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Togo : la CDPA-BT ne se prononce pas clairement pour le boycott des présidentielles 2015
Publié le mercredi 4 mars 2015  |  Letogolais


© AFP
Opération de dépouillement dans un bureau de vote


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Déclaration de la CDPA-BT sur le scrutin du 15 avril 2015

1- Le Gouvernement vient de fixer la date des élections présidentielles sur le 15 avril 2015, sur proposition de la CENI semble-t-il. Selon la presse, il l’aurait fait pour « trancher ».

La CENI avait en effet fixé d’abord la date du 21 avril. Certains des partis du courant majoritaire engagés dans le processus électoral avaient remis cette date en cause, et demandé que celle qui doit être retenue le soit par consensus. Naturellement, la confusion dans laquelle fonctionne cette CENI ne permet pas d’y voir clair.

2- La HAAC vient d’interdire à la presse de publier les résultats partiels du scrutin et ne l’autorise à diffuser que ceux sur lesquels la Cour constitutionnelle se sera prononcée. Le régime justifie cette décision par le prétexte d’éviter des « troubles électoraux ».

La décision va totalement à l’encontre des dispositions du code électoral en vigueur. Quand on sait, en plus, que la Cour constitutionnelle continue d’être un instrument du régime, et que ses décisions sont irrévocables, l’interdiction laisse le champ libre aux hommes du pouvoir, leur permettant ainsi de manipuler les résultats du scrutin à leur profit avant leur publication comme résultats définitifs.

3- Comme on pouvait s’y attendre, Faure Gnassingbe vient d’être intronisé une fois de plus par le parti du régime comme candidat à ces présidentielles de 2015, et donc pour un troisième mandat présidentiel. Cette désignation prévisible montre que le long et houleux débat sur la question de la « rétroactivité de la loi » n’avait pas d’intérêt.

Les partis du courant majoritaire de l’opposition, qui avaient bruyamment lancé ce débat, ne pouvaient atteindre l’objectif visé par « la rétroactivité de la loi » que si le rapport des forces était en faveur de l’Opposition. Or, ce n’est pas le cas.

Au demeurant, on se souvient qu’ils s’étaient rétractés en proclamant qu’ils n’entendaient pas refuser à Faure Gnassingbe de présenter sa candidature, et qu’il reviendra à la Cour constitutionnelle « de prendre ses responsabilités » ont-ils dit. Ils avaient dit cela en sachant bien que cette Cour ne peut jamais oser rejeter le dossier du candidat du régime !

4- Les réformes ne sont donc pas faites ; l’Opposition n’a pas beaucoup de marge de manœuvre dans l’organisation des élections, et finalement dans le contrôle du déroulement du processus électoral ; l’interdiction faite à la presse de publier les résultats partiels plombe définitivement le scrutin ; l’Opposition est toujours faible, et plus que jamais divisée ; les partis du courant majoritaire vont encore aux urnes avec plusieurs candidats rivaux face à Faure Gnassingbe ; les conditions de la transparence du processus ne sont pas réunies ; le régime n’arrête pas de faire de la provocation à l’endroit de l’opposition et de la population dans son ensemble…

La CDPA-BT attire l’attention de l’opinion sur ces faits. Elle observe qu’en dépit de cette situation, des voix s’élèvent du sein du courant majoritaire de l’opposition pour appeler la population à se rendre massivement aux urnes, et à voter chacun pour son candidat. Comme toujours !

Devant cette situation, la CDPA-BT déclare ce qui suit :

1- Tout laisse voir que le scrutin du 15 avril 2015 va se dérouler dans les mêmes conditions que les précédentes. Les mêmes causes, les mêmes résultats !

2- A partir du moment où les réformes essentielles devant créer les conditions d’élections normales dans le pays sont toujours mises sine die au congélateur, et que l’Opposition se retrouve toujours impuissante à les imposer, rien n’est joué d’avance, surtout si, au lieu de mobiliser la masse des opposants sur des objectifs appropriés, on appelle l’électorat à aller massivement aux urnes dans les mêmes conditions. En conséquence, les présidentielles de 2015 pourraient se passer de la même manière qu’en 2010, 2005, 2003, 1998 ou 1993.

3- Ce dont le pays a plus que jamais besoin pour réaliser le changement démocratique est une opposition forte. Elle le sera quand elle sera constituée autour d’une alliance politique solide et durable de partis d’oppositions décidés à faire de la fin du régime l’objectif prioritaire de la lutte d’opposition ; elle le sera quand les partis constitutifs de l’alliance se mettront ensemble pour mobiliser sur cet objectif commun la masse des opposants sans distinction d’appartenance partisane ou associative ; elle le sera quand ces partis réussiront à faire émerger de la masse des opposants une force politique capable d’exercer une pression organisée et durable sur le régime.

4- Par ailleurs, cette opposition sera d’autant plus forte qu’elle parviendra à impliquer réellement la masse dans le processus politique, au lieu d’en faire un simple électorat facile à manipuler. C’est sous la pression de la population insurgée (et c’est parce qu’elle a fini par s’insurger) qu’Eyadema s’était senti obligé de concéder les premières libertés démocratiques. La force de l’opposition réside dans la force organisée de la masse de la population opprimée.

5- C’est pour faire émerger une telle opposition sur la scène politique que la CDPA-BT avait lancé, depuis des années, l’idée d’un vaste mouvement, un mouvement d’envergure nationale, et invité tous les partis et organisations associatives qui ne se retrouvent pas dans la politique d’opposition conduite jusqu’à présent, à se mettre ensemble pour le construire ensemble. Que ce mouvement d’envergure nationale s’appelle le Mouvement de la Force Alternative d’Opposition (MFAO) ou d’un autre nom n’a pas d’importance.

6- Mais la CDPA-BT réaffirme que par son contenu et ses objectifs, le MFAO n’a rien de commun avec les « regroupements » hétéroclites éphémères ou ces mouvements associatifs occasionnels qui n’ont pas permis à la politique d’opposition d’atteindre jusqu’à présent l’objectif du changement démocratique.
Dans tous les cas, la situation dans laquelle l’Opposition se retrouve une fois de plus face au régime à la veille de ces présidentielles de 2015, montre bien que la construction de ce vaste mouvement par une alliance politique reste une nécessité.

7- Une fois de plus, la CDPA-BT est convaincue que la politique d’opposition conduite jusqu’à présent par les partis du courant majoritaire de l’Opposition n’est pas la seule possible. Et qu’il faut, par conséquent, en essayer une autre.

Lomé, le 2 mars 2015

Pour la CDPA-BT
Le Premier Secrétaire
E. GU-KONU

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