Togo - « Finalement pourquoi on y va ? », voilà le billet publié par le président du Nouvel engagement togolais (NET), candidat à la prochaine élection présidentielle au Togo. Gerry Taama donne ici les raisons qui motivent sa participation à cette élection, malgré les appels au boycott d’une partie de l’opposition. Lecture !
Finalement, pourquoi on y va?
Depuis une semaine, c'est la question qui revient, lancinante. Pourquoi vous y allez, du moment où vous savez que vous n'allez pas gagner? Je vais répondre, avec la franchise habituelle.
La première raison est qu'un parti politique a vocation à prendre part aux élections. C'est son essence même. Ne pas y aller, c'est comme demander à un élève de ne pas aller à l'examen sous le prétexte qu'il a 5 de moyenne et que seul le premier du centre aura la bourse. Dans tous les pays qui ont un système multipartite, tous les partis politiques sont conviés aux élections périodiquement, et leur participation n'est pas liée à la certitude de victoire. Vous prenez les écologistes en France, ils savent qu'ils ne vont pas gagner l'élection présidentielle parce que au moins en France, les sondages sont là, mais il y vont quand même. Une élection présidentielle est une belle occasion de croissance d'un parti.
La seconde raison est qu'il n'y a pas d'autres alternatives. Le 31 octobre 2014, nous avons fait le choix de soutenir Monsieur Jean Pierre Fabre au sein de CAP2015. Nous en avons été exclus, comme d'autres partis après nous. Suite à cette expérience, et après avoir deux ans durant tenté de travailler avec d'autres leaders de l'opposition dans des regroupements divers, le parti a décidé le 20 décembre 2014 de tracer dorénavant sa voie. Nous avons au cours de ce même congrès décidé de verser notre candidature dans toute initiative crédible, inclusive et concerté de l'opposition qui désignerait un candidat unique. Il n’y en a pas eu.
Et nous sommes opposés au boycott. Il n'y a pas dans notre pays un seuil de taux de participation qui invalide une élection. Si le 15 avril 2015, 2% des électeurs désignent un candidat, il viendra gouverner les 98% qui ont décidé de rester à la maison le jour du vote. Non, le boycott n'est pas une solution. Il faut aller voter, et malgré la multiplicité des candidatures, exprimer le raz le bol des populations en désignant l'un des candidats de l'opposition. Ne pouvant plus soutenir M Fabre, ayant décidé de tracer notre propre chemin, la seule façon de participer à ce processus restait notre participation. Et je l'assume.
La troisième raison est que la situation est plutôt avantageuse. Oui, il est évident que le financement public est incitatif à la candidature. Ça aussi je l'assume, même si réunir 20 millions en deux jours a été l'une des plus rudes épreuves de notre jeune parti. Une élection présidentielle est une occasion inespérée pour aller à la rencontre de l'électorat et diffuser ses opinions. Et nous ne pouvions pas rater cette occasion pour enfin impacter le débat politique avec des questions de fond, (Education, santé, développement, emploi, environnement, économie....) ce qui manque à nos échanges dans ce pays.
Nous allons dans une semaine présenter notre projet de société, et les quinze points sur lesquels va reposer ma campagne. Voila donc pourquoi nous y allons. Un parti politique gagne chaque élection où il augmente son électorat. Et nous allons gagner cette première bataille. La seconde bataille, celle qui concerne la victoire au soir du 15 avril, reste du domaine du possible parce que 60% de la population togolaise qui vit en-dessous du seuil de pauvreté ne peut pas voter pour le système qui en est responsable depuis 50 ans. Il est évident que dans ce combat, le gouffre sidéral qu'il y a entre nos ressources et celles de nos voisins en face est la clé, dans un pays marqué justement une grande précarité. Mais Dieu est au contrôle. Dieu est au contrôle.