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Présidentielle 2015: Cinq dossiers, deux «vrais» candidats et à la fin…un Président
Publié le jeudi 5 mars 2015  |  Courrier d'Afrique


© aLome.com par Parfait
Le CAP 2015 crie haro sur le fichier ẻlectoral 2015
Lomẻ, le 03 mars 2015, à l`hôtel IBIS centre. En conférence de presse, le CAP 2015 zoome sur les nombreuses irrégularités contenues dans le fichier électoral togolais qui vient d`être rẻvisẻ dans trois 3 zones, couvrant tout le Togo.


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Le dépôt des dossiers de candidature pour l’élection présidentielle prévue au 15 Avril 2015 a pris fin dimanche 01 Mars à minuit GMT. Au total, cinq candidatures ont été enregistrées par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Zoom sur le poids réel de chaque candidat.



Arrivé au pouvoir en 2005, Faure Gnassingbé devait tout faire pour se départir du passif à lui laissé par son père le Général Gnassingbé Eyadema, qui a dirigé le Togo pendant 38 ans. Pour ce faire, « l’esprit nouveau » a dû consacrer sa première mandature aux questions politiques, dont le règlement constituait un gage pour l’amorce d’une nouvelle ère. Cette volonté de rompre avec les vieilles méthodes a été concrétisée par la signature de l’Accord Politique Global en 2006, donnant lieu à un gouvernement d’union nationale. Même si les intérêts partisans et égoïstes ont eu raison de l’efficacité de cet accord, Faure Gnassingbé peut se targuer d’avoir réussi – non sans la volonté de concession de ses adversaires – à réunir autour d’une même table ceux qui, hier, se regardaient en chiens de faïence.

Réélu en 2010, Faure s’est employé à remettre le Togo sur les rails du développement, à travers la construction des infrastructures (routes, marchés etc.). Les appréciations qui en sont faites sont diverses et varient selon qu’on est dans un camp ou l’autre certes, mais beaucoup s’accordent à reconnaître qu’il y a quelque chose qui a été fait ou qu’il y a un début de quelque chose quand même. En 2010, Faure Gnassingbé a réussi ce que Gnassingbé Eyadema, son géniteur, n’aurait jamais fait. Il parvient à neutraliser l’éternel opposant: Gilchrist Olympio par le moyen d’un accord dit historique. Que celui-ci ait profité ou non au peuple, l’opinion retiendra que Faure s’est réconcilié avec l’opposant historique.

Peu avant cela, Faure Gnassingbé a mis en place la Commission Vérité Justice et Réconciliation, CVJR, chargée de faire la lumière sur les violences politiques au Togo de 1958 à 2005. Malgré les critiques à la fois exagérées et par endroits justifiées contre le travail de cette institution, les recommandations de la commission de Mrg Barrigah ont fini s’imposer à tous comme un bréviaire auquel tout le monde se réfère pour justifier la nécessité des réformes. On citera aussi au passage les travaux de la Commission nationale des droits de l’homme sur les cas de torture à l’Agence nationale des renseignements. Même si le rapport final a connu des fortunes diverses, au moins l’enquête de Koffi Kounté aura le mérite d’avoir confirmé ce que les défenseurs des droits de l’homme avaient dit sur l’ANR d’un certain Yotroféi Massina à l’époque.



Pour revenir au plan politique, il faut avouer que le plus grand coup réussi par Faure est la dissolution du Rassemblement du Peuple Togolais, RPT, parti créé en 1969 par son père et qui au fil des années est devenu un héritage par lequel tous les thuriféraires de la cour juraient. L’audace était trop grande, mais il a osé. En lieu et place, il crée UNIR, Union pour la République. Si pour certains, UNIR n’est qu’une vieille marchandise sous un nouvel emballage, d’autres estiment qu’il y a rupture avec le passé. Ces derniers, pour soutenir leur thèse, convoquent la composition même des organes dirigeants du parti et certaines décisions « courageuses » prises par Faure comme la mise à l’écart de certains caciques de l’ancien système considérés jadis comme des intouchables.

Jean Pierre Fabre, le « candidat naturel » de l’opposition

Sa désignation comme candidat à cette élection a suscité beaucoup de réactions au sein même de l’opposition. Certains lui reprochent de ne pas être un rassembleur. En français facile, la personne même JPF pose problème. Soit! Qu’on le veuille ou non, l’ancien Secrétaire général de l’Union des Forces de Changement, UFC, se présente aujourd’hui comme le chef de fil de l’opposition. Personnage bouillant, JPF a réussi à subtiliser à son ancien mentor Gilchrist Olympio, l’ex-opposant charismatique devenu l’ombre de lui-même, la place d’opposant N°1 au pouvoir de Lomé. A-t-il la même aura que le fils du premier président togolais? Peut-être pas!

Mais une chose est certaine: Fabre est un opposant radical, et c’est ce que le peuple aime, car c’est comme cela qu’on l’a éduqué. A partir de cet instant, le monsieur est toujours dans les bonnes grâces de ce peuple. Pour le démontrer, il lui a donné ses voix aux dernières législatives, au grand dam de Yawovi Agboyibo, Agbéyomé Kodjo, entre autres. C’est comme cela la politique togolaise caractérisée par une bipolarisation. Soit tu es avec le pouvoir, soit tu es contre le pouvoir; aucun autre discours tendant à jouer aux modérés n’est accepté. En cela, JPF est champion. Quoi de plus normal qu’une bonne partie du peuple continue de le croire et de le soutenir?

Aimé Gogué, le politicien mal compris

Ancien ministre du gouvernement de transition dirigé par Me Joseph Kokou Koffigoh, ce professeur d’économie est aussi un brillant homme politique. Ses propositions sont souvent réalistes et concrètes. De nature calme, Aimé Gogué a longtemps a été du côté de l’Alliance Nationale pour le Changement, ANC. Avec le parti de Jean Pierre Fabre, Gogué et son ADDI (Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral) ont formé une alliance parlementaire avant de récemment claquer la porte pour incompatibilité de stratégies. Natif du nord du pays, Aimé Gogué est un homme écouté par ses frères géo-ethniques. Ce qui assure à l’opposition une base électorale solide dans cette partie du Togo. Seulement, l’ancien ministre de l’économie semble ne pas faire le poids dans un contexte politique où même les analyses les plus rationnelles n’ont pas de réelle influence sur le peuple et surtout où argent ou populisme font la loi.

Mohamed Tchassona, l’aventurier

D’abord membre de la coalition Arc-en-ciel, le MCD de Mohamed Traoré Tchassona a décidé en septembre 2014 de faire cavalier seul. Le 24 janvier, ce notaire a été investi candidat au scrutin du 15 avril par son parti. « J’accepte d’être votre candidat à cette présidentielle pour proposer un nouveau programme de société pour l’avancement et l’émergence du Togo.


Pour faire du Togo un pays où les droits de l’homme et la justice seront des priorités pour les gouvernants. Pour lutter contre les inégalités, les injustices, l’intolérance, les violences politiques et l’arbitraire », a déclaré Me Mouhamed Tchassona Traoré en guise d’engagement politique relatif à une nouvelle façon de gérer les affaires du pays. Un beau discours oui, mais quel est le poids réel du MCD? Rejeton du Parti Démocratique pour le Renouveau, PDR, le MCD a été proprement battu dans son fief supposé de Tchaoudjo par l’ANC et le Parti Démocratique Panafricain de Bassabi Kagbara.

Gerry Taama, l’apprenti politicien

Officier de l’armée, Gerry Taama est connu pour sa capacité d’analyse. « Quel est ce jeune officier qui maîtrise tant les données politiques », se demandait-on au moment où Taama faisait ses premiers pas en politique. Le jeune politique veut marquer son territoire. Très vite, il veut entrer dans la cour des grands. Il rejoint le CAR du vieux renard Agboyibo pour créer la coalition Arc-en-ciel avant de se rendre compte qu’au fond du panier, il y avait des crabes. Un premier départ suivi d’un retour, puis le départ définitif pour regagner l’autre rive: le CAP 2015. Mais là aussi, le jeune politicien n’est pas en situation confortable. Après moult tractations pour désigner un candidat unique, Gerry Taama a dû retourner les talons pour se déclarer candidat lui aussi. Candidats aux législatifs de 2013, Taama et son NET (Nouvel Engagement Togolais) se sont aperçus qu’ils ne font le poids que sur le net. A fortiori une élection présidentielle?

Cinq candidats vont se mesurer à la prochaine élection présidentielle, mais en réalité il n’y en a que deux: Faure Gnassingbé avec un parti qui a les moyens, et Jean Pierre Fabre et son l’ANC, qui drainent l’essentiel de l’électorat de l’opposition.


Ambroise DAGNON -

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