Quatre candidats vont se présenter pour la présidentielle du 15 avril prochain au Togo contre le président sortant Faure Gnassingbé. Qui sont ces hommes dont la plupart restent d’illustres inconnus, que peuvent-ils?
La dernière candidature que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a enregistrée le dimanche 1er mars 2015, jour de clôture des dossiers, a été celle de Aimé Tchaboré Gogué, le président de l’Alliance des démocrates pour un développement intégral (Addi). Avant lui, la commission avait reçu celles de Jean-Pierre Fabre de l’Alliance nationale pour le changement (Anc). Celui-ci est le candidat pour ce scrutin sous la bannière du ’’Combat pour l’alternance politique en 2015’’ (Cap2015), un groupe de partis politiques. Outre le chef de fil de l’opposition, les autres candidats sont Gerry Taama du Nouvel engagement togolais (Net), Mohamed Tchassona-Traoré du Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (Mcd) et bien entendu Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 10 ans.
Le président sortant qui s’était présenté en 2005 sous l’étiquette du Rassemblement du Peuple togolais (Rpt), la formation politique de son père, feu Gnassingbé Eyadéma, a préféré pour son deuxième mandat en 2010, se débarrasser de l’ancien parti unique, pour être le porte-étendard de l’Union pour la République (Unir), le parti qu’il venait de créer. C’est encore ce parti qui l’a investi le 25 février dernier. Depuis hier lundi 2 mars, les dossiers ont été acheminés au ministère de l’Administration et des Collectivités locales pour les vérifications administratives. Ils vont retourner à la Ceni avant d’échouer à la Cour constitutionnelle qui doit publier la liste des candidats retenus pour la course au fauteuil de Faure. Ils auraient pu être six dans la course, mais l’un d’eux, Alberto Olympio, le dirigeant du ’’Parti des Togolais’’, a jeté l’éponge au dernier moment.
Deux poids lourds contre des petits poucets
Parmi les quatre leaders qui briguent la magistrature suprême, seul Jean-Pierre Fabre fait réellement le poids devant le président-candidat Faure Gnassingbé. Le leader de l’Anc est à son deuxième essai après celui de 2010. L’ancien bras droit de Gilchrist Olympio, l’irréductible opposant au défunt président Gnassingbé Eyadéma, avait recueilli 33,94 % contre 60,92 % pour Faure Gnassingbé. Il aurait pu mieux faire, si l’opposition avait opté pour une candidature unique lors de ce scrutin à un seul tour.
Cinq ans après, l’histoire se répète, les opposants togolais n’ont toujours pas réussi à s’accorder sur un seul nom pour affronter le président sortant, qui est à la tête d’un ’’vieux-jeune’’ parti, l’Union pour la République (Unir). La nouvelle formation que dirige Faure Gnassingbé, a été construite sur les cendres très fertiles du Rpt dont il hérite du vivier électoral et du puissant appareil. Le Comité d’Action pour le renouveau (Car) de Yaovi Agboyibo ne sera pas de la course. Son leader actuel, Me Dodzi Apévon a sévèrement critiqué L’anc de Jean-Pierre Fabre de servir de caution à la ’’mascarade électorale’’ de Faure et de ses soutiens occidentaux. Mais, en vérité, depuis le retrait de la scène politique de son fondateur, Me Agboyibor, le Car n’est que l’ombre de lui-même. Même constat pour l’Union des Forces du Changement (Ufc) de Gilchrist Olympio. Depuis que celui-ci a décidé de gouverner avec Faure Gnassingbé, le parti de l’opposant historique s’est vidé de ses militants au profit de l’Anc que son ex- bras droit Jean-Pierre Fabre a créé.
Pour la présidentielle d’avril prochain, L’ufc n’a pas de candidat. Le jeu va se jouer certainement entre ces deux poids lourds de la scène politique togolaise que sont Faure Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre. Mais, qui sont les autres candidats ? Ce sont de vrais ’’petits poucets’’ qui tentent tous, pour la première fois, leur chance. Professeur d’université, Aimé Tchaboré Gogué dirige une petite formation de l’opposition, l’Addi, créée il y a 23 ans et qui compte 3 députés à l’Assemblée nationale. Partenaire de L’Anc de Fabre au parlement, cette formation est aussi membre du ’’Collectif sauvons le Togo’’. Ses détracteurs l’accusent d’être un cheval de Troie au sein de l’opposition togolaise. Contre toute attente, il s’est désolidarisé de l’idée d’une candidature unique de l’opposition, lâchant du coup son allié, l’Anc de Jean-Pierre Fabre .
Mohamed Tchassona-Traoré est un notaire de renom, son parti le Mcd a été créé en 2006, mais n’a aucun élu à l’assemblée nationale. Le thème du deuxième congrès ordinaire de son parti, au cours duquel il a été désigné candidat, est : ’’Un autre Togo est possible, ensemble, réalisons ce trêve’’. Tout comme l’Addi, son parti a rompu son alliance avec la ’’Coalition Arc-en-ciel’’, un regroupement de 7 partis d’opposition.
Enfin, Gerry Taama Komandéga du ’’Net’’ est le plus jeune des candidats. Ancien officier de l’Armée togolaise formé à Saint Cyr en France, il s’est spécialisé à Saumure au combat blindé. Ancien membre du contingent togolais de L’Onuci (Côte d’Ivoire), il est en inactivité depuis 2008. Outre sa formation au métier des armes, ce jeune officier est aussi titulaire d’une maîtrise en droit international humanitaire et d’une licence en sociologie de la communication. Passionné d’écriture, il a publié plusieurs ouvrages.
Sur l’échiquier politique togolais, Gerry Taama fait partie des inclassables. On ne sait vraiment dans quel camp ranger ce trublion qui pourfende aussi bien le pouvoir que l’opposition. Candidat aux législatives de 2013, il a mordu la poussière.... suite de l'article sur Autre presse