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Nadou Lawson-Olunkounlé : « Nous ne réclamons que notre pain, prière, donnez-le nous et nous partirons »
Publié le mercredi 25 fevrier 2015  |  icilome


© aLome.com par Parfait
Enième AG de la base de la Centrale STT pour plancher sur l`avenir de leurs actions concertées.
Lomé, le 20 février 2015, au Centre communautaire de Tokoin. La base de la STT, de nouveau mobilisée, rejette les grands traits de la conclusion à laquelle sont parvenus le même jour Gouvernement et les 7 Centrales du Togo.


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Togo - Elle est la Coordinatrice de la Synergie des travailleurs du Togo (STT). Mme Nadou Lawson-Olunkounlé a voulu bien se confier à la Rédaction d’icilome.com. Elle retrace à travers cette interview, son parcours de syndicaliste, son engagement et son rêve pour le travailleur togolais. Lisez plutôt !

Les Togolais vous ont découvert subitement sous le feu des projecteurs, comme leader syndicaliste. A quand remonte votre engagement syndical ?

Merci de l’intérêt que vous me portez. Mon engagement syndical remonte en 1984 où j’ai été désignée déléguée syndicale de la Direction des Finances. J’ai donc œuvré en tant que telle pendant dix ans avant d’être élue présidente du comité de femmes de notre syndicat, le SYNPESEFIT (Syndicat du Personnel des Services Economiques et Financiers du Togo).
De ce poste, je suis montée Secrétaire générale du syndicat en question, puis Trésorière Générale de la CNTT suivi du poste de 2ème Secrétaire Générale adjointe de la même centrale.
En 2012, j’ai été élue Secrétaire Générale Fédérale de la FENASSEP (Fédération Nationale des Syndicats des Services Publics) avant de me retrouver dans l’action synergique en 2013.

Au Togo, plusieurs leaders syndicaux ont vite fait de se brûler les ailes et de perdre tout crédit en se compromettant politiquement. Comment faites-vous pour être au-dessus de la mêlée ?

Comme vous le reconnaissez vous-mêmes si bien, c’est le climat politique de notre pays qui ne rend rien facile pour aucun Togolais, où qu’il soit et quoi qu’il fasse, si ce n’est pas sur instructions, recommandation ou bénédiction de nos politiciens. Soit dit, je ne suis pas meilleure que mes compatriotes, seulement j’ai fait un choix de vie, depuis longtemps, de ne pas faire de la politique, et les années 90 m’ont conforté dans cette décision. Ce qui fait qu’au jour d’aujourd’hui, je peux porter la parole des travailleurs sans peur d’être indexée de tel ou tel bord. Mais dans cette position aussi, cela devient gageure tous les jours car ma position intéresse les politiciens de tous gabarits qui voudraient bien nous voir penchée de leur côté. Mais nous tenons bons grâce à notre conviction, mais je reconnais que ce n’est pas facile.

Madame Nadou, est-ce que le travailleur ou le fonctionnaire togolais vit bien ?

Non, l’agent public togolais ne vis pas bien. Il est truffé de dettes et passe son temps à chercher les moyens pour s’en sortir.

La population dans sa majorité accuse les fonctionnaires d’être des privilégiés et de passer leur temps au bureau à ne rien faire, surtout quand on connaît les lenteurs de l’administration et l’accueil parfois glacial réservé à la population. Que répondez-vous à cela ?

Je ne vais pas jouer à la myope (hihihi même si je le suis physiquement). Notre administration a de très graves lacunes que nous avons tous reconnus publiquement lors du dialogue social en 2006 et aux états généraux de l’administration publique en décembre de la même année. Mais cela n’a pas toujours été ainsi. Ce phénomène d’absentéisme, de paresse, de mauvais accueil et autres s’est accentué après la grève générale illimitée quand les salaires sont devenus rares (une fois tous les trois mois). Les travailleurs publics de l’époque ont dû faire face à la situation par les moyens de bords divers pour pallier à la précarité qu’ils vivaient. L’homme étant un être rempli d’habitude, les moyens utilisés pour survivre sont devenus des défauts difficiles à enlever. Et ces défauts sont devenus des gangrènes quand les jeunes recrutés de 2009 sont venus et ont dépassés leurs aînés dans les pratiques incongrues. C’est en raison de ce constat que la STT se donne aujourd’hui comme objectif primordial d’aider les camarades du public à cerner ce problème et à construire, petit à petit les moyens de s’en débarrasser. Malheureusement, pour arriver à atteindre ce noble objectif, il faut restaurer « un traitement décent » dans la fonction publique. Ne dit-on pas que « quand tu veux retirer un jouet d’un enfant, il faut lui donner un autre à la place ? ». Les pratiques illicites des agents du public sont leurs moyens de survie. Pour les leurs faire abandonner, il faut faire améliorer les traitements et salaires. D’où la lutte de la STT.

Les fonctionnaires ne se battent que pour leur salaire. Mais si on prend par exemple le cas des hôpitaux, certains médecins et infirmiers volent les matériels et rackettent les patients. Que font les syndicats pour lutter contre ces gangrènes ?

Jusqu’à présent, depuis les années 2004, l’Internationale des Services Publics (ISP) à laquelle mon syndicat de base est affilié, nous a toujours soutenu financièrement pour faire des campagnes de sensibilisation sur les « Services Publics de Qualité » qui couvrent tous les sujets allant dans le sens de l’amélioration des prestations dans la Fonction Publique. Nous sommes six syndicats de base de la FENASSEP (Finances, Santé, Administration Publique et les municipalités, Travaux Publics, CEET/TDE et CENETI) à toujours réaliser cette campagne dont celle de 2014 qui s’est déroulée du 29 août au 5 novembre 2014. C’est sur le constat du peu d’impact que donne toute cette mobilisation que nous avons pris conscience que le changement ne peut passer que par l’amélioration des revenus des agents concernés.


Comment conciliez-vous boulot, engagement syndical et vie de famille ?

Pas facile du tout. Heureusement, du côté de la famille, j’ai de grands enfants qui n’ont plus besoin de mon attention quotidienne. Tout le reste est une équation permanente où il faut savoir prioriser son emploi du temps et ses sujets d’intérêt majeurs pour s’en sortir. Et c’est très prenant, surtout en cas de crise grave, comme celle que nous traversons actuellement, où tout le monde se réfère à vous, le jour et la nuit, qui pour faire pression, qui d’autre pour vous insulter parce qu’on a mal compris quelque chose, qui d’autre encore pour juste avoir des éclaircissements. Que ce soit au boulot, dans la rue ou à la maison, il faut seulement rester disponible pour tous. Epuisant pour les nerfs parfois.

Vous arrive-t-il parfois d’avoir peur pour votre vie ?

Depuis un certain temps, constamment. Notre lutte à la STT, est perçue comme un défi lancé au gouvernement et des radicaux de tous bords, dans le contexte des élections où nous sommes, qui cherchent à nous éliminer, certains pour perturber le pays d’autres pour « dégager le chemin des élections », nous apprend-on de sources concordantes. Dans les rues, nous sommes suivis par des véhicules banalisés et il nous est fortement conseillé de ne plus dormir dans nos maisons. Comment ne pas avoir peur ? Nous ne réclamons que notre pain, prière, donnez-le nous et nous partirons.

Vous êtes devenue, à votre corps défendant, un modèle pour les jeunes filles de ce pays. Quels conseils avez-vous à donner aux Togolais ?

Le seul conseil issu de mon expérience personnelle, est qu’il faut se battre pour ses convictions. Notre cher Togo est un pays dit « atypique » où rien n’est donné à personne et même où tout est fait pour que l’homme souffre. Ce n’est qu’en prenant ses propres responsabilités et en se battant, que chacun peut se frayer son chemin. Que les jeunes filles mettent leur dignité et leur fierté au-dessus de tout, car la vie est si précieuse et si unique que tout ce qui l’entache un jour, l’entache à jamais.

Au risque de répéter les anciens, « seul le travail libère l’homme ».

Merci madame Nadou

Tout le plaisir est pour moi

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