C’est le représentant résidant de la Banque mondiale au Togo qui a animé la deuxième session du Club diplomatique de Lomé (CDL) vendredi dernier devant un parterre de diplomates et d’intellectuels parmi lesquels les ambassadeurs de Chine, du Japon, de l’Union Européenne, d’Allemagne et de la France.
Ce cadre hautement intellectuel a été une fois encore riche en échanges sur le monde dans son évolution. C’est l’Afrique qui était à l’honneur dans son histoire, dans sa culture, dans sa diaspora historique, dans ses réalités intrinsèques, dans ses hommes, dans ses richesses et aussi dans son passé, son présent et son avenir. Hervé Assah à balayé l’Afrique de Lucy, l’ancêtre à Obama, l’actuel président noir américain. Les arts musicologiques, artistiques, la danse et les activités sportives, la place de l’Afrique dans le monde sont évoqué avec beaucoup d’art et ont suscité des échanges, des réflexions et des perspectives.
L’éminent intellectuel de la banque mondiale, Hervé ASSAH, s’est prononcé à la fin de son brillant passage devant le Club Diplomatique de Lomé. Il résume son intervention.
Monsieur Hervé ASSAH, le thème de votre intervention est assez vaste. Dites nous, quels liens établissez-vous entre Lucy et Barack Obama en passant par Kunta Kinté ?
La présence de l’Afrique, de Lucie à Barack Obama en passant par Kunta Kinté, cela veut dire tout simplement que nous avons remarqué au travers de notre éducation qu’il y a beaucoup plus d’Afrique dans l’histoire du monde comme on nous le dit.
Et pour ma part, pour avoir étudié en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis ; ce n’est que pratiquement à l’âge de 40 ans que j’ai pu m’intéresser à l’histoire de l’Afrique.
Il est donc important de rappeler tout ceci parce que Lucy est un fossile qui a été découvert en 1974, un fossile qui a plus de 3 Millions d’années et qui est, ou a été du moins considérée comme la plus ancienne représentation de l’homme sur la terre. C’est ainsi qu’on dit que « l’Afrique est le berceau de l’humanité ».
Cependant, ce record a été battu par Tombai qui est un deuxième fossile, le crâne d’un fossile qui a été découvert au Tchad au début des années 2000.
Ceci donc pour dire que la présence de l’Afrique et des Africains est une chose très ancienne et que ce n’est que la fin des années 50 avec la création des centres d’études africaines, dans la plupart des universités américaines et européennes qu’on a commencé par reconnaitre cette place. Donc il est important de le rappeler.
Pourquoi donc avoir évoqué le président Barack Obama? Pourquoi Kunta Kinte ?
Parce que Kunta Kinté marque l’ère de l’esclavage, l’une des périodes les plus importantes de l’histoire de l’Afrique et pratiquement la seule qui nous soit révélée.
Pour beaucoup d’entre nous, l’histoire de l’Afrique commence avec l’esclavage plus que nous remarquons aujourd’hui. Avec les chercheurs internationaux, on parle même d’une présence en Afrique avant Christophe Colombe et je veux citer le professeur Ivon Vansetima qui avec bien d’autres ont identifié des fossiles, de grandes têtes africaines qui sont de Mexique et en Colombie. Bien avant Christophe Colombe, des centaines d’années auparavant, des Asiatiques, des Chinois particulièrement, des Egyptiens, des Africains de l’empire du Mali qui s’étend du Sénégal au Nigéria ont pu effectuer la traversée de l’Atlantique. Alors de Kunta Kinte à Barack Obama, que se passe-t-il ?
Il y a eu après l’arrivée de véritables africains sur la terre américaine, l’harmonisation de l’Afrique aux Etats-Unis, de vente en vente, de plantation en plantation et la lutte pour les droits civiques avec tous les acteurs que vous connaissez : Martin Luther King, Malcom X, Marcus Garvey…etc, mais également des grands sportifs comme Mohammed Ali et bien d’autres ont tous œuvré pour qu’il soit possible d’accéder à la présidence des Etats-Unis.
Le président Barack Obama est donc le couronnement et l’élite de la représentation des résultats de toute la grande lutte.
Que diriez-vous alors de la culture africaine aux Etats-Unis ?
Au-delà de cela, nous avons remarqué également qu’il y à travers les Etats-Unis une grande persistance des cultures africaines ; c’est-à-dire que la culture africaine existe encore aux Amériques.
Nous reconnaissons la musique d’origine africaine, naturellement le jazz, le négro spiritual et bien d’autres.
Mais des choses que l’on sait beaucoup moins, il y a des religions africaines qui persistent encore aujourd’hui. Nous connaissons le Carnaval de Rio et l’émanation de la reproduction des croyances africaines notamment la cour royale de l’empire du Mali, la cour royale du royaume de Congo, et c’est parce que ces manifestations ont commencé sous forme de jeu. Quand les esclavages ne travaillent pas les dimanches, il leur était permis de se retrouver et ce sont eux qui ont commencé avant les festivités comme des Carnavals qui se sont alors étendus à l’ensemble de l’appellation du Brésil voir le monde entier.
On peut alors parler du tango. Le tango veut dire « le temps » en langue lingala et serait alliée à d’autres langues.
Cette émanation, naturellement de l’apport de danse européenne ou de musique européenne comme le Mazuka, la Poeka…etc. visent également surtout les danses africaines comme le marimba et autres.
Voilà un peu quelques exemples de persistance africaine d’Amérique et vous pouvez également remarqué cela à travers la pharmacopée ; c’est-à- dire la science de l’utilisation des plantes médicinales. Vous pouvez retrouver cette persistance aussi dans l’architecture, dans la mode …etc.
Il est important que ces débats soient portés au plus grand niveau, clairement à nos enfants. Que nos enfants apprennent et sachent les histoires anciennes de l’Afrique, qu’ils sachent le potentiel de notre continent.
Pourquoi donc tous ces rappels ?
Et pourquoi j’ai veillé à rappeler toutes ces choses dans mon exposé ? C’est pour dire que si à un moment de l’histoire , l’Afrique a connu des civilisations plus qu’ordinaires dotées de royaumes aux cultures ayant marquées les premiers européens qui sont arrivés en Afrique, des sociétés organisés des gens qui n’auraient rien à envier à d’autres. Il est important qu’on le sache. Ceci harmoniserait notre continent avec de bonnes recherches et formations.
Ma question aujourd’hui est de savoir quelles sont les ressources dans tout ça que nous pourrions utiliser pour l’Afrique de demain.
La dernière partie de mon intervention c’est pour discuter des solutions, des directions vers lesquelles nous pourrons nous orienter pour pouvoir profiter de cette Afrique qui est en éveil. Vous avez vu que dans le monde entier, il ne se passe pas un seul jour sans qu’on nous parle de développement.
Notre jeunesse à mon sens est notre plus grand atout. Car c’est une jeunesse qui est décomplexée, qui maîtrise l’internet, communique avec le monde entier et s’apprête, je l’espère à prendre les rênes pour assurer un meilleur développement sur le continent.
L’éducation est une chose fondamentale. Nous devons veiller surtout aux programmes éducatifs, les mettre en scènes pour qu’ils donnent des informations profitables à tous.
Il nous appartient, nous africains de nous inspirer du modèle chinois afin de créer une société africaine moderne.
Votre mot de la fin M. Hervé ASSAH
Il est important de remercier le gouvernement en la personne du ministre des affaires étrangères, Robert DUSSEY qui a eu cette initiative de créer le Club Diplomatique de Lomé pour s’entretenir d’un certain nombre de sujets qui peuvent aider la coopération du Togo et d’autres pays.