-ils contre ?

Les revendications de la STT sont légitimes mais…

La plus importante revendication faite aujourd’hui par les travailleurs de cette centrale syndicale, c’est la revalorisation des salaires des fonctionnaires à travers le relèvement de la grille indiciaire, compte tenu des deux revalorisations du SMIG en 2008 et en 2011. Cela équivaut, selon les calculs faits par la STT, à ajouter 280 points à la grille indiciaire des catégories A, B et C. La STT exige aussi la mise en application du nouveau statut de la fonction publique adopté le 20 janvier 2013 par l’Assemblée nationale.

« Rien de ce que demandent les travailleurs du secteur public n’est anormal. Je dirai même qu’ils sont dans leur droit », a déclaré Koffi Siaménou, travailleur du secteur privé. Comme lui, presque tout le monde s’accorde à dire que les revendications ne souffrent d’aucune contestation.

Cependant, pour certains comme Jean-Paul, tenant d’une cafeteria, ils sont nombreux les Togolais dont le salaire n’atteint pas le tiers de ce que gagnent les fonctionnaires. « C’est à ceux-là qu’il faut penser premièrement parce qu’ils mangent mal, s’habillent mal et leur vie n’a aucun avenir », a-t-il relevé pour étayer sa position.

Jeanne, une femme commerçante de 48 ans, résidente à Avépozo (banlieue est de Lomé) trouve que la façon dont la grève des travailleurs dégénère, cela entraîne des violences et il faut impérativement que tout le monde, les travailleurs et le gouvernement puissent trouver un terrain d’entente. « Le lundi, les élèves et les enseignants des établissements scolaires Vaugelas et Vic Intelligentsia ont été agressés par les élèves du CEG Avépozo et du Lycée Baguida. Mon fils de 11 ans en classe de CM1 a dû escalader les murs de son école pour rentrer à la maison. Depuis, il refuse de continuer les classes », s’est-elle plainte.

Afiwa, mère de trois (3) enfants, tous fréquentant des collèges de Lomé estime que le niveau où les tensions sont arrivées, le gouvernement aurait déjà réagi s’il y avait les moyens nécessaires pour céder aux requêtes. Elle ne tardera pas à implorer les travailleurs et les gouvernants à « trouver un terrain d’entente afin d’offrir aux enfants ce qu’ils demandent de justesse : l’éducation ».

Pour la plupart, les travailleurs du secteur public ont raison sur toute la ligne

C’est le cas d’Alexandre, 34 ans qui soutient mordicus la grève de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT). « La grève des travailleurs est très normale » déclare-t-il d’entrée de jeu. « Actuellement dans un monde globalisé, le Togo refuse de se conformer aux exigences de l’heure en ce qui concerne les conditions de vie et de travail des employés. C’est du dilatoire ce que fait le gouvernement», juge-t-il. Il estime par ailleurs que c’est le moment ou jamais pour les fonctionnaires de taper du poing sur la table. « On n’est plus à l’étape de négociation », conclut-il sèchement.

S’agissant de la sortie des élèves dans les rues, pour lui, il s’agit ni plus, ni moins d’ « une manifestation spontanée et sans préavis qui a des motivations autres que celles des travailleurs ».

« Les enseignants, les praticiens hospitaliers et les fonctionnaires de l’administration se battent pour le bien-être de toute la population entière. Parce que lors que le secteur public ira mieux, le secteur privé ira aussi sans doute mieux », a lancé Félicité, célibataire de 42 ans et cuisinière à Aflao-Gakli.

Pour cette dernière, le Togo, dans la sous-région a beaucoup à faire en matière de travail et de traitement des travailleurs. « J’ai travaillé en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Franchement, je gagnais beaucoup mieux ma vie qu’au bercail » a-t-elle témoigné.

« Quel responsable du gouvernement nourrit son enfant avec 2.000 francs CFA par mois pour accorder aux travailleurs togolais cette somme pour pension alimentaire mensuelle ? », s’est interrogé Matthieu, fonctionnaire togolais à la retraite. Il se dit convaincu qu’« à voir le cours de vie des travailleurs actuels, que ce soit les fonctionnaires en activité ou les retraités, tous tirent le diable par la queue ».

Denise A.

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